L'entrée dans la vie adulte
Bayet 1902
Le mariage: choix du conjoint - âge des conjoints - lieu du mariage - la cérémonie - le contrat de mariage
Le code civil (articles 144, 145, 148), prévoit pendant tout le 19ème siècle que l'homme peut se marier à 18 ans révolus, la femme à 15 ans révolus. L'autorisation parentale est nécessaire jusqu'à 25 ans révolus pour le fils, à 21 ans révolus pour la fille.
L'entrée dans la vie adulte est marquée pour le garçon par le conseil de révision suivi ou non du service militaire puis par le mariage, et pour la fille uniquement par le mariage...
Ce n'est que très rarement que le mariage a lieu avant ou pendant le service militaire.
Gilbert Druelle, né en 1815, épouse Marguerite Tantot, tous les deux encore mineurs. (l'acte de mariage n'a pas été retrouvé. Le registre contenant les publications de mariage est lacunaire pour l'année 1835, et le mariage ne figure pas dans le registre des actes de mariage, car le mariage a dû être célébré dans le commune de Marguerite qui n'est pas précisé sur la procuration devant notaire)
Or Gilbert est désigné pour faire partie du contingent de la classe 1835.
Gilbert désigne donc le 04/06/1837 son père Claude comme son mandataire général et spécial pour assister Marguerite sa femme, dès qu'elle aura atteint sa majorité pour la confection d'actes de vente.
A son retour Gilbert cultivateur à Saint Germain des Fossés est recensé avec sa femme et sa fille (née en 1840) comme journalier à Saint Germain des Fossés.
Jean Pradet, âgé de 26 ans, soldat au 52ème de ligne, épouse le 06/03/1843 à Serbannes Marie Moulin âgée de 25 ans orpheline de père. Jean n'a plus ni père, ni mère.
Il a dû obtenir la permission de contracter mariage de Monsieur le Maréchal de camp commandant le département de l'Allier.
Qu'est ce qui justifie cette mesure de faveur? rien ne l'indique. Et ce n'est que juste un an après le mariage que naît le premier enfant, David, le 06/03/1844 à Brugheas. A ce moment là Jean Pradet est cultivateur aux Touraux. Il signe l'acte de naissance de son fils comme il a signé l'acte de mariage. Aurait-il appris à signer pendant son service militaire??????
signature de Jean Pradet en 1844
Lorsque le fils adulte, libéré du service militaire, est encore célibataire, et travaille avec ses parents depuis plusieurs années ses parents peuvent lui proposer une association, ce qui lui permet de s'investir davantage, et pour les parents une garantie de conserver l'aide de leur fils...
Ainsi, devant Maître Morand, Mathieu Barthelax et Claudine Nourissat laboureurs métayers à Billy associent le 22 juin 1833 leu fils Jean.
La communauté sera divisé en tiers, un par personne. En feront partie les récoltes, les acquisitions, les chars, charrettes, harnais.
Les meubles meublants et les linges de corps en seront seuls exclus.
Marie, la sœur de Jean, vit et travaille en famille, mais elle est exclue de la société, car il est prévu qu'elle quittera la famille lorsqu'elle se mariera. En attendant elle sera nourrie et entretenue et il lui sera fourni un trousseau lors de son mariage.
Jacques Malleret et Gilberte Moulin, cultivateurs à Creuzier le Neuf, décident eux aussi d'associer leur fils Pierre qui
"depuis longtemps habite (avec eux) et travaille au profit de ces derniers, sans en avoir aucun bénéfice, ce qui aurait entraîné une séparation entre lui et ses père et mère qui sont d'un âge avancé"
Le 16/01/1842 ils établissent la société : le fils en commun avec ses père et mère pour moitié dans les produits des récoltes des biens qu'ils cultivent comme fermiers ou colons. Pour éviter la confusion du mobilier, les parties expliquent que le fils possède dans la maison un buffet en bois de noyer et un bois de lit.
Qui décide?
Cela n'exclut pas que les "futurs" aient un avis sur la question...
Les garçons et les filles en âge de se marier ont des occasions de rencontre, les fêtes et les foires, les réunions de famille, mais aussi dans le cadre de la vie quotidienne. Les filles de cultivateurs, placées comme domestiques ou vivant auprès de leurs parents travaillent le plus souvent comme bergères. Elles conduisent leurs troupeaux dans des paturages, parfois éloignés et à l'écart des bourgs, alors que les garçons peuvent être occupés dans les champs...
