Le service militaire

    
 
 Martial Deverne en 1878
 
les lois militaires successives - les différentes armes - la vie de caserne - participations aux conflits armés - les hospitalisations - les décès - participation de la population civile aux efforts de guerre
 
Les lois militaires successives

Le service militaire dure longtemps, la durée varie au cours du 19ème siècle.
La loi Jourdan du 19 fructidor an VI (O5/09/1798) crée la conscription pour les hommes de 21 à 25 ans
La loi de 1802 instaure le remplacement
La loi de 1804 instaure le tirage au sort et réglemente les exemptions
En 1815 après Waterloo la France est occupée par les armées alliées, la loi Jourdan, donc le service militaire, est abolie.

En 1818 la loi Gouvion-Saint Cyr rétablit le service national, le recrutement  se fait par tirage au sort. Le service dure 6 ans. Il est possible d'acheter un remplaçant.
En 1829 la durée du service passe de 6 à 8 ans.
En 1855 le remplacement est remplacé par l'exonération, moyennant une somme de 2800 francs

La loi Niel du 1er février 1868 instaure une service d'une durée de 5 ans pour la moitié du contingent  par tirage  au sort et de 6 mois  pour l'autre moitié. Le remplacement est de nouveau autorisé.
Le 27/07/1872 le service obligatoire dure 5 ans. Le tirage au sort est maintenu, le remplacement supprimé  mais on peut être dispensé pour diverses raisons.

La loi Cissey du 27 juillet 1872 fixe la durée des obligations militaires à 20 ans:
5 ans dans l'armée active (ou 1 an pour ceux qui tirent un "bon numéro")
4 ans dans la réserve de l'armée active
5 ans dans l'armée territoriale
6 ans dans la réserve de l'armée territoriale
Le remplacement n'est plus possible.
Les hommes de la réserve de l'armée active sont assujettis à prendre  part à 2 manoeuvres, chacune d'une durée de 4 semaines, les hommes de l'armée territoriale à une période de 2 semaines.

La
loi Freycinet du 15/07/1889 réduit le service actif à 3 ans, les exemptés du service actif sont affectés à un service  auxiliaire. Un tirage  au sort lors du conseil de révision indique au conscrit la durée de son futur service militaire : 1 ou 3 ans.
Elle limite les dispenses. Les dispensés, exemptés et tirés au sort doivent payer une taxe militaire destinée à compenser leur régime de faveur.

La loi Jourdan-Delbel du 21/03/1905  met fin au tirage au sort et impose un service militaire personnel et obligatoire pour tous d'une durée de 2 ans.
Les réservistes de l'armée active  sont tenus de participer à des manoeuvres de 4 semaines et pendant le service  dans l'armée territoriale
de 2 semaines, et dans la réserve de l'armée territoriale à des exercices spéciaux d'une durée maximum de 9 jours.
 
Les différentes "armes"

Le jeune "appelé" est  versé dans une armée, dans un régiment, avec un numéro matricule qui permet de l'identifier.
Les jeunes Bourbonnais sont versés dans :
  •  l'infanterie: fusiliers ou chasseurs, voltigeurs, carabiniers (la majorité )

militaire fantassin ligne

fantassins

  •  l'artillerie  à pied et à cheval: canonniers, ouvriers spécialisés etc...
  • la cavalerie (avec une taille supérieure à 1,73m):cuirassiers carabiniers, dragons, lanciers, hussards, chasseurs à cheval

militaire chasseur cheval

chasseur à cheval

soldat cuirassier Pierre 1904

Pierre Bardot cuirassier en 1904

  • les unités particulières: les chasseurs d'Orléans, comme Gilbert Barnabé de Saint-Felix en 1846, les zouaves à partir de 1830 en Afrique etc...

militaire zouaves

zouaves

  •  la marine 
  • le génie
  • le train des équipages

militaire train equipage

train d'équipage


A coté des « appelés » combattent également les « engagés volontaires »
Il semblerait que les engagés volontaires puissent choisir le régiment. Ainsi certains s'engagent par exemple comme infirmiers à l'hôpital militaire d'Oran.
Pendant la durée du service militaire le conscrit peut changer de régiment, volontairement ou non...

la vie de caserne


Le jeune homme est loin du pays, le service étant une occasion de brassage géographique des appelés. Pendant son service militaire le conscrit est placé en garnison dans une des nombreuses  casernes  réparties sur le territoire national.
 
  • instruction militaire
Comment est-il formé au  maniement des armes?
emploi du temps?
école régimentaire?

 
Selon l'instruction du 6 aout 1901 un service d'écoles régimentaires est organisé dans chaque régiment sous la direction d'un capitaine:
un cours primaire destiné aux soldats illettrés
un cours préparatoire pour ceux qui souhaitent atteindre le grade de sous-officier

Les soldats reçoivent un petit livret "l'instruction théorique du soldat par lui-même "par le Commandant F. Chapuis (une 17ème édition parait en 1908-1909) portant à la fois sur l'Education morale et l'instruction professionnelle.
 
  • permissions et congés

Il revient parfois pour le temps d'une permission ou d'une convalescence. Il apparait alors sur la liste de recensement comme c'est le cas

en 1836 à Saulcet pour Antoine Charpentier 25 ans, soldat au 3ème léger, fils d'Etienne, vigneron

ou François Pacaud, 26 ans fils d'Antoine, vigneron, soldat au même régiment que le précédent

Dans la première moitié du siècle, avant la construction des voies de chemin de fer, les déplacements  longs et compliqués ne favorisent pas le retour au pays....

  • activités, occupations, distractions
Il participe à des manoeuvres militaires,  se déplace d'une ville à l'autre en fonction de son activité militaire et prend part aux combats selon l'époque.
  • sanctions et discipline

L'autorité militaire dispose  de diverses sanctions pour punir les fautes  des soldats ...

Certains soldats sont enrôlés dans des régiments de discipline, comme Gilbert Maurice de Magnet, qui en 1836  est soldat à la 2ème compagnie de fusiliers de discipline et se trouve dans la commune lors du recensement- sans explications....

