Jean Gournillat

Jean Gournillat, dit Jean l'aîné, nait le 13/03/1813 au Mayet d'Ecole. Ses parents Marien et Gilberte Aymard, mariés en 1810, sont cultivateurs propriétaires car ils ont reçu la succession de leurs parents, étant orphelins tous les deux ; Ils possèdent une maison et des lopins de terre et de vigne au Mayet d'Ecole et dans les environs.

Jean est le premier enfant, avant Jean le cadet, Gilberte, Marien, Jean le jeune et Claude.

Le conseil de révision

Jean passe le conseil de révision de la classe 1833 le 17/09/1834 à Gannat. Il mesure 1,56m, et ne sait ni lire ni écrire. Par la suite il signera son nom maladroitement sur les actes d'état civil ou notariaux. Il tire le numéro 102 et est donc exempté, le dernier pris étant le numéro 81.

La mort du père

Marien, le père de famille, meurt 26/09/1838 au Mayet d'Ecole. Gilberte Aymard reste veuve, avec 6 enfants, les 2 aînés étant majeurs.... Le plus jeune n'a que 2 ans.

Un conseil de famille désigne le tuteur et le subrogé-tuteur des orphelins.

Jean, l'aîné, reste auprès de sa mère et de ses frères mineurs.

Le premier qui se marie est Jean /André le cadet, à Saint-Pont le 20/11/1838 avec George/Anne Rigaudiat. Il quitte le Mayet pour Saint-Pont. C'est ensuite le tour de Gilberte, qui épouse, à 22 ans, le 28/01/1840 au Mayet, Gilbert Charveron, et qui va vivre avec sa belle-famille à Ambon.

Son mariage

Jean l'ainé épouse Antoinette Boeuf à Jenzat le 09/11/1841, Gilberte, la mère de Jean, assiste au mariage. Jean est âgé de 28 ans, Antoinette de 25 ans, née le 05/07/1816 à Jenzat. Il est déclaré propriétaire cultivateur au Mayet. Elle demeure à Jenzat, sans profession et est orpheline.

 Seul Jean, le marié, signe l'acte de mariage.

Le contrat de mariage est établi chez Maître Julien notaire au Mayet le 01/11/1841, soit une semaine avant la célébration du mariage. Comme de coutume les époux choisissent le régime de communauté réduite aux acquêts.

Jean est l'aîné mais le troisième à se marier. Sa mère lui donne donc, pour le rendre égal aux deux autres enfants mariés, une somme de 60 francs, par préciput et hors part. Elle s'oblige à lui payer à sa volonté et quand il lui plaira.

La future, sous l'assistance de son oncle Pierre Boeuf propriétaire au Mayet d'Ecole, apporte au mariage une fourniture mobilière évaluée à la somme de 150 francs et composée de

  • un lit en plume d'oie, un traversin, une paillasse de lit

  • une couverture en laine, une courte-pointe en cotoline couleur bleu

  • des rideaux en cotoline couleur rouge

  • une armoire en bois de noyer à 2 portes fermant à clé

  • 8 draps de lit en toile de ménage

La future se constitue en outre tous les biens et droits qui peuvent lui appartenir dans les successions de ses père et mère donnant pouvoir au futur de les rechercher partout où ils seront situés. Le futur se constitue également tous les biens et droits qui lui sont échus par le décès de son père.

Communauté de travail

Le mariage fait les futurs viendront habiter dans la maison et en compagnie de Gilberte, la mère de Jean. Ils y seront nourris, logés, chauffés éclairés et entretenus ainsi que les enfants à naître, en santé comme en maladie. Les futurs devront y apporter leurs travaux et industrie. Ils profiteront du revenu de leurs biens et en feront leur bénéfice particulier et auront un gage de 10 francs par année, lequel cessera d'avoir lieu au second enfant qui naîtra.

Selon les clauses du contrat le jeune couple habite et travaille auprès de Gilberte...