Des rencontres voulues ou non ne peuvent guère être évitées!...
Si le garçon n'est pas agréé par la fille et qu'elle le repousse il peut par dépit se laisser entrainer à des gestes violents...
Le garçon ne pense pas forcément directement au mariage, alors une grossesse peut mettre le couple en difficultés: soit le mariage est accepté par le garçon et par les parents, soit la fille accouche seule d'un enfant "naturel"...
La décision finale dépend des parents, qui évidemment jugent la situation avec des critères différents...
Quand les parents sont décédés on recherche le consentement des grands parents. Pour les mineurs il faut l'accord du conseil de famille.
Le milieu social
Les mariages rencontrés ne présentent pas d'écarts importants de milieu social entre les 2 familles. Ils se situent parmi les métayers-fermiers- dont certains possèdent quelques terres. Les relations sont possibles avec certains artisans proches des cultivateurs, comme les charrons, les meuniers, les tisserands, les maçons etc...
Ainsi Marie Pillet fille de cultivateur propriétaire épouse le 08/01/1887 Claude Lecuyer, maçon comme son père. En fait les activités professionnelles de la famille Lecuyer sont diversifiées : père et fils travaillent comme maçons mais aussi comme cultivateurs sur leurs parcelles de terres, ils ont des récoltes et élèvent des bestiaux.
Les frères n'exercent pas toujours la même activité : chez les Deverne, Michel (né en 1785) est tisserand, André (né an 7) maçon, et les enfants de Michel et d'André (nés entre 1813 et 1827) cultivateurs...
Gilberte Delarrat, fille de Gilbert propriétaire fermier à Saulcet (Les Chillot), épouse le 12/05/1856, à 23 ans, Jean Bouchant âgé de 25 ans. Il est domestique à Bresnay, cela pourrait paraitre un mariage peu avantageux, mais de cette façon Gilbert avec son gendre obtient un travailleur de plus, et sa fille reste auprès de lui.
Jean est orphelin, son père est décédé à Chemilly en 1836, sa mère Claudine Rouder en 1847 et il n'a plus non plus d'aieux et d'aieules.
Le contrat de mariage a été établi chez maître Renaudet à Bransat le jour du mariage.
Où le trouver ?
- voisinage
Catherine Bardot épouse son voisin à Demique (Vendat) Pierre Neury le 17/06/1828, 2 mois après le décès de Magdeleine Michelle, première femme de Pierre.
- patrons/domestiques
Le même, veuf de Françoise Vincent, épouse le 21/08/1838 à Saint-Remy sa domestique Quentienne Bardin.
- cousinage et familles alliées
or Claude est fils de Jean, 3 fois veuf et remarié à Marie Saloune, elle-même veuve de Mathieu Nioloup
Marie Nioloup est la fille de Mathieu et de Marie Saloune.
Jean Papon, cultivateur, a épousé Marie Saloune an XIII: Claude et Marie Nioloup ont donc été élevés ensemble, avec environ 8 ans de différence d'âge, pendant 15 ans avant de se marier....
Parfois deux mariages sont organisés le même jour, entre les enfants de deux familles.
- interdictions
Le code civil interdit le mariage entre certains degrés de parenté, mais aussi d'alliance. Ainsi sont prohibés les mariages entre oncle et nièce, tante et neveu, beau-frère et belle-soeur. Cependant une loi en 1832 prévoit la possibilité de solliciter une dispense permettant le mariage.
La différence d'âge des conjoints pour le premier mariage est rarement exagérée. Parfois l'épouse a plusieurs années de plus.
Pierre Neury cultivateur épouse Magdeleine Michelle au Lonzat le 1er ventôse an XI. Il est né le 13/05/1785, elle le 02/01/1781, il n'est donc âgé au moment du mariage que de 18 ans et elle a 4 ans de plus.
Il a lieu en général dans la commune où est domiciliée la future - parfois dans la commune où elle demeure, lorsqu'elle est placée domestique, et parfois dans la commune du futur....
Lorsque Marie Chignal épouse Jean Baptiste Marty, en 1895 le mariage a lieu à Paris où elle est cuisinière et lui facteur. Les parents de Marie, cultivateurs à Sanssat, donnent leur consentement chez Maître Bergère
« ils autorisent tous officiers de l'Etat civil à procéder au mariage en la seule représentation des présentes »
La loi du 10/12/1850 concernant le mariage des indigents leur facilite les démarches : lorsque l'acte de naissance d'un des futurs est introuvable et que les frais nécessaires pour obtenir un acte de notoriété sont impossibles à faire pour cause d'indigence (certifiée par le percepteur du domicile), le juge de paix alors, procède à l'acte.