  • relations avec la famille
Il vit  alors en dehors de la vie familiale, cependant il n'est pas oublié.
Son domicile reste celui de sa famille, avant de partir il peut laisser des vêtements et des objets personnels en attendant son retour.
Ainsi François Papon a laissé chez son père dans un coffre :
 -1 chapeau
 - 3 vestes
 - 2 culottes
 - 3 gilets de différentes étoffes
 - 6 chemises en toile de ménage
 - 2 mouchoirs de col
Lors de l'inventaire à l'occasion de la mort du père, le contenu du coffre de François est retiré de l'inventaire comptant dans la succession puisqu'il s'agit d'objets personnels du fils absent.

Lors des problèmes familiaux, successions etc... le militaire donne procuration à un membre de sa famille pour le représenter.
Jean Papon, veuf de ses 4 épouses successives laisse  à sa mort le 18/05/1825 à Saint-Gérand de Vaux 3 fils majeurs. Claude l'aîné est marié, Claude le jeune vit avec lui, et François accomplit son service militaire  comme fusilier au 40ème régiment de ligne dans la 6ème compagnie, immatriculé sous le numéro 3431. Il est alors en garnison à Uzes (Gard).
Le 15/06/1825 François se rend chez le notaire d'Uzes, maître Dufour pour donner à son frère Claude une procuration spéciale pour le représenter. Les actes exigés sont envoyés entre Uzes et Saint-Gerand de Vaux, avec un certain délai.

Lors du mariage d'Antoine Deverne il est prévu dans son contrat de mariage (CM Marconnot 01/11/1862), que son frère Grégoire, « soldat en activité de service » sera nourri aux frais de la société pendant qu'il jouit d'un congé.

Dans la famille Leguillon Victor épouse Anne Mousset, alors que Louis est soldat au 6ème d'artillerie. Il est fait 5 parts dans la société, une par personne, alors que Louis ne peut participer aux travaux que rarement... Il est prévu de plus que si Louis se marie la société subviendra seule aux frais de la noce.(CM Joly 05/09/1901)

Le soldat reçoit de la part de sa famille un peu d'argent- pas toujours comme cadeau. Ainsi quand Martial Deverne (classe 1872) effectue son service militaire il reçoit de son père une somme d'argent qui correspond à une partie de ce qu'il lui revient de la succession de sa mère...

Lors du mariage de Gilbert Martin avec Thérèse Masseret le 27/01/1833 il est prévu que « si le frère de la future est appelé par le sort au service militaire la société lui fournira à son départ, ou pendant son activité (…. ) une somme de 300 francs. Si par le sort ou autrement il est exempté du service militaire la société ne sera plus tenue de la somme mais le frère de la future pourra travailler dans la société jusqu'à établissement par mariage.

 
Certains militaires avant de partir règlent leurs affaires...
Antoine Moreaux, cultivateur avec son père à Brout, conscrit de 1810 partant pour les armées de l'Empire, vend et cède le 14/05/1813 à son père  tous les droits mobiliers et profits de communauté qu'il peut avoir dans la maison de son père moyennant la somme de 125 francs dont 98 ont été payés comptant  et le surplus sera payable dans l'année.
 
Participations aux conflits armés

Les conflits armés ont été nombreux durant tout le siècle. Les conscrits bourbonnais comme ceux des autres régions sont donc envoyés sur les terrains de combat, dans le monde entier, comme par exemple:
  •  Les guerres napoléoniennes
à Osnabruck en 1802 Henri Roy fusilier 3ème bataillon 3ème compagnie du 45ème régiment d'infanterie 
à Cesene en 1807 Joseph Reverdy fusilier au 4ème bataillon 3ème compagnie du62ème régiment de ligne
A Clagenfurt (actuellement Klagenfurt en Carinthie- Autriche) Antoine Roudier ,grenadier, au 67ème régiment d'infanterie de ligne 3ème bataillon, natif de Chantelle
à Pamplune en 1810 Joseph Bollo fusilier 3ème bataillon 3éme compagnie du14ème régiment d'infanterie de ligne
à Medina Riosier en 1810 
Gilbert Poput fusilier 4éme bataillon 1ère compagnie du 10éme régiment d'infanterie de ligne
à Ceret (actuellement en Pyrénées orientales) en 1811 Martin Badoche,
natif de Chantelle, grenadier au 67ème régiment  d'infanterie  3ème bataillon

à Rome en 1812
Jean Ravet chasseur 3ème bataillon 3ème compagnie du14éme régiment d'infanteire légère
et
Joseph Fleury chasseur au 3ème bataillon 12ème compagnie du14ème régiment d'infanterie légère
à Mayence en 1813
Gilbert Foret fusilier 3ème bataillon 2ème compagnie du22ème régiment  de ligne
à Trèves en 1813
Joseph Grand chasseur 2ème bataillon 3ème compagnie du 8ème régiment d'infanterie légère
à Huningue (Alsace)  en 1813
Antoine Pacaud chasseur 3ème bataillon 6ème compagnie du 7ème/3ème régiment  d'infanterie légère
en Russie en 1813: Barthelemi et Mathieu Jutier, portés disparus
à Mets (Mozelle) en 1814
Joseph Mouraud, soldat  au131ème régiment de ligne
  •  L'expédition d'Espagne en 1823 (d'avril à novembre)
commandée par le duc d'Angoulème, Louis XVIII acceptant d'apporter son soutien au roi d'Espagne Ferdinand VII contre les libéraux espagnols. Le corps expéditionnaire français comporte 95000 hommes, suivi après 1823 d'un corps d'occupation de 45000 hommes- l'évacuation ne s'achève qu'en 1828.
En fait partie Claude Beguin 1er bataillon 5ème compagnie du 9ème régiment de ligne
  •  La conquête  et la colonisation de l'Algérie, à partir de 1830 et de la Tunisie
Claude Brurot fusilier au 62ème régiment 3ème bataillon 3ème compagnie à Constantine en 1840
Antoine Bournat chasseur au 3ème régiment d'infanterie légère 2ème bataillon 2ème compagnie à Alger, en 1841
Antoine Caillot fusilier au 41ème régiment d'infanterie de ligne 3ème bataillon 2ème compagnie à Tiaret, en 1843
François Martin chasseur à pied 5ème bataillon 6ème compagnie à Biskra en 1849
Jean Claude Grimaud cavalier au 3ème escadron du train des équipages  de la compagnie des dépôts à Oran en 1859

Après la conquête les soldats français continuent d'être envoyés en Afrique:
François Croizet hussard au 3ème régiment de hussards à Blidah en 1865
Louis Louveton 22ème régiment d'infanterie 3ème bataillon 1ère compagnie à Ain Draham (Tunisie) en 1881
Pierre Mousset 4ème régiments de zouaves 2ème bataillon 3ème compagnie à Tunis en 1889
Jean Thevenet de la classe 1894, chasseur d'Afrique du 4ème régiment, participe à une campagne en Tunisie du 21/11/1895 au 17/10/1898. Il est ensuite mis en disponibilité. suite à ds algies rhumatismales poly-articulaires et de l'hémithorax droit, suite à un coup de pied de cheval.
  •  La guerre de Crimée 1853-1855

Pendant la guerre la France est alliée à la Turquie et l'Angleterre  contre la Russie.