Naissance du 1er enfant

Le premier enfant, Marie Sophie, naît au Mayet le 25/03/1843. Jean, qui déclare la naissance, signe l'acte, ainsi que Jacques Pinfor 29 ans, journalier. L'autre témoin, Jean Saugere, 58 ans, maître maçon, ne signe pas.

Bail ferme terre

Le 26/09/1843 Gilberte et son fils aîné Jean 1, habitant ensemble, acceptent un bail de ferme pour 6 ans de Antoine Mallet, à compter de ce jour, devant Maître Chabanon, notaire au Mayet d'Ecole. Les terres familiales semblent donc insuffisantes.....Il s'agit d'une surface de 93,71 ares de terre à prendre au lieu dit « les grands champs » au Mayet d'Ecole.

Les preneurs connaissent parfaitement le bien affermé.. Ils s'engagent à en jouir « en bon père de famille », en se conformant à l'usage des lieux pour la culture en assolement. Ils sont tenu à laisser lors de l'expiration du bail la terre affermée en retrouble de froment. Ils devront utiliser autant de fumier qu'il leur sera possible y compris la dernière année. Les contributions publiques demeureront à la charge du bailleur.

Les cas fortuits tel que grêle, gelée, sécheresse inondations seront supportés par les preneurs, sans pouvoir prétendre à aucune indemnité.

Le bail est fait moyennant la somme de 123 francs de fermage annuel, à payer en l'étude de Maître Chabanon. Les preneurs sont solidaires l'un pour l'autre, l'un d'eux seul pour le tout, pour payer au 1er mars de chaque année en commençant le 1er mars 1845.

Tous les fruits et produits de la terre affermée demeurent la garantie du paiement du fermage, et sont donc hypothéqués. En outre pour plus grande sûreté les preneurs affectent par hypothèque spéciale tous leurs biens immeubles situés au Mayet d'Ecole, consistant pour chacun d'eux en bâtiments , jardin, terre et vignes.

Naissance du 2ème enfant

Gilberte naît le 19/12/1844.

En 1846 Jean, âgé de 33 ans est « propriétaire » cultivateur au Mayet, avec Antoinette et les 2 filles. Ils habitent dans la même maison que Gilberte, la mère de Jean mais en formant un foyer séparé, puisqu'ils ont 2 enfants, les conditions de la cohabitation ont changé.

Naissance du 3ème enfant

Claude naît le 10/12 /1850

En 1851 Jean (1) et Antoinette Boeuf sont locataires au Mayet. Ils ont leurs 3 enfants: Sophie 8 ans, Gilberte 6 ans et Claude 4 mois. Jusqu'alors il était indiqué comme «  propriétaire « ….en effet, ils sont propriétaires mais ne possèdent pas suffisamment de terres, ils louent donc un supplément de terres.

 

donation partage de la mère veuve

En 1856 Gilberte décide de régler ses affaires avec ses enfants.

Le 31/01/1856 devant Maître Chabanon elle fait donation sous forme de partage anticipé de la propriété de ses biens immeubles, à tous ses enfants, et en même temps règle la succession de Marien Gournillat son mari décédé.

Les biens du couple situés au Mayet d'Ecole principalement consistent en bâtiments, 200 ares de terres labourables et 30 ares de vignes, évalués à un revenu annuel de 80 francs.

La liste des biens tant paternels que maternels est établie et l'ensemble est partagé en 6 lots à peu près équivalents, attribués par tirage au sort.

La donatrice se réserve jusqu'à sa mort une pension annuelle et viagère de 230 francs que ses enfants lui paieront solidairement en l'étude de Maitre Chabanon en 2 paiements égaux de leurs 15 francs chacun, le 25 décembre et le 25 juin.