Le mariage est annoncé dans les communes d'habitation des parents de 2 époux, et éventuellement dans la commune où le futur ou la future demeure comme domestique. Le promesse de mariage est rédigée dans le registre des publications de mariage, deux fois avant la date prévue pour la cérémonie.
Le jour du mariage l'acte de mariage est rédigé par le maire ou son représentant ; au cours du siècle.les indications se font de plus en plus précises.
Sont indiqués les noms des mariés, leur âge ou la date de naissance, le nom de leurs parents, le domicile, avec la profession, éventuellement la date et lieu de décès.
La date du contrat de mariage et le nom du notaire n'apparaissent qu'à partir de 1850.
Les témoins au mariage, en général 2 pour chaque futur, sont énumérés avec leur nom, leur âge, leur profession et leur domicile et leur lien avecc le futur.
Ceux qui savent le faire signent en bas de l'acte, avec l'employé d'état civil.
Les témoins sont choisis avec soin. Ce sont la plupart du temps les frères, les oncles, parfois les cousins. Ce n'est qu'à la fin du siècle que les femmes figurent parmi les témoins...
Le mariage peut être l'occasion de retrouvailles quand la famille est dispersée. C'est le cas par exemple lors du mariage de Jean Baptiste Mousset et Antoinette Peraud le 17/07/1855 à Bayet.
Louis Mousset 29 ans son (demi)frère, métayer à Naves est le témoin de Jean Baptiste.Le mariage occasionne des dépenses importantes en plus de la fourniture du trousseau pour la fille, ce qui peut créer des soucis financiers : c'est ainsi que Marien Gournillat et sa femme empruntent la veille de la signature du contrat de mariage de leur fils Jean, le 14 janvier 1872, devant Maître Felidas, notaire à Brout, 400 francs à Gilbert Chazelle. Ils s'engagent à rendre la somme 4 ans après, avec 5 % d'intérêts payables annuellement.
Dès la célébration du mariage le couple intègre le domicile choisi, soit auprès de la famille de la mariée, soit celle du marié, soit plus rarement un domicile indépendant.
Parfois le père organise le mariage de ses 2 enfants en même temps, ce qui simplifie l'organisation familiale.
François Druelle marie le 12/11/1867 ses deux enfants : Jean- Baptiste Druelle âgé de 21 ans épouse Marie Bigay et Marie Druelle âgée de 17 ans épouse Jean Sarrazin. Les deux contrats de mariage ont été établis chez maître Grand à Billy.
Le contrat peut être établi peu de temps avant la célébration du mariage, chez le notaire, parfois le jour même si l'étude du notaire se trouve dans la commune, et sinon le plus souvent dans le mois qui précède, plus rarement deux mois avant. Il s'agit d'un acte important, qui n'est pas réservé aux milieux aisés. La loi du 18 juillet 1850 prescrit qu'un certificat soit écrit par le notaire pour être remis à l'officier d'état civil au moment du mariage.
Rarement le contrat de mariage n'aboutit pas à un mariage : seulement 2 cas ont été rencontrés :
- Charles Tixier et Marguerite Favier établissent leur contrat chez Maître Felidas le 03/07/1887 mais le mariage n'a pas lieu, Charles Tixier se marie avec une autre, sans faire de contrat, en 1889 et Marguerite Favier ne se marie pas, mais a par la suite 2 enfants naturels.
- Pierre Nesson, voiturier par terre et Marie Saulnier signent chez maître Grangjean le 13/05/1830 une résiliation de contrat de mariage:
établi le 01/03/ 1830, soit 2 mois et demi avant. Les frais seront supportés par moitié.
Les parents sont presque toujours présents, soit seulement pour manifester leur accord, soit obligatoirement car si les futurs sont mineurs les parents doivent les autoriser. Si les parents font une donation ou dans le cas de la création d'une société de culture dont ils font partie leur présence est également requise.
Le régime matrimonial choisi
Les couples adoptent selon les articles du Code civil, appelé Code Napoléon sous le second Empire, le régime de la communauté, en fait réduite aux acquêts, en excluant les dettes contractées avant le mariage (celui qui les a contractées doit seul les rembourser), et les legs et donations durant le mariage.
Parfois il est précisé que la future pourra accepter ou renoncer à la communauté ; en renonçant elle retirera tout ce que le futur aura reçu d'elle ; parfois même cette faculté est reportée sur les enfants à naître.
