Anne Sarrasin
Anne, naît le 05/02/1848 au village de Dayalot à Billy, fille de Jean et de Louise Terret.
Jean Sarrazin s'est marié tardivement, à 38 ans. Il a fait un long service militaire. Il sait lire et signer, comme ses frères, et leur père...Il travaille comme vigneron à Dayalot de Billy.
décès de sa mère
Louise Terret meurt une heure après la naissance de sa fille...
Au moment du décès de Louise Jean ne fait pas les démarches habituelles, en particulier l'inventaire. Jean ne se remarie pas. Il garde intacts les vêtements et les objets ayant appartenu à sa femme, et vit avec la domestique qu'il avait embauchée en 1847, Marie Bernard et avec sa fille qui vient de naître...
décès de son père
Jean décède lui-même le 09/12/1851 à Dayalot, et ce sont ses frères Martial et Gilbert qui déclarent le décès. Anne n'a pas encore atteint ses 4 ans...
Le conseil de famille est réuni le 10/12/1851 devant le juge de paix de Varennes, pour régler la situation de l'orpheline. Les plus proches parents de la branche paternelle sont les 2 frères de Jean et autre Gilbert Sarrazin, fils de Martial et cousin d'Anne. Pour le côté maternel sont convoqués les 3 oncles d'Anne, Annet, Gilbert et Jean Terret vignerons, les 2 premiers à Creuzier le neuf le troisième au village Merle à Saint Germain des Fossés.
Il ne reste à Anne aucun ascendant mâle, le conseil doit donc délibérer pour choisir un tuteur et un subrogé tuteur. C'est Martial, son oncle qui est élu à l'unanimité tuteur et Annet Terret .le subrogé tuteur.
Rien n'est précisé sur la minute du juge de paix concernant la demeure de l'orpheline, mais elle est prise en charge par Martial, son oncle et tuteur, qui l'élève, moyennant 50 francs par an pour son entretien jusqu'à ses 12 ans révolus.
l'inventaire
Martial fait procéder, en présence d'Annet Terret à l'inventaire des biens du décédé, inventaire d'autant plus nécessaire qu'il n'en avait pas été fait au décès de Louise Terret. Marie Bernard, domestique chez Jean depuis 4 ans, donc depuis son mariage, présente, a promis de tout montrer sans rien cacher ou détourner. En présence du notaire Maître Morand les biens sont donc évalués:
La maison de Jean est petite mais meublée avec le nécessaire. La pièce à vivre, avec le foyer contient tous les meubles utiles. Une armoire contient les vêtements, variés et nombreux.
Le linge de maison est assez réduit: seulement 4 nappes, 6 draps de lit, encore à la lessive. Au moment de sa mort Louise était occupée à constituer le linge de ménage : 5 serviettes étaient à la pièce et 3 étaient finies...
La vaisselle et les instruments de cuisine sont bien fournis, ainsi que les outils. Ne manquent pas non plus des objets personnels, comme un rasoir avec son étui, deux petites glaces, un bénitier, des ciseaux, un fusil, une montre en argent, et 4 livres etc....
Jean ayant été vigneron, ses outils de travail se trouvent dans la cave.
Les réserves alimentaires sont placées au grenier. Jean laisse aussi une vache à l'étable qui lui appartenait selon les clauses du bail et 8 poules et un coq dans la cour.
L'estimation des meubles et effets mobiliers s'élève à 799,40 francs.
Marie Bernard domestique présente le compte de ses gages à raison de 60 francs par an, ce qui fait pour 2 ans et demi 150 francs sur laquelle somme elle a reçu 15 francs, il lui est donc resté 135 francs.
Jean laisse également d'autres dettes passives: il doit encore à Arlaing, serrurier à Saint-Germain 100 francs, et au 25 décembre prochain il devra aussi une année de ferme à André Grand montant à 130 francs. Il peut y avoir aussi quelques petits comptes à faire qui sont ajournés faute de renseignement.
La gestion de la succession
Martial cède le 22/12/1851 en qualité de tuteur de sa nièce orpheline le bail de ferme consenti par Antoine Lafleur à Jean Sarrazin le 03/09/1844, pour les 2 ans qui restent à courir. Il fait ensuite procéder à la vente des biens de son frère décédé, devant Maître Morand pour rassembler le plus d' argent liquide possible. La vente publique a lieu au village de Dalayeau, deux dimanches de suite, le 28 /12/1851 et le 04/01/1852.