C'est Jean l'aîné qui reçoit le sixième lot, le seul qui présente une unité : avec la maison, le jardin, le cuvage, l'étable et la terre, le tout situé à Vignères. Le tirage au sort a été favorable, et correspond bien  au lot traditionnel de l'aîné...

Solidairement avec ses frères et sœur il doit verser à sa mère une pension annuelle et viagère de 230 francs au total en 2 paiements égaux de 15 francs chacun.

Jean signe ainsi que Marien.

En 1856 Gilberte âgée de 68 ans abandonne sa maison à Jean et va vivre chez sa fille Gilberte et son gendre Gilbert Charveron à Ambon.

Problèmes financiers

  • emprunt

Le 12/02/1856, toujours devant le notaire habituel, Jean l'aîné et Marien empruntent conjointement et solidairement 450 francs à Michel Ronchaud pour 5 ans, avec un intérêt de 5%. Comme garantie Jean et Marien ont obligé par une hypothèque spéciale tous leurs biens formant une même exploitation et consistant pour chacun en bâtiments d'habitation et d'exploitation et de terres de labours et de vignes.

  • vente terre

Le 31/07/1857 Jean  vend à Jean Aymard ( de la famille de Gilberte) une pièce de terre terroir des Gravettes de 3 ares environ. Jean avait acquis la terre le 30/03/1856 de son frère cadet Jean pour 60 francs. Le prix n'a pas changé. L'acquéreur a payé comptant en espèces. Il n'entrera en jouissance qu'après la levée de la récolte en orge actuellement pendante.

Les 2 ont signé, Jean Gournillat très maladroitement.

 

En 1861 Jean et Antoinette ont encore leurs 3 enfants auprès d'eux : Sophie 16 ans, Gilberte 11 ans, Claude 9 ans, les âges indiqués étant très approximatifs....en effet il ont en fait 18, 16 et 11 ans....Ils ne sont pas placés comme domestiques.

  • enfant en nourrice

En 1866 Jean et Antoinette ont auprès d'eux un enfant en nourrice, Antoine Lafont âgé de 3 ans, serait-ce comme revenu supplémentaire ? Mais ils ne gardent pas l'enfant longtemps chez eux….

Sophie 18 ans (en fait 23 ans) et Claude 10 ans (en fait 15 ans), sont auprès d'eux mais pas Gilberte (21 ans et non pas 16 comme indiqué ), placée comme domestique au Mayet, auprès du meunier du Moulin Infernal, Pierre Gaume qui emploie 6 domestiques meuniers, 2 domestiques bouviers et 2 servantes.

mariage de Gilberte, la fille cadette

Gilberte domestique domiciliée au Mayet se marie le 24/05/1868 au Mayet avec Antoine Lomet, fils de Thomas et de Marie Pegand, cultivateurs au Mayet. Antoine, le 25/06/1844 a été exempté de service militaire.

Un contrat de mariage été établi chez Maître Fournet à Brout Vernet le 04/05/1868.Comme habituellement ils adoptent le régime de la communauté réduite aux acquêts.

Les parents de Gilberte lui font donation, à charge de rapport à la succession du pré-mourant de l'un d'eux, d'un trousseau composé d'effets mobiliers évalué à 160 francs et non précisés.

Aussitôt après la célébration du mariage les futurs époux demeureront chez les parents du futur, avec lesquels ils formeront une société de collaboration par moitié qui comprendra les récoltes seulement ;

Les futurs se font donation de l'usufruit de tous les biens meubles et immeubles du pré-mourant au survivant, à charge de faire inventaire.

Gilberte et son mari vivent donc en société avec les parents d'Antoine, Thomas Lomet et Marie Pegand au Mayet à partir de 1868.

bail à ferme pour des terres

Jean accepte devant Maître Felidas, notaire à Brout-Vernet, le 21/05/1871, un bail à ferme pour 6 ans de Pierre Guillaume Labry, propriétaire à Cusset pour 2 pièces de terre situées au Mayet, la première de 1,36 ha au terroir des Contamines, l'autre de 50 ares au terroir de Fondreau.