Lors de la dissolution les vêtements, linges, menus linges seront prélevés avant le partage, soit en nature soit suivant l'estimation....
La donation au dernier vivant
Les futurs époux en général se font donation mutuelle et réciproque de l'usufruit des biens du pré-mourant au survivant.
Certains couples éprouvent le besoin d'ajouter qu'ils se font cette donation comme preuve d'« amitié», d' «affection», d'«estime et amitié »...
Serait-ce l'affirmation qu'il s'agit d'un mariage guidé par les sentiments ????? ou le notaire, qui rédige le contrat propose-t-il lui-même ce détail ?????
En tout cas, maître Cherieux, sur les 6 contrats étudiés, rédigés entre 1855 et 1873, indique «en témoignage d'estime et d'amitié», alors que d'autres notaires préfèrent la formule «en gage d'affection »...
Selon la loi la donation peut être réduite dans le cas d'enfants et/ou d'ascendants. Dans la plupart des cas seule la réduction en faveurs des enfants à naître est prévue dans le contrat : le survivant reçoit alors la moitié et les enfants l'autre moitié.
Ceux qui se contentent d'ajouter «avec les réductions prévues par la loi» acceptent la réduction également en cas d'existence d'ascendants. Jean Forestier et Catherine Vallet prévoient la «réduction légale en cas d'enfants et d'ascendants» (CM Morand 10/01/1826)
Jean Ray et Marie Potret sont plus précis : ils décident une réduction de la moitié en cas d'enfants, du quart en cas d'ascendants. (CM Bourdelier 28/04/1850)
Le/la veuf/veuve jouira de sa part d'usufruit sa vie durant. Cependant le remariage peut annuler la donation d'usufruit, c'est le cas le plus fréquent sous la 3ème République, surtout à partir de 1890.
Le trousseau de la future
Traditionnellement la future épouse apporte en mariage son trousseau, composé de la même façon, suivant l'usage du pays, mais, selon le possibilités financières, plus ou moins fourni :
- un lit garni avec les draps et du linge de maison
- les vêtements- pas cités dans tous les cas
- une armoire.
- un bois de lit
- une paillasse
- un lit en plume: le poids peut être indiqué : de 8 à 12 kg, un traversin, 2 oreillers, un édredon en plume d'oie, ou à défaut de volaille.
- une courte-pointe en cotoline ou en indienne
- une couverture en laine, souvent de Catalogne, ou "façon Catalogne", et parfois une en coton
- les rideaux et tours de lit avec un ciel de lit en cotonnade, droguet, indienne, cretonne, laine, cotoline, étamine....
Pour le linge :
- les draps : seul leur nombre est indiqué : de 6 à 12. Par contre rien n'est dit sur leur qualité (étoffe), ou leur état (neufs ou anciens) etc...
- des serviettes de 4 à 12
- des nappes de 2 à 8
- les torchons apparaissent en 1866 de 6 à 12
- les tabliers de cuisine de 6 à 12, mais sont rarement présents, les essuie-mains également.
Progressivement le linge se différencie : à partir de vers 1875 on fait une distinction entre les torchons, les essuie-mains ; les torchons peuvent être blancs ou de couleur....
L'armoire : le bois est parfois précisé, dans la grande majorité des cas elle est en bois de noyer, parfois en bois de poirier ; elle peut être à 2 portes, avec des ferrements, fermant à clé.
l'égalité entre les soeurs
Toutes les sœurs reçoivent un trousseau équivalent.
- Pierre Bardot (CM Cherieux 18/11/1855) prévoit un trousseau de 200 francs pour ses 2 autres filles au mariage de l'aînée (qui reçoit également un trousseau de 200 francs).
- Jean Baptiste Mousset prévoit lors du mariage de sa fille aînée de fournir le trousseau à ses autres filles soit lors de leur mariage soit à l'âge de 18 ans (CM Thyraud 09/05/1875), mais lors du mariage de la troisième il modifie cette décision : soit au mariage soit à la majorité.
- Dans son contrat de mariage (Maître Boirot 11/06/1868) Marie Romphet reçoit de ses parents, en plus de son trousseau, une vigne d'une contenance de 5 ares, à prendre à la suite de la portion donnée en dot à leur autre fille épouse de Gilbert Coulon
- L'égalité entre les sœurs est tellement importante que le mari de la 2ème fille de Martial Sarrazin intervient lors du mariage de la troisième fille pour faire rectifier l'estimation du trousseau pour qu'il soit équivalent à celui qu'a reçu son épouse 4 ans auparavant (CM Grand 04/04/1864 et CM Busson 10/07/1860).
