Jean Giraud et Gilberte Gournillat
Jean Giraud (1837-1904) et Gilberte Gournillat (1839-1911)
Ils ont eu 9 enfants, nés sur une période de 26 ans, et qu'ils ont élevés. Seul l'aîné, né avant le mariage n'a pas été scolarisé...
leur mariage
Gilberte Gournillat, fille ainée de Jean et de Anne/George Rigaudiat, cultivateurs à Saint-Pont est née le 14/06/1839 dans la commune. Sa sœur Michelle nait en 1840.
Jean Giraud est né à Gannat le 11/08/1837 fils de Jean et de Marie Meunier, cultivateurs à Gannat.
Jean et Gilberte se marient à Saint-Pont le 28/04/1862. Jean, domestique à Saint Pont, est alors âgé de 25 ans. Le contrat de mariage est établi chez maître ??? à Gannat le 30/03/1862.
En se mariant Jean et Gilberte régularisent la situation puisque le couple reconnaît comme leur enfant le petit Ennemond né le 12/03/1858 comme enfant naturel chez son grand-père maternel, qui a fait la déclaration.
La situation semblerait normale, sauf que les 2 dimanches 16 et 23 février 1862 à Paray sous Briailles a été annoncée et publiée la promesse de mariage entre Louis Boutonnet, 28 ans, cultivateur domestique dans la commune et Gilberte Gournillat demeurant à Saint-Pont. Mais ce mariage là n'a pas été célébré !
Etait ce une manœuvre de la part de Gilberte pour inciter Jean à épouser ???
Que s'est-il passé entre eux???
En fait, au moment de la naissance d'Ennemond, Jean n'avait pas encore 21 ans. Il était donc mineur pour le mariage et aurait nécessité l'autorisation de ses parents. Il n'était pas encore passé devant le conseil de révision. Ses parents étaient sans doute opposés au mariage, ou même n'étaient pas au courant de la naissance d'Ennemond…
En plus de la promesse de mariage avec Louis Boutonnet, Gilberte a mis en place une autre argument en faveur du mariage avec Jean.
Depuis la mort de sa mère puis de son grand-père maternel Jean Rigaudiat décédé le 31/01/1848, postérieurement à leur mère, Gilberte et sa sœur cadette Michelle avaient reçu leur succession, qui était restée en indivis.Avant leurs mariages les 2 sœurs décident de mettre fin à leur indivision : le 21/04/1862 devant Maître Givois et en présence de leur père, elles partagent leurs biens. Toutes les 2 sont majeures et célibataires, Gilberte est déclarée sans profession et demeurant à Saint-Pont, Michelle, elle, est domestique en la ville de Cusset.
Les biens à partager sont situés à Saint Pont. Il a été formé 2 lots égaux comprenant chacun :
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une maison d'habitation située au lieu du Marquets, couverte à tuiles creuses composée d'une seule pièce avec grenier au-dessus cour devant, puits commun, jardin
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une portion de terres de 5 ares à prendre à la suite
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la moitié de la terre de 5 ares
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la moitié également à prendre de la terre de 16 ares
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la moitié à prendre dans la pièce de terre de 40 ares
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la moitié à prendre dans la pièce de vigne de 12 ares
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la moitié à prendre dans la pièce de vigne de 16 ares
soit pour chacune une maison, 35 ares de terres et 14 ares de vigne ; les 2 sœurs ont tiré au sort. Elles entrent en jouissance de leur lot immédiatement sauf à respecter les droits du colon qui cultive les immeubles. Leur père, s'engage à leur payer à chacune, pour tenir compte des droits mobiliers qui leur reviennent dans la succession de leur mère la somme de 150 francs, dans un an, sans intérêts jusqu'à cette époque seulement.