Le total de la première vente s'élève à 466,25 francs, celui de la seconde à 307,70 francs soit 773,95 francs. La vente à l'encan a donc rapporté à peu près l'estimation des biens (799,40 francs). Tout a été vendu, il ne reste rien des biens de Jean, sauf ce que Martial a réservé pour la mineure : un lit en plume et les draps, c'est à dire très peu de choses…..
Toujours devant Maître Morand Martial le 11/01/1852 résilie au nom de sa nièce le bail de ferme d'une propriété à Billy consenti par André Grand le 15/08/1845 devant le même notaire.
Le 08/02/1852 Martial fait procéder par le notaire à la ferme par adjudication d'environ 32 ares de vigne appartenant à la mineure indivise avec ses oncles paternels située en la commune de Seuillet au lieu du Puy du rat. C'est Gilbert Sarrazin le fils de Martial qui l'emporte pour 35 francs par an. Cette somme constituera un revenu pour Anne. Le bail et consenti pour 9 ans à partir du 11/11 dernier pour finir pareil jour. Il jouira de la vigne en bon père de famille, il paiera toutes les contributions foncières, et chaque année au 11 novembre la somme de 35 francs.
Martial remet le 09/02/1852 à Marie Bernard, l'ancienne domestique, devant maître Morand, en espèces métalliques ayant cours la somme de 135 francs qui lui étaient dus pour gages.
Le 15/02/1852 Martial remet toujours devant le notaire 131 francs à André Grand pour une année de ferme, due suivant un bail de ferme du 15/08/1845 échu cette année et faisant le dernier paiement attendu la résiliation du dit bail.
Ce même jour devant le notaire Martial peut remettre au notaire le compte de sa gestion et administration des biens de sa nièce mineure : La recette se compose uniquement des produits de la vente mobilière montant à 773,95 francs. La dépense se compose :
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payé à Annet Terret, subrogé tuteur pour avoir retiré l'expédition du contrat de mariage de Jean Sarrazin
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payé au notaire pour l'inventaire du 12/12/1851 38,80 francs et pour la vente mobilière du 28/12/1851 et 04/01/1852 71,16 francs
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payé à la domestique au moment du décès pour gages compte arrêté suivant quittance notariée du 9 courant 135 francs
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au serrurier à Saint-Germain la somme de 101,50 francs qui lui étaient dus conformément à l'inventaire du 12 décembre dernier
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payé à André Grand pour une année de ferme suivant quittance notariée du 15 courant 131 francs
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payé à M. Lacombe médecin pour médicaments et soins donnés au défunt 10 francs, ce qui montre que Jean a été soigné....
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payé aux héritiers Joseph Michel du Breuil pour ferme de chanvre suivant quittance notariée du 15/02/1852 50 francs
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payé pour menues dépenses de bouche lors de l'inventaire ou de la vente mobilière 4 francs
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payé à Martin garde qui a apposé les affiches pour la vente mobilière et la ferme de la propriété 2 francs
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payé au notaire pour le coût de la résiliation du bail de ferme entre André Grand et le tuteur 7 francs
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payé au même pour le coût des 3 quittances notariées des 9 et 15 courant 6 francs
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de plus payé au notaire à valoir sur le coût du présent acte 10 francs
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Enfin le tuteur s'est retenu et a mis de coté pour acquitter les droits de succession sauf à régulariser ce compte après le paiement 22 francs.
Le total des dépense s'élève donc à 595,46 francs.
Il reste entre les mains du tuteur la somme de 178,49 francs dont il demeure chargé envers la mineure, ainsi qu'un lit en plume pesant 10 kg et 4 draps de lit pour être rendu à la mineure à sa majorité ou à son émancipation.
son enfance
Anne vit donc chez son oncle et tuteur.
En 1856 Martial 55 ans est cultivateur au domaine du Château-Gaillard, avec sa femme Anne Barthelas et la fille benjamine Gilberte 19 ans. Ils ont aussi auprès d'eux Gilbert Deverne leur gendre et Catherine avec 2 enfants nés à Billy, plus jeunes qu'Anne.
En 1861 Anne Sarrasin 13 ans, ayant dépassé les 12 ans gagne son entretien comme domestique chez Gilbert Deverne alors fermier au Château-Gaillard avec sa femme Catherine Sarrasin et les 4 enfants. Martial qui a mis fin à l'association avec son gendre est cultivateur à Dayalau.
