Les handicaps, les maladies, la mort

L'état de santé du cultivateur - les soins apportés - prise en charge des handicapés - la mort chez le cultivateur

Les handicaps, les maladies, et la mort sont des affaires de famille la plupart du temps....

L'état de santé du cultivateur

Deux sources de documents

  •  les registres de recensement

en effet les maires des communes de l'Allier sont invités  certaines années à renseigner sur l'état de santé des habitants dans une colonne "observations", à coté d'autres éléments.

En 1841 seuls renseignements prévus: aveugle, enfant trouvé, aliéné
En 1846 aliéné dangereux, aliéné non dangereux, sourd-muet, aveugle, enfants trouvés.
En 1851 maladies et infirmités apparentes:
aveugles, borgnes, sourds et muets, aliénés à domicile, aliénés dans des établissements particuliers, individus atteints du goitre, affligés d'une déviation de la colonne vertébrale, de la perte d'un bras, d'une jambe, Pieds bots. Autres maladies ou infirmités apparentes:boiteux, paralysés...
En 1856,  1861, 1866, 1872 les mêmes indications qu'en 1846
En 1876 fou, idiot, crétin,ou goitreux, sourd-muet, aveugle
A partir de 1881 aucune indication n'est prévue concernant  les handicaps.
Les registres sont tenus avec plus ou moins de soin et les renseignements fournis manquent de rigueur. Les rédacteurs des registres ne travaillent pas toujours avec beaucoup de précision.
  • les documents militaires concernant le service militaire

Plus riches mais lacunaires puisqu'ils ne s'occupent que des garçons les documents concernant le conseil de révisions.

Par exemple dans le canton d'Escurolles en 1841 lors de l'examen des jeunes de la classe 1840, la liste contient 138 noms de garçons nés en 1820:

  • 33 sont exemptés pour motifs de santé
  • 17 sont exemptés pour raisons familiales
  • 39 sont jugés propres au service.

Le dernier de la liste dont le cas est examiné est le 89. Au-delà le tirage est favorable...Le pourcentage de jeunes garçons en bonne santé est donc plutôt faible....

Généralement l'état de santé n'est pas bon.

 

Les problèmes de santé

les pathologies :

  •  Les maladies de peau : scrofules, teignes, dartres, abcès

l'expression "scrofules" n'est plus utilisée, mais au 19ème elle désignait une infection chronique  de la peau et des muqueuses ou une inflammation  des ganglions et des articulations. Actuellement elles sont classées parmi les affections tuberculeuses ou syphilitiques.(www.cnrtl.fr/lexicographie/scrofule)

  •  Les problèmes circulatoires : varices, maladies cardiaques

Les termes employés pour désigner les maladies diffèrent beaucoup du vocabulaire actuel. Par exemple à Marcenat en 1851 Gilbert Vichy 16 ans  fils de Gilbert fermier cultivateur est hydropique, c'est à dire atteint d'hydropisie. Or l'hydropisie est une pathologie qui entraine de la rétention d'eau dans les tissus internes, mais ce n'est qu'un des symptômes d'insuffisance cardiaque, ou rénale ou de l'appareil digestif...

  • Les problèmes respiratoires : phtisie pulmonaire, asthme, «conformation vicieuse de la poitrine» et épanchement par suite de pleuropneumonie

Jacques Faulque propriétaire cultivateur à Billy  40 ans est indiqué comme asthmatique en 1851.

  •  Les problèmes articulaires
  •  L'état général déficient : rachitisme, hernies, état maladif, mauvaises dents
  •  Les problèmes hormonaux : goitre

par exemple en 1851 à Marcenat : Anne Bonnet locataire, veuve Barnabé 50 ans et Marie Adam femme de Bertrand  Ray cultivateur

  •  Les maladies des yeux : ophtalmie scrofulente, cataracte
  •  L'épilepsie

Les handicaps de naissance

  • Le bec de lièvre

Jean Barthelat, fils aîné de Claude locataire à Saint-Remy en Rollat, est recensé comme infirme pour "bec de lièvre", en 1841

  • la surdité

Les sourds de naissance sont aussi muets car ils n'ont pas été rééduqués....

Jean Delarse célibataire de 35 ans en 1846 à Saint Gerand de Vaux  est indiqué  sourd et muet de naissance.

Marie Chesseret âgée de 12 ans en 1851 à Taxat Senat  est sourde-muette, la seule parmi les 6 enfants de Antoine Chesseret, colon.

Thomas Bonin et Antoinette Barsot, cultivateurs à Perigny en 1861 ont 3 enfants, tous sourds-muets de naissance : Jean 5 ans, Gaspard 3 ans et Gilbert 2 ans.