Gilberte dispose donc d'une maison et même d'un peu de terre….Jean Baptiste peut donc prendre ses responsabilités, et d'ailleurs il connaît son fils car au recensement de 1861 Jean Baptiste Giraud était domestique chez Louis Bobelin propriétaire fermier et sa femme Virginie Dauge, qui occupent à Saint-Pont la maison numérotée 75 ; or dans la maison 83, donc à proximité, vivent Jean Gournillat, sa deuxième femme, leur fille et surtout Ennemond, le petite fils… Jean Giraud a donc eu l'occasion de voir grandir son fils non reconnu…
Michelle, se marie le 17/08/1862. avec Gilbert Rigaudiat, sans doute un cousin, et Jean Giraud est un des témoins… Ils habitent eux aussi dans la maison héritée par Michelle…
La naissance des enfants
Les 2 sœurs ont un enfant la même année Jean Baptiste Rigaudiat nait le 30/05/1863 et Marie Giraud le 28/01/1863, soit juste 9 mois après le mariage.
A ce moment là Jean Giraud est cultivateur journalier. Ils demeurent aux Marquets de Saint Pont, dans la maison dont Gilberte a hérité. Les terres dont ils disposent ne suffisent pas alors il travaille aussi comme journalier, en indépendant, ils ne se sont pas mis en association avec le père de Gilberte ou avec le couple de la sœur Michelle… Ennemond vit avec eux.
Jean et Gilberte vont avoir 9 enfants ; après Ennemond et Marie arrivent, tous au Clos Biron :
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Jean 09/12/1865
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Marie Marguerite Françoise 31/08/1868
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Jean Gilbert 21/11/1871
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Amable Julien 24/12/1873
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Jean Baptiste 10/03/1876
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Marie Louise 21/05/1881
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Jeanne Gilberte 27/01/1884
Ainsi 26 ans séparent la naissance du premier et du dernier enfant, et Gilberte accouche à 19 ans la première fois et à 45 ans pour la dernière naissance… En général 3 ans séparent chaque naissance.
Les 9 enfants ne vivent pas tous ensemble, ils partent travailler à l'extérieur vers l'âge de 13 ans. Avant ils sont scolarisés, sauf Ennemond, l'aîné. Donc en général seuls 3 ou 4 enfants vivent en même temps, avec leurs parents, mais en 1881 ils sont 5… Marie-Marguerite âgée de 14 ans n'est pas partie comme domestique. Marie Louise vient de naître, et Marie Marguerite est sans doute restée pour aider sa mère quelques temps…
En 1991 dans la famille Giraud ne restent que leurs 2 dernières filles Louise 9 ans et Jeanne 7 ans auprès d'eux.
Le service militaire des fils
Le temps du service militaire arrive également pour les garçons les uns après les autres :
L'aîné Ennemond, né en 1858, 1,63m et ne sachant ni lire ni écrire, est déclaré bon pour le service. Il est alors conducteur d'omnibus.Il part le 08/11/1879 au 15ème escadron du train des équipages. Il est réformé par congé, par la commission spéciale d'Avignon le 11/06/1880.
Jean, né en 1865, ne mesurant que 1,52m est versé dans les services auxiliaires pour défaut de taille. Mais lui est noté d'instruction 1,2,3. Il passe dans la réserve en novembre 1889 et réside en 1890 à Vichy.
Jean Gilbert né en 1871, mesure 1,69m , de degré d'instruction 3 est lui aussi versé dans les services auxiliaires pour chevauchements aux 2 pieds.
Amable Julien né en 1873, 1,55 m, degré d'instruction 3, est domestique au Tetout (Saint-Pont) chez Jean Lavadoux, cultivateur-fermier ; il est ajourné en 1894 et en 1895 mais jugé bon pour le service en 1896, il a dû grandir assez pour atteindre la taille réglementaire… Il est incorporé au 121ème régiment d'infanterie et part le 11/11/1896. Il est envoyé en disponibilité le 20/09/1897, avec un certificat de bonne conduite. Et passe dans la réserve le 01/11/1897.