Le siège de Sebastopol qui commence en octobre 1854 et se termine  le 08/09/1855 est l'épisode principal de la guerre de Crimée. Varna, faisant alors partie de l'Empire ottoman,  était une étape dans la route vers le théâtre des opérations du corps expéditionnaire franco-britannique. 

Varna 1854
 

 à Varna en 1855 Etienne Sarrassat fusilier au 91ème régiment d'infanterie de ligne, 1ère compagnie 3ème bataillon
 à Constantinople (à l'hôpital) en 1856
Louis Dinet voltigeur au 62ème régiment d'infanterie de ligne, 2ème bataillon
Jean Rigaudiat fusilier au 14ème régiment de ligne 2ème bataillon 1ère compagnie
Etienne Morion fusilier au 14ème régiment de ligne 2ème bataillon 3ème compagnie
Martin Bonnet  fusilier à la 2ème compagnie du 4ème bataillon  du 14ème régiment d'infanterie de ligne immatriculé sous le n° 5544.
  • La campagne d'Italie 1859

  Montebello 1859

à Montebello en 1859 François Roche  sergent major au 74ème régiment  de ligne

  • soutien de l'état pontifical 1861-1864

Napoleon III envoie des troupes pour préserver l'indépendance du Pape et des Etats pontificaux face à l'Italie unifiée :

Michel Barbe  du 6ème régiment  d'artillerie 8ème batterie se trouve à Rome en 1861

  •  La Guerre du Mexique 1862-1867
L'intervention française est destinée à établir au Mexique un empire catholique au bénéfice de Maximilien d'Autriche.
guerre Mexique

guerre du Mexique
 
 à Orizaba en 1862 Jean Neury fusilier au 99ème régiment d'infanterie de ligne 1er bataillon 5ème compagnie
  •  La guerre franco-allemande 1870-1871
à Metz en 1870 Jean Dejou caporal 12ème régiment d'infanterie de ligne 1er bataillon 1ère compagnie.
Les combats ont lieu en France.

 
guerre 1870 1871 soldats

soldats guerre 1870
 
Rapidement des soldats français sont envoyés en captivité  dans des camps de  prisonniers, environ 200, répartis dans toute l'Allemagne.
 
guerre 1870 1871 camp Neisse prisonniers
 
camp de prisonniers français à Neisse

Certains (les blessés?) sont internés en Suisse, comme Stanislas Arnould, garde 77ème régiment mobile 2ème bataillon 2ème compagnie, à Gruneck.
Il existe une liste (incomplète) des Français internés et décédés en Suisse pendant la guerre de 1870/1871, dont 20 Bourbonnais.
 
A leur retour en France ils reçoivent le montant de leur masse pour le temps de la captivité.
Pourtant le soldat Jean Bardin, natif de Vendat, soldat de la classe 1863 incorporé au 56ème régiment de ligne le 21 juillet 1870 
se plaint en mars 1873 de ne pas avoir reçu le montant de sa masse non plus que pour sa captivité en Prusse tandis que ceux qui ont servi avec lui ont été satisfaits
Le maire de Saint-Pont,où Jean Bardin est domicilié, s'adresse au préfet qui transmet le courrier au 56ème régiment.
La réponse du 56ème d'infanterie parvient au maire de Saint Pont le 4 avril 1873: un mandat de 2,60 francs est envoyé par le trésorier de ligne à Jean Bardin à destination de Paray sous Briailles.
 
  •  La conquête de la Cochinchine 1858/1862
Saigon fleuve 1860
 
Saigon  en 1860

à Saigon en 1865 Jean Marcillat 3ème régiment  d'infanterie de marine
à Vinh Long en 1873  Lucien Tavernier, 2ème régiment du génie
à Saigon en 1877 Robert Giraudin  du 2ème régiment d'infanterie de marine  31ème compagnie
  •  La colonisation de l'Afrique subsaharienne
Jean Gournillat, de la classe 1880 participe du 19/11/1881 au 24/03/1882 à une campagne en Afrique
Joseph Gournillat  combat en Afrique  dans le 3ème régiment de chasseurs d'Afrique  et divers régiments d'infanterie et d'artillerie du 13/11/1889 au 10/11/1892
Claude Mousset de la classe 1893 du 13ème escadron du train participe à des campagnes d'Afrique du 20/11/1894 au 25/10/1897
sans plus de précisions....
 
  •  La guerre franco-chinoise 1881-1885 puis protectorat français  de l'Indochine française en 1887
Tonkin embarquement Zouaves Alger pour Tonkin janvier 1885
 
embarquement des Zouaves d'Alger pour le Tonkin en janvier 1885

C'est la conquête du Tonkin qui intéresse le gouvernement français après celle de la Cochinchine, ce qui entraine la guerre franco-chinoise qui se termine par le traité  de Hué en 1885.
Des soldats bourbonnais participent également à  cette guerre:
en 1884 à Hanoi: Pierre Bondeau et en 1885 Jean Nebout, tous deux  du 23ème régiment d'infanterie de ligne 2ème bataillon 3ème compagnie
en 1886 Antoine Champiat 1er régiment de zouaves 1er bataillon 3ème compagnie
en 1888 Claude Buissonnet  de la 5ème compagnie du 3ème bataillon d'infanterie légère d'Afrique
  •  l'autonomie de la Crête
La Crête qui a obtenu son autonomie de la Turquie en 1897 reste sous la suzeraineté  du sultan  et sous la protection  des  grandes puissances européennes qui envoient des troupes:
Gilbert Julien Fayollet, âgé de 22 ans et originaire de Chantelle, fils de cultivateurs,  se trouve en 1899 à Viannos, Ile de Crête, comme soldat de 2éme classe à la quatrième compagnie du premier bataillon du quatrième régiment  d'Infanterie de marine, numéro matricule 6117.
 