  • la cécité

A Chantelle Joseph Fayollet  vigneron colon  et Victoire Boissonnet ont 6 enfants dont Pierre né le 03/03/1829 et Gilbert dit Joseph le 02/06/1833. Pierre est le 3ème et Joseph le 5ème.
Ils sont tous les deux aveugles de naissance.

  • Les malformations

de toutes sortes touchent les membres, le bassin, le thorax, les pieds, l'atrophie d'un membre, le pied bot, la boiterie

Catherine Cailleton, âgée de 28 ans en 1851 à Billy a un pied bot.

Gilbert Papon 70 ans demeurant à Billy en 1851 présente le même handicap
Les boiteux de tous âges sont nombreux, mais relevés seulement en 1851!....

  • François Champagnat  fils de Gilbert journalier au Mayet d'Ecole, 9 ans en 1851
  • Magdeleine Migeon, âgée de 10 ans fille aînée de Jean journalier cultivateur à Bayet en 1851
  • Jean Laurent 18 ans, fils de Jean fermier à Bayet en 1851
  • Pierre Neury cultivateur de 20 ans à Boucé en 1851
  • Anne Burlurut 38 ans femme de Joseph Lachaussée, propriétaire cultivateur en 1851
  • Jean Bisatre 42 ans, colon à Taxat-Senat en 1851
  • Marie et Madeleine Serre, deux soeurs âgées de 48 et 36 ans, toutes les 2 boiteuses, demeurent chez leur jeune frère Jacques , marié et colon à Taxat Senat en 1851
  • Jacques Ferriez, 65 ans, marié, colon à Taxat Senat en 1851
  • Le défaut de croissance
Claude Delorme, fils de Jean et de Madeleine Monicot  demeurant à Saint Germain des Fossés est recensé en 1841 comme "nain".
  • les bossus 

de tous âges....et pour des motifs variés: de naissance ou déformation de la colonne vertébrale

Les handicaps suite à des accidents ou des maladies

  •  la cécité, la surdité

Jean Moraud laboureur à Saint Gerand de Vaux, veuf et âgé de 71 ans en 1846, et aveugle depuis 5 ans, donc à 66 ans.

Claude Gueret est déclaré sourd-muet depuis l'âge de 8 ans lors du recensement de 1872 à Billy, ce qui est assez étonnant car s'il est devenu sourd à 8 ans, il savait parler à ce moment là. ...

Marie Chargueraud née vers 1819 est "sourde et muette depuis l'âge de 4 ans". Comme pour Claude Gueret,  sa surdité a certainement été causé par une maladie d'enfance, qui a entrainé le mutisme, l'enfant n'ayant pas été pris en charge....

A Billy en 1851 Simon Saulnier 59 ans et Louise Sechaud 40 ans, locataires cultivateurs sont indiqués tous les deux comme sourds,  ils sont mariés et ont 5 enfants de 20 à 6 ans,  rien ne précise l'origine et la date de leur handicap...

Si ce n'est pas de naissance le handicap touche aussi beaucoup de personnes vieillissantes.

  • Les malformations dues à des accidents

comme l'incurvation de la jambe suite à une fracture, la boiterie, la perte  de doigts à la main droite, la perte de l'usage des membres inférieurs, etc sont aussi fréquentes....

 

Au Mayet d'Ecole en 1851 deux personnes boiteuses sont indiquées "boiteux d'une brisure":Julien Beaulieu âgé de 12 ans fils de Louis propriétaire cultivateur et Gilbert Beaumont 60 ans, propriétaire

 

Quant à la déviation de la colonne vertébrale, citée plusieurs fois dans les recensements de 1851 il n'est pas précisé si elle est survenue pendant la croissance, lors de  la vieillesse ou lors d'un accident....

Sont nommés entre autres personnes:

Jeanne Bonnamour 25 ans à Crechy

Françoise Viallet 50 ans à Brout-Vernet

Gabriel Dauprat 71 ans à Billy

 

En 1851 le registre de recensement dénombre les borgnes: on en trouve ainsi 2 à Billy,  4 à Saint-Didier en Rollat, un à Crechy, d'âges variés....

 

  • les paralysies partielles ou totales

L'origine de la paralysie n'est pas mentionnée.

Quand ce sont des enfants qui sont affectés on pense à la poliomyélite, maladie virale qui affecte habituellement les enfants en bas âge; elle provoque une paralysie des jambes et peut atteindre l'appareil respiratoire. La maladie est connue depuis longtemps mais son étude ne commence qu'au courant du 19ème siècle ....