Jean Baptiste, né en 1876 domestique, 1,60m, sachant lire et écrire, est jugé bon pour le service ; il part le 11/11/1897 au 16ème régiment d'artillerie comme 2ème canonnier conducteur. Il est envoyé en disponibilité le 22/09/1900, avec un certificat de bonne conduite.
le mariage des filles
Pour les filles arrivent l'âge du mariage. Elles se marient toutes à Saint Pont, même lorsqu'elles travaillent dans une autre commune...
Marie
Ni le mariage ni le décès ni aucun signe de vie n'a été trouvé pour l'instant ….
Marie Marguerite Françoise, travaillant comme femme de chambre à Randan (Puy de Dôme), se marie à 26 ans le 25/04/1895 avec Jean Antoine Moriaud âgé de 32 ans, né le 07/07/1862 à Saint Didier en Rollat, Il est « cultivateur à Saint-Pont » et demeurant avec sa mère Marie Gougat « veuve de Jean Moriaud ». Pourtant ils ne sont pas recensés à Saint-Pont en 1891 et Marie Gougat n'apparait pas non plus en 1896. Jean Moriot, le père, est décédé à Bussey les Gy (Haute Saone) le 10/01/1890...
Leur contrat de mariage a été établi chez maître Croizier à Escurolles, le 21/04/1895. Aucun des frères de Marie Marguerite n'est témoin...
Le futur apporte en mariage en dot provenant de ses gains et économies divers meubles et objets mobiliers d'une valeur de 200 francs. La future apporte également en dot provenant de ses gains et économies un trousseau composé de linges et de divers meubles meublants, le tout estimé à 500 francs, et une somme de 1000 francs en créance ou numéraire.
Le survivant des époux aura et prélèvera à titre de préciput avant tout partage des biens de la communauté ses habits, linges et autres objets à son usage personnel. Les futurs se font une donation mutuelle au profit du survivant de l'usufruit de tous les biens meubles et immeubles du pré-mourant, à charge de faire faire un inventaire. En cas d'enfants la donation sera réduite à moitié et sera nulle en cas de remariage du survivant ;
Jean Antoine Moriot comme Marie Giraud ont signé avec le notaire et les témoins instrumentaires.
Les témoins au mariage sont tous de Saint Pont :
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Antoine Roux 68 ans garde champêtre oncle et Jean Roux 45 ans cultivateur cousin
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Antoine Boussange 58 ans maçon l'oncle et Jean Baptiste Rigaudiat 31 ans cultivateur cousin
Les parents des époux n'ont pas su signer.
Marie Louise se marie à 19 ans avec Jean Delaume le 28/10/1900 âgé de 24 ans, cultivateur à Saint-Pont auprès de ses parents. En fait en 1896 Jean et Louise sont domestiques agricoles chez Barthelemy Beaugheon et sa femme Anne Mansier, propriétaires exploitants à Saint-Pont/la Chaume Benite. C'est donc là qu'ils se sont connus. Les parents de Jean, François et Marie Boutonnet sont bien « propriétaires exploitants » au bourg de Saint Pont, mais seuls, sans domestiques… ;
Jean doit accomplir son service militaire, il ne sait ni lire ni écrire. Il part le 14/11/1897 dans l'infanterie et est envoyé en disponibilité le 26/09/1900.
Jean et Marie Louise peuvent donc se marier, le 23/10/1900 à Saint-Pont. Aucun des frères de Marie Louise n'est témoin, mais son beau-frère Antoine Moriaud. Jean Delaume et Marie Louise signent
Ils n'ont pas fait de contrat de mariage.
Jeanne Gilberte à 17 ans, domestique à Boucé se marie avec Etienne Coutelard le 18/03/1901
Lui a 26 ans né le 22/07/1874 à Treteau et « demeure avec ses parents » cultivateurs à Boucé, qui ont donné leur consentement par un acte reçu par Maître Conchon, notaire à Varennes le 16/03/1901. En fait depuis le recensement de 1896 Etienne ne vit plus chez ses parents.
Aurait-il fait son service militaire ? Pourtant il ne figure pas sur les tables pour la classe 1894...