La première est ensemencée par moitié en sainfoin, trèfle et raggron (????), l'autre moitié en froment, par le fermier sortant. La récolte sera partagée par moitié entre le fermier sortant et le fermier entrant, paille et grain également. Jean devra en faire autant à sa sortie.

La deuxième pièce sera ensemencée par le fermier sortant en luzerne, trèfle et riz gros. Si ces plantes réussissent Jean à sa sortie devra faire le même ensemencement.

Le bail est fait moyennant un fermage annuel de 250 francs payable en 2 termes égaux le 24 juin et le 11 novembre de chaque année. Jean devra en outre donner 2 sacs de pommes de terre choisies, 50 kg de paille et 50 kg de foin et conduire la vendange du bailleur dans son cuvage ou celle de ses héritiers le tout gratuitement.Les charges sot évaluées annuellement à 12 francs

Le bailleur et Jean signent avec le notaire et les témoins instrumentaires.

Mariage de  la fille aînée, Marie Sophie

Agée de 29 ans, elle se marie au Mayet le 23/01/1872 avec François Maume. Elle est indiquée sans profession spéciale. Jean et Antoinette sont déclarés fermiers au Mayet.

François, domestique, a 4 ans de moins que Marie Sophie. Il a été dispensé du service militaire comme aîné de veuve.

Un contrat de mariage a été établi chez maître Felidas le 04/01/1872. Bien sûr les futurs adoptent le régime de la communauté réduite aux acquêts.

Les parents de la future lui constituent en avance d'hoirie un trousseau composé de ses effets mobiliers en valeur de 160 francs, comme pour sa sœur. Ils lui constituent au même titre une somme de 50 francs payable en 4 années sans intérêts somme égale à celle qu'a reçue la sœur de la future.

Après la célébration du mariage les futurs iront habiter avec les père et mère de la future qui s'engagent à les loger, nourrir entretenir et éclairer eux et leurs enfants tant en santé qu'en maladie et à leur donner un gage de 60 francs par an. Les charges de cette cohabitation sont évaluées à 40 francs par an, Cette cohabitation est en retour du travail des futurs.

Les futurs se font donation mutuelle au survivant de l'usufruit de tous les biens meubles et immeubles du pré-mourant à la charge d'un inventaire. De la famille seul Jean a signé.

Association avec le gendre

A partir du mariage François Maume, comme gendre et Marie Sophie vivent auprès de Jean et Antoinette, alors que Gilberte et son mari vivent en société avec les parents d'Antoine, Thomas Lomet et Marie Pegand au Mayet à partir de 1868. Ils n'ont pas d'enfants.

Problème familial

François Maume et Marie Sophie ont un fils Jean le 18/12/1872. Mais dès le recensement de 1876 il est précisé pour Jean, l'enfant âgé de 4 ans, qu'il est « idiot ». La situation n'est pas modifiée en 1881 et 1886 mais le handicap de Jean n'est plus signalé….

Son veuvage

Antoinette Boeuf décède le 26/01/1891 à 73 ans à son domicile au Mayet. Jean reste auprès de sa fille et son gendre. En 1896 en plus de Jean, Marie Courtinat, la mère de François, veuve, et âgée de 71 ans vit auprès de François Maume et Gilberte. Et Jean, âgé de 23 ans, vit bien sûr auprès de ses parents, et il a été exempté de service militaire, vu son handicap...

Jean décède le 28/03/1900 à l'âge de 27 ans, célibataire, et indiqué « sans profession spéciale », ce qui montre qu'il n'est pas en mesure de travailler- contrairement à d'autres garçons reconnus comme « idiots », qui ne font pas de service militaire mais travaillent comme cultivateurs, ouvriers agricoles, domestiques…

Son décès

Jean Gournillat décède le 17/02/1910, après sa femme, et son petit fils.