En 1866 Anne, l'orpheline n'est plus avec eux, elle est placée auprès d'une autre famille.
son mariage
Anne atteint sa majorité le 05/02/1869 et travaille comme domestique à Billy (à Nardière). Elle se marie le 08/02/1869 à Billy avec Jean Bonjean âgé de 25 ans (né le 24/03/1843 à Billy), fils de Gilbert et de Elisabeth Brun. Jean est cultivateur avec ses parents locataires à Nardière (Billy); Il revient du service militaire où il est parti le 24/08/1864 comme appelé pour le 2ème régiment de carabiniers.
Martial assiste en qualité d'oncle paternel et tuteur, au mariage. Il est présent et consentant. Seul le marié signe l'acte. Un contrat de mariage est établi devant le notaire habituel le 07/02/1869, soit la veille du mariage. Les futurs époux adoptent le régime de la communauté réduite aux acquêts. Les futurs se font donation mutuelle de l'usufruit et jouissance de tous les biens meubles et immeubles que le premier mourant laissera le jour de son décès.
Le futur se constitue de son chef un bois de lit en merisier 50 francs. La future se constitue de son chef comme provenant de la succession de ses père et mère les droits mobiliers et immobiliers qui lui appartiennent, constatés par un acte liquidatif dressé par Maître Morand notaire à Billy le 15/02/1852. Le compte de tutelle fixera prochainement les valeurs mobilières dont le futur sera chargé.
Après la célébration du mariage les futurs habiteront avec les père et mère Bonjean. Il y aura une société de culture qui comprendra les chars charrettes, instruments aratoires, bénéfices des bestiaux, récoltes. Cette société sera divisée par moitié entre les futurs et les parents Bonjean. Ne feront pas partie de la société les meubles et effets mobiliers personnels à chacun des associés ni les acquisitions immobilières. Aux dépens de la société seront nourris et logés les enfants nés et à naître des associés. La société est illimitée et durera autant qu'il conviendra aux parties d'en user.
Le nouveau couple s'installe donc à Nardière, auprès des parents de Jean, et ils y restent pendant de longues années, avec le renouvellement du bail.
Comptes de tutelle
Martial doit rendre à Anne le compte de tutelle. C'est ce qui est fait devant Maître Grand le 13/02/1869. Il rappelle ce qu'il a fait au moment du décès de son frère Jean pour liquider la succession:
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Après la vente des biens et le paiement des dettes Martial a eu entre les mains le 15/02/1852 la somme de 178,49 francs dont il est resté chargé envers Anne.
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Il est resté également dépositaire pour remettre en nature à sa nièce d'un lit de plume pesant 10 kg et 4 draps de lit.
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L'intérêt de la somme de 178,49 francs pendant 17 ans : 151,30 francs
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le revenu de 2 parcelles de vignes sises à Seuillet appartenant à Anne pendant 9 ans du 11/11/1851 au 11/11/1860 à 35 francs par an suivant le bail passé le 08/02/1852 : 315 francs
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le revenu des mêmes immeubles à titre de bail verbal depuis le 11/11/1860 jusqu'au 11/11 dernier, 8 ans, dont 7 à 40 francs et une à 35, ensemble 315 francs
le total des recettes 959,79 francs
Il a été payé par le tuteur :
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depuis 1852 jusqu'au 1861 c'est à dire depuis la troisième jusqu'à la douzième année d'âge époque où elle s'est placée, la somme de 50 francs par an pour nourriture et entretien : 450 francs
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pour les impôts de la petite propriété 17,85 francs
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pour fournitures à l'occasion de son mariage 127 francs
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pour fournitures 69 francs
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pour draps ou chemises achetées pour Anne 140 francs
Total des dépenses 797,87 francs
Martial se trouve débiteur envers Anne de 161,94 francs. Quant au lit en plume de 10 kg que le tuteur avait conservé en nature, il en a fait la remise en nature à Anne. Les 4 draps ont été employés à son entretien.
Anne apporte à son mariage 161,94 francs, c'est tout ce qui reste de la succession de ses parents...
Jean Bonjean en qualité de mari et maître des droits mobiliers d'Anne reconnaît que Martial lui a remis toutes les pièces et documents ayant servi à établir le compte, il se réserve de l'examiner dans le délai de la loi sauf à approuver ou contester suivant qu'il y aura lieu. Jean signe, mais Martial déclare ne plus pouvoir le faire à cause de sa vue.
Jean n'a besoin que de 2 semaines pour examiner le compte de tutelle. Le 28/02/1869 Il l'approuve devant le notaire et reconnaît avoir reçu de Martial la somme de 161,94 francs ainsi que le lit de plume. Il déclare se désister purement et simplement de tous droits d'hypothèque légale sur les biens de Martial , notamment de l'inscription faite au profit de son épouse contre Martial au bureau des hypothèques de Cusset le 15/03/1862.