Les hospitalisations
 
En temps de guerre ou de paix les soldats peuvent être hospitalisés dans les hôpitaux militaires ou civils, en France ou près des lieux des combats ; pas exemple à l'hôpital militaire de Château Ile d'Oléron, à l'hôpital civil Saint André de Bordeaux, à Grenoble, Perpignan, Montpellier, Thionville, Alger (Hôpital de la Salpêtrière),
 
Afrique Alger caserne sapetriere

Alger Salpetriere
 
 hôpital Sainte Croix à Augsbourg, Osnabruck, Mantoue, Constantinople etc... Ils y sont soignés pour des blessures ou diverses maladies....Ils peuvent aussi être rapatriés pour être soignés en France, et peuvent mourir en route....
 
Les décès

Toutes ces guerres sont très meurtrières, pas seulement à cause des blessures aux combats mais également de maladies, les conditions d'hygiène étant défectueuses favorisent les épidémies. D'autre part  ce n'est qu'à la fin du siècle que nombreuses découvertes et études médicales permettent d'améliorer fortement la lutte contre les maladies graves de l'époque ...

Morts de maladie

Les causes du décès ne sont pas toujours indiquées sur l'acte de décès, mais il a été possible de rassembler de nombreux cas pour lesquels la durée de l'hospitalisation et la nature de la maladie étaient précisées.
La plupart des maladies sont contagieuses et les mesures prises pour soigner les malades ne permettent guère de limiter leur propagation...En effet les malades sont regroupés toutes maladies confondues....

Parfois l'acte ne précise pas la maladie mais indique seulement  "par suite de fièvre", surtout pour les armées de Napoléon. C'est le cas pour Martin Badoche en 1811 à l'hôpital  de Ceret, où il est resté du 2 au 30 juillet. 28 jours pour une fièvre,...
La maladie la plus fréquente est la fièvre typhoide ou fièvre putride.
La maladie consiste en une septicémie à point de départ intestinal, provoquée par un bacille. La transmission se fait par voie oro-fécale.
Comme l'incubation dure de une à 3 semaines, les soldats infectés peuvent tomber malades  après avoir quitté le lieu de contamination, par exemple pendant leur voyage de retour...
La durée d'hospitalisation varie entre 5 jours et 50 jours.
Le premier cas rencontré date du 27 vendemiaire an 13, à Osnabruck, il s'agit de Henri Roy, natif de Saint-Pourçain fusilier du 45ème régiment.
Les décès en France sont recensés :
  • à Lyon en 1841
  • à Moulins en 1843
  • à Nancy en 1854, à Angers en 1855, à Boulogne sur Mer en 1855
  • à Metz en 1870, à Tours en 1871, à Paris Reuilly en 1871, à Montpellier en 1871
  • à Annecy en 1877
  • à Paris en 1882
Les décès à l'étranger:
  • à Alger en 1840
  • à Rome en 1861
  • à Mascara en 1877
  • en Tunisie en 1881 et 1889

Afrique Tunis hopital Belvedere

Tunis Hôpital du Belvédère

La variole
Elle était très redoutée. C'est une maladie infectieuse d'origine virale, très contagieuse et épidémique. Il existe plusieurs formes dont la forme confluente, avec une éruption cutanée sur tout le corps.
La durée d'incubation est de 10 à 14 jours.
 
  • Jean Reveret hussard  au 8ème régiment meurt après 19 jours d'hospitalisation à l'hôpital militaire de Lille, de variole confluente avec infection purulente
  • Jean Neury fusilier au 99ème régiment d'infanterie de ligne  1er bataillon 5ème compagnie  en meurt le 10/07/1862 à l'hôpital de San Jose de Gracia, à Orizaba (Mexique)
Les 2 autres décès ont lieu en 1871:
  • Jean Baptiste Lacarin  du 12ème dragons à l'hôpital de Nantes le 1er janvier, après une hospitalisation de 2 semaines et
  • Stanislas Arnould garde du 77ème régiment mobile le 07 mars à Gruneck (sans doute comme prisonnier), après 11 jours d'hospitalisation.
Le typhus
 
Le typhus est une maladie très différente de la fièvre thyphoide: alors que la fièvre typhoide est provoquée par des salmonelles, le typhus, lui, est causé par des bactéries transmises à l'homme par des morsures de rongeurs (souris, rats etc...) ou des piqures d'acariens (puces et poux de corps)
La période d'incubation est d'une à deux semaines. Les symptômes apparaissent rapidement: maux de tête, fièvre élevée, toux, éruption, violentes douleurs musculaires.
Le typhus épidémique frappe surtout pendant les périodes de guerre, de disette, et de privation.
Les cas rencontrés proviennent en 1855 et 1856
de Constantinople où sont hospitalisés des soldats  français participant à la guerre de Crimée :
  • Nicolas Dulac fusilier au 28ème régiment  de ligne, numéro 6772 décède à l'hôpital militaire de Gulhané à Constantinople le 15/04/1856 des suites du typhus- La durée de l'hospitalisation n'a pas été précisée.
  • Gilbert Chetenay, voltigeur au 62ème régiment  d'infanterie sous le numéro 3733 décède à l'ambulance  de la première division le 03/03/1856 par suite de typhus
La dysenterie

Il s'agit d'une maladie infectieuse du colon qui peut être grave, aigue ou chronique, caractérisée par des selle fréquentes (diarrhées), accompagnées de fortes crampes abdominales. Elle est provoquée par l'ingestion d'aliments contenant certains micro-organismes, ou d'eau contaminée.
5 cas ont été rencontrés entre 1843 et 1870:
  • Antoine Caillot  fusilier au 41ème régiment d'infanterie de ligne (numéro 13541) décède après 6 jours d'hospitalisation à l'hôpital de Tiaret de dysenterie aigue le 29/06/1843
  • Gilbert Delaure canonnier au 8ème régiment d'artillerie  décède à l'hôpital militaire de la Salpêtrière (Alger), le 12/12/1846 après 33 jours d'hospitalisation de dysenterie chronique
  • Paul Meriaud  du 22ème régiment  de ligne (numéro 6159) décède à l'hôpital civil de Vernon  après 11 jours d'hospitalisation le 08/06/1855  d'ulcères intestinaux suite de dysenteries.
  • François Croizet hussard du 3eme régiment de hussards décède à l'hôpital militaire de Blidah le 08/11/1865 de dysenterie chronique, après plus de 3 mois d'hospitalisation.
  • Antoine Ferriere du 1er régiment du train des équipages décède à l'hôpital civil de la Charité de Lyon  le 17/10/1870 de dysenterie après 3 jours d'hospitalisation.