Lors du mariage de son fils Barthelemy (CM Chacot 05/05/1833) Jean Pothier tient à maintenir l'égalité dans la distribution entre ses enfants.
Le nouveau couple de son fils entre dans la société de travail, alors pour éviter toute difficulté ultérieure il fait donation par préciput hors part à sa fille Marie, déjà mariée, de la dot à elle constituée, toute mobilière, d'une valeur de 200 francs.
De plus la société fournira à la sœur non encore mariée une dot de même valeur. De plus Jean Pothier entend formellement que cette dot demeure acquise en compensation des services qu'elle rendra à la société.
Il tient à ce que ces 2 dots ne soient pas sujettes à rapport.
Or, le 28/07/1833, Barthelemy, le fils, fait abroger cette mesure, soit 2 mois après, ce qui sous-entend des relations tendues entre les membres de la famille...
Le nouveau traité étant établi « pour maintenir la bonne harmonie entre eux », « les choses étant remises dans l'état où elles étaient avant le contrat précité »
Dans aucun trousseau ne figurent des objets de cuisine, de la vaisselle, de la batterie de cuisine, pourtant du domaine de la femme, et bien sûr pas d'instruments ou d'outils pour l'élevage, la culture, ou le jardinage, du domaine masculin.
Evaluation de la dot
La valeur de l'ensemble est évalué "à l'amiable" entre les 2 parties.
Le trousseau provient des parents de la future, souvent en avancement d'hoirie, et /ou des économies et gages de la future, car en général elle a été placée comme domestique avant son mariage, pendant plus ou moins longtemps. Elle-même apporte une partie des objets, ou le tout, en particulier si elle est orpheline.
- Ainsi Françoise Vincent apporte un lit garni et un coffre provenant de ses économies et de la succession de sa mère. Curieusement la valeur du trousseau n'est pas indiquée.( CM Morand 23/11/1823)
- Quant à Anne Boudin son trousseau, estimé à 130 francs, est donné par son beau-père, et viendra en déduction de ses droits lors du partage définitif sur la succession de sa mère décédée. (CM Morand 07/07/1830)
- Lors de son contrat de mariage (Grand 04/11/1877) Gilberte Deverne reçoit un trousseau sur la succession de sa mère, mais elle est décidée à demander compte des droits de sa défunte mère selon l'inventaire (maître Grand le 25/05/1871) ce qu'elle n'avait pas pu faire auparavant, étant mineure.
L'apport du futur
Le futur apporte parfois des objets comme le bois de lit, une horloge, un coffre, plus rarement un lit garni, un lit de plumes, une armoire et encore plus rarement des draps :
- Jean Baptiste Druelle en 1867 à Crechy apporte à son mariage avec Marie Bigay en plus d'un bois de lit estimé à 50 francs, 400 francs en espèces, provenant de ses économies.
- Antoine Sarrassat 4 draps de lit avec bois de lit, table de nuit, vieille armoire, 3 serviettes (CM Hardy 16/11/1869)
- Vincent Mousset 10 draps donnés par sa mère (CM Lepine 11/03/1883)
- Claude Lecuyer, âgé de 26 ans à son mariage en 1887 et qui travaille comme maçon avec son père, apporte pour 300 francs d'objets, soit deux bois de lit, un lit de plume et traversin, une couverture en coton, 2 oreillers, provenant de ses économies.
Celui qui apporte le plus c'est Gilbert Bouchet, lors de son mariage (CM Guillerault 23/01/1850) avec Anne Dubessay, mais il vit avec son père veuf et remarié et il s'agit en partie de la succession de sa mère le tout estimé à 180 francs:
- un bois de lit en chêne, un lit de plumes, un traversin en plumes d'oies, une couverture de laine, une courte -pointe, des rideaux de lit en laine, deux draps de lit
- un buffet en chêne
- une table en chêne
- un coffre
- divers outils de culture
Varaitions entre les familles
Les familles de propriétaires cultivateurs peuvent donner à la future ou au futur un peu de terre, mais les conditions, selon les cas, sont plus ou moins intéressantes....
- mariage Giroux-Boutonnet à Gannat en 1851
Françoise Boutonnet reçoit en 1850 (contrat de mariage Jouanique ) en plus de son trousseau évalué à 200 francs,
la pleine et entière propriété, possession et jouissance de la moitié d'une terre (...) à compter du jour du mariage
Il s'agit de 28 ares de terre dont le revenu annuel brut est de 20 francs.