Association familiale
Leur premier enfant, Gilbert, naît le 19/12/1869 à Nardière.
En 1872 Anne et Jean Bonjean demeurent à Nardière avec leur fils Gilbert, âgé de 2 ans auprès des parents de Jean, Gilbert et Elisabeth Brun âgés de 70 ans. A la mort d'Elisabeth le 15/04/1876 Gilbert reste auprès de son fils et de sa bru et de son petit-fils.
Selon les baux ils sont soit fermiers soit métayers, à Nardiere.
Le 13/01/1889 devant Maître Grand François Regnier propriétaire leur accorde un bail à ½ fruits pur une locaterie à Nardière ayant bâtiments d'habitation et d'exploitation et une étendue de 6 hectares de terre et vigne en dépendant que le preneur connaît bien.
Les semences seront fournies par moitié et les récoltes partagées de même.
Le preneur ne semant pas en entrant sèmera en sortant à moitié avec le propriétaire environ 2 hectares en blé froment sur laquelle récolte il aura droit à la moitié l'année suivante sans voir à payer d'impôt pur cela.
Il recevra du bailleur à son entrée un cheptel de bestiaux d'une valeur de 370 francs, 1000 kg de foin artificiel que le preneur devra laisser à sa sortie. Il laissera également tous les prés artificiels d'un an et de 2 ans qui s'y trouveront.
Le preneur délivrera chaque année au bailleur 50 oeufs, 5kg de beurre, 3 journées pour battre à la machine, une femme pour laver la lessive du bailleur lorsqu'il y aura lieu, un fromage et un litre de lait par semaine quand les vaches en auront. Quant à la volaille elle sera à moitié.
En outre pour le loyer ou les impôts le preneur s'oblige de payer au bailleur le 11/11/1890 au moment du règlement des comptes de l'année une somme de 150 francs.
Gilbert Bonjean, le père de Jean, décède le 18 novembre 1889 à 87 ans à Nardière.
Service militaire du fils unique
Gilbert passe le tirage au sort de la classe 1889 dans le canton de Varennes et est incorporé à compter du 13 novembre 1890 au 14eme régiment de dragons. Son instruction générale est notée 1, 2, 3. Il a donc été scolarisé.
En 1891 Gilbert est donc absent de Billy ; Jean et Anne demeurent seuls à Nardière, mais en 1896 leur fils Gilbert, de retour du service militaire et passé dans la réserve de l'armée active le 24 septembre 1893, vit avec eux, il est garde-champêtre à Billy.
mariage du fils
Gilbert se marie à Billy le 28/04/1896 avec Françoise Peronnet. Il est âgé de 26 ans, Françoise n'a que 16 ans. Elle demeure chez ses parents, cultivateurs à Fonterose. Gilbert est déclaré demeurant avec ses parents à Saint Esprit de Billy.
Leur contrat de mariage est établi chez Maître Bergere, notaire à Billy le 26/04/1896
propriétaires au Petit Perron
En 1901 Jean Bonjean et Anne Sarrazin alors âgés de 53 et 58 ans sont recensés comme propriétaires au Petit Perron. Ils ont donc quitté Nardière et vivent au Petit Perron comme cultivateurs propriétaires en 1906 et en 1911.
Gilbert n'est plus avec eux. En 1901 et en 1906 il vit avec sa femme au bourg de Billy où il est garde-champêtre, sa femme travaille comme couturière. Comme garde-champêtre il est souvent appelé comme témoin lors de l'établissement des actes d'état civil….En 1911 ils n'ont toujours pas d'enfant, leur fille naît en 1912.
Gilbert est mobilisé lors de la guerre de 1914. Mais jusqu'en novembre 1915 il reste garde-champêtre à Billy. Il participe aux campagnes contre l'Allemagne du 6 décembre 1915 au 10 janvier 1917. Il est détaché le 27 février 1917 comme propriétaire exploitant à Billy. Il passe au 36eme régiment d'artillerie le 10 novembre 1917 et est libéré le 20 novembre 1918
veuvage et dernières années d'Anne
En 1921 Anne Sarrasin vit seule au bourg de Billy. Jean Bonjean est donc décédé avant 1921...
En 1926 Anne vit au bourg et dans la même maison que son fils Gilbert, garde-champêtre à Billy, avec sa femme et sa fille Madeleine née en 1912. Anne décède entre 1926 et 1931