La tuberculose ou phtisie pulmonaire

La tuberculose pulmonaire est la forme la plus fréquente et la source essentielle de contagion. A partir du poumon le bacille peut diffuser dans l'organisme. Les symptômes sont  fièvre,  toux et amaigrissement. C'est en 1882 que Robert Koch a mis en évidence le bacille tuberculeux.

Les  exemples de décès dus à la tuberculose pulmonaire en France ont eu lieu après une hospitalisation longue:

  • Gilbert Fabre à Mezières le 29/05/1834  après 2 mois et demi
  • Jean Meunier à Lille le 20/01/1839 après 3 semaines
  • Bertrand Lingot à Paris Val de Grâce le 04/05/1841 après 82 jours.

Antoine Champiat, lui, décède à l'hôpital Mam Dink le 23/08/1886 mais la durée d'hospitalisation n'est pas précisée.

Le choléra

Le choléra est une infection intestinale épidémique contagieuse due à une bactérie, caractérisée par des diarrhées brutales abondantes. La contamination est orale d'origine fécale, par l'eau de boisson ou des aliments souillés. La période d'incubation est courte, de 2 heures à 5 jours. La maladie se développe principalement dans des conditions de vie précaires, sans hygiène et approvisionnement en eau difficile, lors de fortes concentrations humaines. Elle se rencontre donc dans les lieux de combat, et est ensuite transportée:
  • François Martin chasseur à pied dans l'Armée d'Afrique meurt à l'hôpital de Biskra le 29/11/1849, le jour de son entrée à l'hôpital
  • Antoine Peronnet chasseur à pied meurt après 2 semaines à l'hôpital militaire du Gros Caillou (à Paris) le 22/05/1849
  • Gabriel Monin fusilier au 32ème régiment de ligne  décède à l'hôpital militaire du Val de Grâce à Paris le 17/06/1854 après 2 jours d'hospitalisation
  • Martin Bonnet fusilier au 14ème régiment de ligne, entré à l'hôpital le 09/10/1855 y est décédé le 21/10/1855 par suite de choléra scorbut. L'avis de décès parvient à la mairie de Jenzat le 06/12/1856.
  • Jean Nebout soldat du 23ème régiment d'infanterie  meurt le 05/11/1885 dans l'ambulance Ke Saat (Tonkin)
Le scorbut est  dû à une grave carence en vitamine C. Il se manifeste initialement par de la fatigue, puis des oedèmes aux membres, puis des hémorragies des muqueuses. Les sujets atteints meurent d'épuisement ou d'une complication respiratoire. Deux cas ont été rencontrés:
  • Louis Ribaud chasseur d'infanterie légère d'Afrique qui meurt le 08/09/1843 à l'hôpital militaire de Cherchell (Algérie) après 18 jours d'hospitalisation
  • Etienne Morion fusilier au 14ème régiment de ligne le 17/01/1856 à l'hôpital militaire Dolma Batché (Constantinople) après 2 jours d'hospitalisation  pour scorbut et congélation des pieds (c'est en janvier...) 

La rougeole, maladie à virus, se transmet par contact direct avec les sécrétions du nez et de la gorge. La période d'incubation silencieuse est d'environ 12 jours; puis apparaissent  une forte fièvre et catarrhe oculo-naso-bronchique fébrile, avec douleurs abdominales, éventuellement diarrhée et vomissements et enfin l'éruption  (apparition progressive de petites plaques). La mortalité de la rougeole est essentiellement secondaire à ses complications pneumologiques.

Deux exemples ont été rencontrés:

  • Antoine Pacaud chasseur au 7ème régiment d'infanterie légère à l'hôpital de Huningue le 14/05/1813 après 18 jours d'hospitalisation
  • Gilbert Viallet fusilier au 72ème régiment de ligne à l'hôpital du Val de Grace (Paris) le 17/03/1860 après 3 semaines d'hospitalisation

La diphtérie

Il s'agit d'une angine infectieuse contagieuse, causée par un bacille (découvert en 1883). Elle apparait après une incubation de 2 à 5 jours. Elle peut entrainer la paralysie (atteinte du système nerveux) ou la mort (atteinte cardiaque)

Pierre Morturier soldat au 1er régiment de zouaves en meurt à Alger à l'hôpital du Wey le 20/11/1885  après une semaine  d'hospitalisation.

Le paludisme

Il s'agit d'une maladie parasitaire due à l'infection par des hematozoaires, transmise par piqure de moustiques, très répandue surtout dans les pays tropicaux. L'affaiblissement de l'état général  peut conduire à la mort.

Claude Buissonnet sergent dans l'infanterie légère d'Afrique, faisant partie des troupes d'Indochine  meurt à l'infirmerie ambulance de Thai Nguyen (Hôpital militaire de Ki Cau) le 01/06/1888 des suites d'anémie, et de fièvre  palustre continue.

La pleuropneumonie

Maladie dans laquelle la plèvre et les poumons sont enflammés, d'origine infectieuse, par bactéries, virus ou parasites...

Gilbert Pacaud fusilier au 70ème régiment  de ligne meurt le 13/07/1845 à l'hôpital militaire rue de Charonne (Paris) de pleuropneumonie  après 2 semaines d'hospitalisation.