Jean Giroux reçoit, lui, de ses parents en pleine propriété et jouissance, une maison et une chambre sous le même toit couvert à tuiles, situées au faubourg d'Entresioule (Saint Quentin), avec cour commune avec les batiments réservés aux parents Giroux, ainsi que d'un emplacement pour y construire une écurie et un autre emplacement pour un hangar .
- mariage Mansier-Piquet à Mazerier en 1851
Le trousseau mobilier de Françoise Piquet, évalué à 300 francs, est traditionnel. Mais en plus ses parents, propriétaires à Mazerier, lui constituent en avance de leurs successions une somme de 1000 francs, qu'ils paieront dans 4 ans, sans intérêts.
De son coté Gabriel Mansier se constitue de son chef des effets mobiliers en valeur de 100 francs et tous les biens immeubles qui lui sont échus par le décès de sa mère
en quoi qu'ils puissent consister sans aucune exception ni réserve
Mais en fait pour tous les 2 leurs "biens" consistent en promesses, ce qui ne leur permet pas l'autonomie....
C'est pourquoi le contrat prévoit qu'ils feront demeure chez les parents de Françoise où ils seront entretenus à la charge d'y travailler
- mariage Gaume-Aymard le Mayet 1855
Le trousseau de Gilberte Aymard, fiancée à Roger Gaume, tous deux de familles de propriétaires, est fourni.
La valeur du trousseau (CM Chabanon 19/08/1855) est indiqué très précisément, et pour chaque pièce. Le total s'élève à 1154 francs.
Le trousseau est constitué selon la tradition, avec l'armoire et le lit, ainsi que le linge, mais les quantités différent et la qualité également. Par exemple pour les draps une distinction est faite entre les 22 draps de lit de maître entièrement neufs, à 15 francs l'un et les 6 draps de lit de domestique à 7,50 francs.
Les 24 serviettes sont en toile damassée, les nappes ne sont pas coupées mais 18 mètres de toile de serge ( à 2,08 francs le mètre) et 4,80 mètres de toile damassée (ensemble 25 francs) permettront un certain nombre de nappes....
Les rideaux de lit ne sont pas encore faits mais la future dispose de 39 mètres d'indienne à 1 franc le mètre
L'armoire vaut 100 francs et le bois de lit 60 francs.
Mais la plus grande différence avec le milieu des métayers c'est que les futurs disposent également d'argent, le futur recevant de ses parents 24000 francs dont 10000 francs payés à la célébration du mariage, le reste en plusieurs versements d'ici à 6 ans.
Quant à la future, elle possède des rentes et des biens immeubles : bâtiments d'habitation et d'exploitation avec cour, jardin, terres, vignes, prés....
Le couple fait partie des rares cas rencontrés qui peuvent vivre en autonomie, sans avoir besoin de s'associer avec les parents de l'un ou de l'autre...
Jean Remondin et Anne Sarrazin sont tous deux de familles de cultivateurs. Ils se marient en 1888. Lui apporte de son chef, des objets estimés à 250 francs : un bois de lit, une commode, une table de nuit, un lit de plume, un matelas, une couverture en laine, 12 draps de lit.
Elle, bien qu'âgée seulement de 17 ans, apporte, comme lui appartenant personnellement, un trousseau classique mais très complet estimé à 700 francs, et une somme de 500 francs en argent. De plus ses père et mère lui constituent en dot une rente annuelle de 20 francs jusqu'au remboursement du capital de 500 francs.
Pour comparer deux mariages de cultivateurs en 1901:
Quand Victor Leguillon épouse Anne Mousset en 1901, il travaille comme cultivateur avec ses parents propriétaires, elle également. Il apporte en dot 1750 francs et elle un trousseau de 500 francs et une somme de 600 francs.
La même année la situation lors du mariage de Jean Bardot et Antoinette Desvernes est nettement moins favorable : Jean Bardot revient du service militaire, il est associé comme fermier à son frère aîné déjà marié. Il apporte donc en mariage différents objets mobiliers servant à l'exploitation d'une ferme ainsi que des meubles meublants et des bénéfices de cheptel, estimés à 500 francs ; Antoinette, fille de métayer, apporte un trousseau mobilier estimé à l'amiable à 400 francs....
Leur situation précaire explique leur abandon du métier de cultivateur trèss rapidement.....