Plusieurs enfants sont recensés comme paralytiques :

  • Petronille Dupuy âgée de 10 ans à Bayet 
  • Catherine Mechin 11 ans à Marcenat  est infirme du coté gauche en entier, bras et jambe
  • Jeanne Danière, 16 ans en 1851, à Bayet, est paralytique des 2 jambes.

Certains cumulent plusieurs handicaps:

  • Claude Dion  fils d'Antoine journalier à Bayet et de Marie Lomet est sourd muet et paralytique  en 1851. Il est âgé de 11 ans.
  • Jean Chassin, "enfant abandonné" de 11 ans demeurant chez Magdeleine Gazet veuve Bournat  à Marcenat  est recensé en 1851 à l'âge de 11 ans comme paralysé du côté gauche, sourd et presque muet...

Les infirmités ne sont pas toujours détaillées. Gilberte Imbert, fille de Jean journalier et de Gilberte Cote est indiquée en 1846 comme "infirme" lors du recensement de Saint Gerand de Vaux....

 

Handicapés mentaux : idiotisme, l'aliénation mentale, la folie

idiot, aliéné léger ou dangereux etc...
Pour les garçons le conseil de révision permet de déceler le problème officiellement.
Pour les filles  c'est la famille et l'entourage qui prend conscience du problème...

 

Certains malades deviennent "aliénés dangereux" après avoir mené une vie "normale": ainsi Anne Pionat qui s'est mariée, a eu 2 filles en 1845 et 1846 et est veuve depuis 1847 est placée à l'hospice de Sainte Catherine  comme  "aliénée dangereuse". Ce ne peut pas être  de "naissance". Que s'est-il passé dans sa vie pour déclencher son "aliénation"??

 

Ce n'est qu'à la fin du 19ème siècle que les «aliénistes» s'occupent du problème. Jusque là la médecine est impuissante et se contente d"éloigner et d'enfermer les malades pour préserver la société....

 

Les maladies courantes

 

Peu de documents abordent la question des maladies contractées par la population comme l'angine, la grippe, le choléra etc...les maladies enfantines rougeole, coqueluche, oreillons, varicelle etc....

Sur les actes de décès la cause de la mort en général n'est pas indiquée. L'arrivée des épidémies importantes sont plus ou moins mentionnées dans les archives municipales (voir le rôle du maire), mais sans renseignements précis sur la mortalité de la population.

Cependant si on relève le nombre de décès chaque année on constate que les registres de certaines années comptabilisent beaucoup plus de décès qu' en d'autres années:

  • à Varennes sur Allier

La mortalité y est forte entre 1820 et 1829 avec un pic de 134 décès en 1825. S'en suit une période plus favorable jusqu'en 1836 (entre 67 et 92 décès), puis une nouvelle montée entre 1837 et 1840 avec le pic en 1838 de 129 décès. L'année 1842 présente 102 décès et 1847 133. Le deuxième partie du siècle est nettement plus favorable : entre 30 décès (en 1872) et 79 (en 1871).

Si on compare avec d'autres communes des environs:

  • à Saint-Pourçain:

la même période à forte mortalité entre 1820 et 1829, présentant un pic de 170 décès en 1825, un autre pic de 130 décès en 1839 , une nouvelle période entre 1844 et 1850 avec 162 en 1844, 149 en 1846 et 145 en 1849 et le dernier pic important du siècle  de 176 décès en 1859, entouré de plusieurs années à 130 ou plus.

Pour les communes moins peuplées on constate également des pics de mortalité mais plus ponctuels. A Bellenaves 75 décès en 1825, 74 en 1834, 76 en 1846, 86 en 1859, 70 en 1862, la moyenne des autres années étant située vers 40.

  • A Vendat

la situation est y moins nette, avec cependant le pic en 1825 et 1826 (38 et 46 décès), entre 1837 et 1840: entre 30 et 37, en 1849: 40, en 1852 42,  et en 1859 49- le pic le plus élevé à Vendat.

  • A Saint-Remy

le pic le plus important et aussi le plus long se situe entre 1822 et 1829  avec 57 décès en 1825 puis quelques années  comme 1840 avec 35 entre 1849 et 1852 autour de 34,  34 en 1856 et 33 en 1859. Dans la deuxième partie du siècle la moyenne est de 20

  • A Rongères

le nombre de décès varie entre 2 en 1888 et 25 en 1822 et 1839

  • A Bayet

on retrouve les pics autour de 1825 (44), de 1849 (35) de 1859 (36) et 1871 (35)

  • A Billy

le nombre de décès tournant la plupart du temps autour de 20 peu de pics sont constatés: 59 en 1822 41 en 1859 44 en 1884.