Les autres maladies

Dans les années 1840 les soldats présentent des maladies décrites et étudiées par les médecins sur les lieux des combats mais sans pouvoir les comprendre et les guérir, caractérisées par des inflammations accompagnées de forte fièvre, des troubles intestinaux,  de diarrhée etc... comme l'entero-méningite, gastro-céphalite, leuco-phlegmatie,  etc...
  • Jean Forgeron de la 2ème compagnie du 2ème bataillon du 7ème régiment d'infanterie légère décède le 15/04/1825 à l'hôpital militaire de Lyon, après 5 jours d'hospitalisation.
  • Claude Grenet du 61ème d'Infanterie de ligne (n° 8045), entré à l'hôpital militaire de la Salpêtriere à Alger le 12/12/1839, il y est soigné pour une intero-colite mais y décède le 04/02/1840, soit après 2 mois...
  • Claude André chasseur au 3ème régiment d'infanterie légère meurt après 13 jours d'hospitalisation le 01/04/1840 à l'hôpital civil et militaire d'Avignon de gastro-céphalite
  • Jean Fayollet fusilier au 40ème régiment d'infanterie légère décède d'entéro-méningite le 09/08/1848 à l'hôpital militaire de Bayonne

Morts au combat ou des suites de blessures
 
  • Antoine Daubeil fusilier au 14ème régiment d'infanterie de ligne (matricule  n° 8499), natif de Saint-Pourçain  mort sur le champ d'honneur à Tuson (?), province de Catalogne en Espagne le 09/12/1811
  • Joseph Fleury chasseur au 14ème régiment  d'infanterie meurt le 21/10/1812 des suites de ses blessures, à l'hôpital militaire de Rome, après 3 semaines de soins.
  • Jean Janton voltigeur au 48ème régiment d'infanterie de ligne meurt le 09/06/1842 à l'hôpital militaire de Blidah d'un coup de feu à la tête, le jour de son entrée à l'hôpital
  • Jean Mounin (d'Etroussat) tué d'un coup de feu à l'attaque du Petit-Renan, devant Sébastopol le 08/09/1855. Le  décès a été constaté le lendemain lors de la levée des corps sur le champ de bataille.
  • Etienne Sarrassat fusilier au 91ème régiment d'infanterie de ligne meurt le 10/10/1855  d'un coup de feu à la face et fracture de la machoire inférieure après 10 jours de soins à l'hôpital de Varna (Turquie d'Europe)
  • Gilbert Arnoux du 66ème régiment de ligne est décédé à l'ambulance de l'école d'application de l'Artillerie  de l'Armée du Rhin  le 11/09/1870 par suite d'une fracture du tibia par coup de feu et amputation de la jambe droite- après 25 jours d'hospitalisation.
  • Jean Roy soldat du 85ème régiment d'infanterie meurt le 07/06/1874 à l'hôpital militaire  de Saint Martin (Paris 10) après 3 mois d'hospitalisation, pour une infection putride consécutive à un double abcès.
  •  
L'infection des plaies n 'était alors pas comprise, malgré les efforts des médecins et chirurgiens qui cherchaient  les moyens de guérir les plaies et de trouver les pansements adéquats
 
Ceux qui meurent directement sur le champ de bataille ne sont pas identifiés immédiatement et parfois sont portés disparus...

L'annonce du décès parvient aux familles souvent avec beaucoup de retard, ou même pas du tout.
 
Antoine Roudier grenadier au 67ème régiment meurt après un mois d'hospitalisation à l'hôpital militaire de Clagenfurt le 21 aout 1809. Comme il est natif de Chantelle son avis de décès arrive à la mairie de Chantelle, mais seulement le 25 février 1811, soit 18 mois après le décès...

Anne Raix, mariée à Marcelin Saulnier, et dont elle a eu un enfant, n'a plus de nouvelles de son mari depuis 1813. Elle se considère veuve  et souhaite se remarier en 1823 avec Blaise Daguet, mais elle doit d'abord prouver le décès de son mari, soldat dans le 131ème régiment d'infanterie de ligne puis  dans le 62ème.
Le 30/01/1823  elle a obtenu que le jugement du tribunal de Cusset, vu les pièces constatant que son mari est mort dans l'ambulance  de baraques  devant Bayonne, ordonne  que le dit jugement  soit inscrit  sur les registres  d'état civil de la commune de Saint Etienne du Bas où Marcelin  Saulnier habitait avant son départ pour l'armée.
Elle peut alors établir un contrat de mariage  avec Blaise Daguet devant maître Morand le 22/04/1823.


En 1832 les membres de la famille de Mathieu et Barthelemi Jutier attendent encore de savoir ce qui leur est advenu, même s'ils pensent que depuis 1814 ils sont certainement décédés...
Jean Devernes s'est adressé au ministère de la guerre, mais n'a obtenu aucune réponse. Il est donc convaincu que les 2 frères Jutier sont du nombre des soldats morts prisonniers à une époque où on n'adressait plus d'acte de décès.
Jean Devernes et plusieurs membres de la famille Juniet vendent ensemble une pièce de terre, en considérant que Mathieu et Bartelemi sont décédés, et que leurs parts sont passées à leurs héritiers...

Quand les opérations militaires ont eu lieu loin de la France l'annonce du décès parvient dans la commune d'origine très tardivement.
C'est le cas pour Jean Neury, mort le
10/07/1862 au Mexique : l'extrait mortuaire arrive le 28/01/1863 à la mairie de Paray sous Briailles, commune où est domiciliée sa mère. Le décès a été déclaré par le comptable de l'hôpital militaire, Jacques Philippe Mestres, et transmise par le sous-intendant militaire.

 
extrait mortuaire Jean Neury


Ceux qui reviennent sont indemnes ou plus ou moins handicapés.

Sur le sol français meurent également des soldats étrangers, comme à l'hospice de Saint-Pourçain :Il s'agit du décès de Joseph Hernandez caporal 1er régiment espagnol dit de Murcia, faisant partie d'un détachement des prisonniers de guerre se rendant à Troyes, et né le 04/12/1789. Entré à l'hôpital de 06/07/1812  il décède 4 jours après.