Il n'y a pas de contrat de mariage. Les témoins sont :
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Jean Giraud 27 ans cultivateur à Rongères cousin de l'époux
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Joseph Rivière 27 ans cultivateur à Boucé cousin
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Antoine Moriaud 38 ans beau-frère de l'épouse
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Jean Giraud 25 ans employé à Clermont Ferrand frère de l'épouse
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Seuls les parents de l'épouse n'ont pas signé.
La vie adulte des enfants
En 1901 tous les enfants Giraud ont quitté le domicile des parents. Jean et Gilberte demeurent toujours au bourg, rue du Ruton, comme propriétaires exploitants.
Après leurs mariages les filles Giraud suivent leurs époux et ont une vie différente :
Marie mariée à Antoine Moriaud (en 1895). En 1896 Antoine Moriaud, ouvrier agricole travaille comme ouvrier agricole chez ses beaux-parents. Leurs deux premières filles naissent en 1896 et en 1901.
En 1901 Antoine n'est plus cultivateur, il est ouvrier maçon chez Antoine Boussange, qui est l'oncle de Marie (Antoine a épousé la demi-sœur de Gilberte et de Michelle Gournillat). La troisième fille nait en 1903. En 1906 Antoine travaille pour son compte comme bouilleur ambulant, la famille demeure à Saint-Pont au Cognet.
Marie Louise mariée à Jean Delaume (en 1900) suit son mari en 1901 au Cannet à Nice, en 1905 à Toulon villa Saint Joseph , en 1909 à Saint Pont au bourg, en 1912 à Neuvy sous Barangeon. Ils sont vraisemblablement employés comme domestiques ;
Jeanne Gilberte et Etienne Coutelard (en 1901) sont cultivateurs métayers à Saint Pont rue de Ruton, près des parents de Jeanne Gilberte. Jean Giraud est recensé comme propriétaire exploitant et Gilberte Gournillat est coquetière, patronne…
Après leur service militaire les fils empruntent des voies professionnelles variées et pas nécessairement à Saint Pont, ou dans l'Allier...
Ennemond, l'aîné, semble être décédé car la page qui lui est consacrée dans le registre matricule est barrée. Mais au moment du service militaire il était alors conducteur d'omnibus...
Jean est le plus voyageur : en 1890 il est à Vichy, en 1896 à Riom, boulevard du Collège, en 1903 à Geneve, 11 rue Mont Blanc, en 1906 à Clermont Ferrand où il travaille comme employé de commerce chez Conchon Quinette, en 1911 à Marseille, 44 boulevard de la liberté …
Jean Gilbert vit à Cormery (Indre et Loire) en 1896 puis à Chateauroux rue Dauphine en 1905. Il meurt à Guilly (Indre) le 13/04/1905.
Amable Julien est domestique ouvrier agricole chez Jean Lavadoux et Madeleine Bouchet fermiers au Tetout en 1896, se trouve sans emploi en 1906 alors il vit chez sa mère, mais en 1907 il demeure à Mussidan (Dordogne)
Jean Baptiste, le plus jeune, demeure à Clermont en 1901 puis à partir de 1907 à Toulon, 5 rue Chabanne (1907), rue Pasteur (1908) restaurant maritime, 14 rue Chevalier (1908)
Décès des parents
Jean Giraud, meurt le 25/04/1904. En 1906 Gilberte, veuve de Jean, vit à Saint-Pont rue du Ruton, avec ses 2 fils, Amable, ouvrier agricole sans emploi et Jean employé de commerce chez Conchon Quinette à Clermont Ferrand.
En 1911 Gilberte vit seule rue du Ruton. Sa sœur Michelle avec son mari sont ses voisins rue du Ruton, ainsi que la famille de leur fils Jean Baptiste.Gilberte décède le 10/11/1911 à son domicile. C'est son gendre, Jean Delaume, mari de Marie Louise, et cultivateur à Saint-Pont, qui déclare le décès.