Pour la France on a beaucoup parlé de l'épidémie de choléra  de 1832, mais en ce qui concerne le département de l'Allier et en particulier la zone  étudiée, le choléra ne semble pas avoir causé beaucoup de décès, puisque pour l'année 1834 on recense:

  • Varennes 92
  • Saint-Pourçain 106
  • Bellenaves 74
  • Vendat 21
  • Saint-Remy 30
  • Rongères 20
  • Bayet 30
  • Billy 30

Ce n'est qu'à Bellenaves qu'on retrouve un pic important en 1834.

Mais il est impossible sans autre document de savoir à quelle maladie étaient dûs ces pics de mortalité, entre choléra, grippe etc....mais les années  1825, 1849, 1859, 1871 semblent avoir été particulièrement touchées.

Les soins apportés

à domicile

Les soins manquent d'efficacité, les malades hésitent à consulter un médecin, les frais représentent une dépense importante dans le budget de la plupart des cultivateurs...
Les progrès importants de la médecine commencent à améliorer la situation à la fin du siècle....

Les médecins, les sages femmes, les chirurgiens se déplacent.

Ainsi à Saint Gerand de Vaux, en 1824 Jean Chadrin meurt après avoir été vu par le médecin de Varennes plusieurs fois et avoir reçu des médicaments.

Sa femme Marie Tantot meurt en 1825 avoir avoir été vue par le chirugien accoucheur, qui lui a également donné des médicaments, mais elle meurt également. Elle n'a pas accouché, aucun acte de naissance ou d'enfant mort-né ne figure sur le registre. Alors peut-être a-telle fait une fausse couche qui s'est mal passée....

Son mari est décédé en fin septembre 1824 et elle décède le 11 mars 1825, elle devrait donc avoir été enceinte de 6 mois?.....

Les médecins travaillent dans les communes d'une certaine importance mais rarement dans les villages.
Ainsi en 1841 à Vichy le pharmacien Pierre Batillat habite dans le quartier des bains, le médecin, Victor Noyer à la ville, ainsi qu'une accoucheuse Anne Labrosse, veuve Ponthenier.

En 1841 le médecin de Billy, Gaetan Crema, célibataire et demeurant avec une domestique, est italien, les étrangers formant vraiment une grande exception! En 1846 le médecin à Billy a changé: c'est alors Jean- Baptiste Perret âgé de 36 ans, marié et père d'une fille d'un an.
En 1846 Varennes sur Allier dispose :

  • de 2 médecins : Charles Villard docteur en médecine, âgé de 67 ans et François Auguste Villard, âgé de 40 ans, son fils
  • d'un pharmacien, Pierre Dupuis âgé de 31 ans
  • d'un dentiste, J. Fondeville âgé de 34 ans

en 1851 Chantelle dispose

  • d'un pharmacien, Martin Barthelemy âgé de 49 ans
  • de 2 médecins, père et fils, René Mignot âgé de 69 ans et  Antoine Mignot de 27 ans
  • d'une sage-femme, Marie Anne Avignon, veuve de 58 ans
  • d'un vétérinaire Antoine Rabusson 23 ans, fils d'un boucher.

en 1861 Gannat est bien pourvu:

  • 3 pharmaciens : Christophe Brun 24 ans, Gabriel Fortineau 34 ans, Pierre  Edmond Paturet 50 ans
  • 3 médecins : Antoine Vannaire  35 ans, Jacques Paul Trapenard  46 ans, Jean Pierre Viallard 77 ans
  • 2 sages-femmes : Anne Rose Grenet épouse Cognat  50 ans, Gilberte Grangier veuve Ducholet 63 ans

Les sages-femmes s'occupent des accouchements. Elles sont formées dans des écoles départementales et sont choisies parmi des filles sachant lire et écrire.
 

Si les malades font appel à des rebouteux ou autres guérisseurs ils ne laissent pas de traces, dans les recensements seuls apparaissent les médecins....

Un rebouteux qui officie avec une branche de sauge en 1842 (Bourbonnais  Christine Bonneton Editeur page 207)

Mais de nombreuses communes ne disposent ni de médecin ni de pharmacien.

D'ailleurs même lors du recensement de 1851, pourtant particulièrement précis, la récapitulation de la population par professions comptabilise médecin et pharmacien ensemble.....

Les frais sont élevés...

Les malades restent en général à leur domicile, et font éventuellement  appel au médecin.