 
Participation de la population civile aux efforts de guerre
 
Au cours du 19ème siècle les guerres ont  lieu surtout à l'étranger, les soldats quittent alors leurs familles  et meurent au loin. La population civile peut alors être mise à contribution pour
  • soigner les blessés

En 1859 lors de la guerre d'Italie l'impératrice et "ses dames" préparent

des bandes à pansement et de la charpie pour nos soldats de l'armée d'Italie 

Les préfets sont chargés d'imiter le bon exemple en incitant les maires à encourager la population à participer à l'effort national en déposant  vieux linge et  charpie pour faire des pansements.....

il est préférable de laisser à l'administration le soin de faire fabriquer les bandes: à Moulins les institutrices, les directrices des salle d'asile et les soeurs des hôpitaux font confectionner la charpie dans leurs établissements.

  • participer financièrement  aux frais de guerre

Des souscriptions sont organisées par exemple, "en faveur des blessés et des familles des militaires et marins tués ou blessés à l'armée d'Italie". Les maires doivent transmettre  les listes de souscription  au préfet par l'intermédiaire des sous préfets.

  • fournir des chevaux,  des productions alimentaires etc...
Ainsi en 1814 Sebastien Bazelier, charpentier à Bellenaves a construit  pour la municipalité un lit de camp pour les prisonniers de guerre. Pour ce faire il a fourni les objets nécessaires, pour 50 francs. Il envoie une lettre au maire en 1822 pour que l'ancienne administration municipale de Bellenaves atteste les faits, car il réclame la somme qui lui est due.


Lors de 2 périodes décisives la population française est  confrontée à la guerre sur son sol:
  • suite à la défaite de Napoléon I après Waterloo la France est occupée par des troupes "alliées"

La Convention de Saint-Cloud du 3 juillet 1815 prévoit le retrait des troupes françaises au sud de la Loire. Une ligne de démarcation est formée par la rive gauche de la Loire jusqu'au confluent de l'Allier, par la rive gauche de cette rivière, la limite des départements de la Lozère et de l'Ardèche jusqu'au Rhône et par la rive droite du Rhône  jusqu'à son embouchure.

Le maréchal Duc de Tarente, devient le commandant en chef de l'armée de la Loire, forte de 40000 hommes. Il doit licencier l'armée de la Loire en réglant les comptes de soldats. Installé à Bourges il envoie aux maires par l'intermédiaire des préfets un imprimé "ordre général de l'Armée" pour expliquer les conditions  de déplacements des militaires, de part et d'autre de la ligne de démarcation.

Les militaires ne sont pas autorisés à abandonner leur régiment sans autorisation légale. Les maires doivent donc  s'assurer si ces militaires sont rentrés dans leur foyer  afin qu'ils soient convoqués  au chef lieu du département  pour concourir à la formation de la légion (ordonnance du roi du 3 aout 1815)

Le département de l'Allier se situant dans la zone non occupée par les troupes étrangères, la ville de Moulins est désignée comme point de passage de la ligne de démarcation. La population n'est donc pas soumise directement aux exigences des armées occupantes, mais elle doit participer à l'entretien de l'armée de la Loire jusqu'à sa suppression et de plus à la fourniture des denrées destinées à la subsistance des troupes alliées. C'est à Moulins dans les magasins militaires que sont regroupées les marchandises. Les ordres de livraison sous impérieux pour éviter une exécution militaire...

Une imposition extraordinaire est décidée le 8 aout  1815  pour les réquisitions de guerre de 1815. C'est le préfet qui coordonne la participation des communes, qui sont tenues de fournir du ravitaillement pour la subsistance des troupes, le fourrage, le logement des officiers, les voitures etc...

Une compagnie du 4ème régiment de dragons doit arriver à Bellenaves le 8 aout 1815. Le sous préfet  de Gannat demande donc au maire  de se procurer les vivres et les fourrages nécessaires. Il pourra s'approvisionner par réquisition  sur les communes voisines de Saint-Bonnet, Tison, Naves, Valignat, Echassière, Lourroux, Vermusse et Chirat l'Eglise.

L'état major du 4ème dragons doit arriver à Bellenaves. Le maire est donc invité le 3 septembre 1815 par le sous-préfet à préparer les vivres pain et fourrages. Le pain seulement doit être délivré à la troupe, les officiers  doivent se procurer des pensions  5 jours après leur arrivée et vivront à leurs frais, la troupe au moyen de la solde. Vivra pour ordinaire de 8 ou 10 hommes successivement dans chaque logement (????).

Le préfet demande au maire de Bellenaves le 29 aout 1815 à l'occasion de la fête Saint-Louis de faire aux troupes du Roi cantonnées dans la commune

une distribution de vin, à raison d'une bouteille par homme et une livre  de viande

Les habitants sollicités n'obéissent pas toujours aux réquisitions. Le sous-préfet de Gannat qui réclame au maire de Bellenaves 4 voitures à un collier précise le 7 octobre  1815 :

ceux qui n'obéiraient pas à votre réquisitoire seront punis sévèrement

Les officiers logés réclament parfois plus que ce dont ils ont droit. Des officiers généraux, supérieurs et autres de l'armée française exigent que leurs hôtes leur fournissent la table. Il ne leur est rien dû que le logement. Le préfet prévient que les hôtes sont en droit de se faire rembourser leurs dépenses.

Le maire de Saint-Pourçain écrit à celui de Bayet pour lui réclamer  de faire livrer  au magasin militaire  blé, froment, fourrages, foin et paille. Le prix fixé par le gouvernement, est payé par commissionnaire, selon l'arrêté du préfet de l'Allier du 10 juillet 1815.

Le 7 octobre 1815 la solde des troupes stationnées sera mise au courant, les vivres de campagne cesseront donc  d'être fournis ainsi que le logement, outre que ceux des sous-officiers et soldats. Les officiers s'en pourvoiront moyennant l'indemnité qui leur est allouée par le règlement.
 
Une commission départementale est créée en vertu de l'article 6 de la loi du 28 avril 1816, Elle liquide les créances pour fournitures faites aux troupes qui ont occupé le département en 1815.
En plus de l'imposition extraordinaire du 8 aout 1815 une seconde de 25 centimes sur les 4 contributions directes de 1817, proposée par la commission, a été approuvée par ordonnance du Roi.
Parmi les contribuables certains sont également créanciers du département pour ces fournitures. Ils ont donc droit  de réclamer une juste compensation de ce qu'ils doivent avec ce qui leur est dû.
En février 1818 le préfet  adresse au maire de Bellenaves l'état de liquidation des fournitures faites par les habitants de la commune en 1815. Chaque créancier doit vérifier qu'il y est bien porté. Seules les réclamations  pour cause d'omission seront acceptées, jusqu 'au 1er mars 1818...
 
 Le remboursement est effectué très longtemps après. Ainsi ce n'est qu'en 1820 que le percepteur de l'arrondissement de perception de Bayet reçoit du maire de la commune un mandat de 42,36 francs imputable sur le fonds d'impositions extraordinaires affectées au paiement des dépenses résultant de l'occupation militaire de 1815. La somme peut alors être distribuée par le percepteur entre les créanciers-contribuables de la commune de Bayet.
 

Quelles sont les conséquences précises sur la population de ces quelques mois de situation particulière?

Certes ce sont les propriétaires qui sont sollicités pour fournir les vivres, les chevaux etc...et qui sont nommés dans les écrits mais les fermiers et les colons sont également affectés par les mesures prises par le gouvernement...

Ainsi à Bellenaves le 7 septembre 1815 Rigaud métayer du sieur Delapelin à Soignat est
 requis et invité à conduire de suite au magasin à Bellenave la quantité de 3 quintaux de paille 11 livres la botte à valoir sur sa portion contributive dont il est imposé au rôle de recouvrement fait en vertu de l'arrêté de monsieur le préfet de l'Allier en date du 8 aout  sous peine d'y être contraint.
  •  Suite à la défaite de Napoléon III après Sedan la défense nationale est organisée. Des comités de défense sont formés au niveau départemental.

Le préfet est chargé de l'organisation d'urgence des gardes nationaux mobiles, y compris la classe de 1869. Les classes appelées sont celles de 1865-1866-1867-1868-1869.
Les mobiles recevront une solde de 1 franc par jour. Ils seront logés provisoirement chez les habitants; chacun d'eux en quittant sa commune devra se pourvoir de deux chemises et d'une paire de souliers. L'uniforme se composera  d'une blouse bleue avec galons rouges en croix sur la manche, d'une ceinture et d'un képi.
Ils seront exercés au chef-lieu de leur circonscription jusqu'au jour de leur départ.

En novembre 1870, dans l'Allier, une souscription à un emprunt départemental est prévue. Le comité de Moulins souhaite obtenir du gouvernement  des capsules ainsi que des fusils nécessaires à l'armement de la garde nationale mobilisée.
Le comité central réuni à Clermont envisage de former un camp retranché pour recevoir les bestiaux et les approvisionnements, et qui serait situé entre Riom et Clermont.
En vertu du décret du 22 octobre 1870 une imposition extraordinaire de 2482 francs est votée à Billy.
La loi du 13 juin 1851 sur la garde nationale sédentaire est remise en vigueur. Les sous-préfets demandent donc le 20 aout 1870 aux maires  de nommer des conseils de recensement et en urgence de nommer les cadres.
Tous les citoyens de 21 à 60 ans sont susceptibles de faire partie de la garde nationale. Mais comme l'équipement reste à la charge du garde suels ceux qui disposent de moyens financiers peuvent en faire partie...
Le 6 septembre le préfet envoie aux maires de l'armement: ainsi le maire de Billy reçoit 48 fusils pour l'armement d'une partie des gardes nationaux. Aux termes de la loi les réparations, l'entretien et le prix des armes constituent une dépense obligatoire pour les communes.
Le 16 septembre 1870 le préfet  demande aux maires de faire appel à la formation de "Corps francs", recrutés parmi les gardes nationaux ou parmi les jeunes  de moins de 20 ans; "qu'ils se composent d'hommes rompus aux fatigues de la marche et de la chasse.... Ils se muniront eux-mêmes de fusils de chasse ou recevront des carabines
"qu'il n'y ait pas une activité, pas une arme qui ne soient employées au service de la Patrie"

Le garde des sceaux, par l'intermédiaire des préfets demande aux maires en septembre 1870 de suivre l'arrêté qui n'autorise pas les sujets des états actuellement en guerre avec la France  d'y établir leur domicile. Dans le cas où des sujets allemands domiciliés dans la commune formeraient  des demandes d'autorisations de résidence, le maire  devra adresser au préfet les demandes ainsi que les renseignements sur les pétitionnaires.

 

Les fusils nécessaires pour armer tous les hommes n'arrivent que peu à peu.
La mobilisation d'une partie de la garde nationale sédentaire des communes est décidée le 1er octobre 1870.
L'équipement et l'habillement des gardes mobilisés est obligatoire, la commune devra venir en aide à ceux qui ne pourraient faire la dépense; le département pourrait venir en aide à la commune  en cas d'insuffisance de ressource municipale dûment constatée.
Les gardes mobilisés devront être armés de fusils et être exercés "sans relâche" au maniement des armes.


La présence d'espions  prussiens sur le sol français est supposée et crainte. C'est ainsi qu'est envoyée dans toutes le communes du département une feuille à afficher à la porte de la mairie:

Signes trouvés sur des arbres dans le canton du Donjon (Allier). on suppose que ce sont des indications tracées par des agents prussiens. on est prié d'examiner les arbres qui se trouvent sur le bord des routes, et dans le cas où l'on découvrirait quelques signes de ce genre d'en faire part à la préfecture.

signes arbres 1870

 
En temps de paix la population civile doit parfois participer aux actions militaires, c'est le cas lors des manoeuvres  qui conduisent les régiments lors des casernes.

Des granges, des écuries et autres bâtiments spacieux qui abritent des habitants, des animaux de culture,  des produits agricoles peuvent être réquisitionnés pour les besoins de l'armée....

 
militaire manoeuvres 1909
 
manoeuvres dans le Bourbonnais en 1909

Suite aux grandes manoeuvres de 1893, deux cultivateurs de Saint-Pont  forment une réclamation le 17 septembre 1893 pour les dommages subis:
  • Jean Arlay demeurant à la Chaume Benite demande 120 francs pour
une vigne qui a été  saccagée et une partie de la récolte non encore vendangée et perdue, les échalas sont renversés et brisés.
  • Claude Nougaret demeurant à la Chaussecourte 10 francs pour
une vigne et un champ de colza situés à Chaussecourte piétinés,  les plants de vigne cassés  et le colza perdu.
 
miliatiare manoeuvres infanterie