 

L'adjudication des fournitures à l'hospice de Gayette datant de 1869 (Thyraud 22/11/1869), dont les médicaments, permet de se faire une idée sur les médicaments alors en usage:

  • 10l de sirop de Limons
  • 2l de sirop digitale de Labelenye
  • 2l de sirop fitrellendrie(??)
  • 2l de sirop iodure de fer
  • 2l de sirop Valériane
  • 2l huile de foie de morue blonde
  • 1l huile de ricin
  • 3l d'essence de térébenthine
  • 2l chlorure de soude
  • 1l chlorure de potasse
  • 1l de baume de Fioravanti
  • 3 flacons de baume Opodeldoch
  • 500g de teinture de noix vomique
  • 1l de teinture digitale éthérée
  • 60g extrait d'opium en 2 pots
  • 30g d'extrait de quino mou(??)
  • 15g d'extrait.(???) stramonium
  • 15g d'extrait Colombo
  • 5g d'iode pur
  • 250g d'iodure de plomb
  • 500g de tamate (???)de plomb
  • 5g de codéine
  • 2g de sulfate de strychnine
  • 2kg de sulfate de soude
  • 250g de sous-nitrate de bismuth
  • 5g de vermillon
  • 5g de minium
  • 50g de jalap en poudre
  • 60g de poudre de Dov....(??)
  • 125g de noix de muscade
  • 1kg de gomme arabique
  • 500g de gomme pelée (ou pilée?)
  • 500g d'acide oxalique
  • 1kg de cire jaune
  • 6 rouleaux de Diachilum (??)
  • 1kg de sucre noir
  • 15kg de bois de réglisse
  • 8kg de farine de moutarde
  • 60kg de farine de lin
  • 6 douzaines assorties de boites à pilules

Tous ces produits permettent de confectionner différents remèdes employés sous forme d'infusions ou en friction etc....
On en attend des effets sédatifs, analgésiques, diurétiques, laxatifs, fortifiants, dans les problèmes cardiaques, cutanés, d'estomac, les rhumatismes,  l'anémie etc....

Les découvertes, en particulier de Pasteur font progresser la médecine à la fin du siècle, avec les vaccins et la lutte contre les microbes....

à l'hospice

Les malades peuvent aussi être hospitalisés, dans un hospice. Dans la plupart du temps ce sont les personnes sans familles, les veufs ou veuves, les domestiques, qui sont conduits à hospice pour cause de maladie...

Cependant des enfants ou des adultes ayant famille peuvent être hospitalisés, sans qu'on sache si leur état est jugé particulièrement grave, si la famille veut se décharger des soins, ou si elle ne peut pas payer les médicaments et le médecin...

Par exemple Paul Meunier, cultivateur à Dayalot (Billy), âgé de 24 ans, marié à Gilberte Guyot et vivant avec sa mère veuve Cecile Adam, est absent de son domicile à Billy en 1856 car il est indiqué "à l'hospice de Gayette pour maladie". Lors du recensement de 1861 il est de nouveau auprès de sa femme et de sa mère....Il meurt chez lui à Dayalot le 21/08/1876, soit 20 ans plus tard, il s'est donc remis de sa maladie.... 

Le nombre d'établissements augmente durant le 19ème siècle.

Hospice de Gayette à Montoldre

 

hospice Gayette a Montoldre
 

En 1848 plusieurs décès ont lieu à l'hospice, décès déclarés par les mêmes témoins, employés à l'hospice. Ils précisent à chaque fois que le décès est "arrivé par suite de maladie":
le 27/11 Mathieu Thévenet 42 ans marié et journalier à Varennes
le 29/11 Jean Chabard âgé de 61 ans, marié et locataire à Varennes
Le 29/11 Claude Laubertrond 28 ans célibataire, locataire à Varennes


Hôpital-hospice de Chantelle

hospice Chantelle
 

En 1858, par exemple, Jeanne Durieux âgée de 5 ans et fille de cultivateurs demeurant à Fleuriel est hospitalisée à l'hôpital de la ville et y décède le 25 octobre.

La même année Geneviève Roumeau âgée de 45 ans et épouse de Antoine Metenier, vigneron à Chantelle, également hospitalisée, décède à l'hôpital le 22 octobre. Ce sont 2 domestiques  de l'hôpital qui déclarent le décès....


Hôpital de Saint-Pourçain, rue Maison Dieu

Saint Pourcain hopital


Les hommes et les femmes malades y sont soignés, pendant plusieurs jours :

  • Marie Lourdin domestique de 22 ans  décède au bout de 11 jours, le 23/02/1812
  • Marie Charillion 55 ans , au bout de 15 jours le 31/03/1812


Hôpital Saint-Joseph à Moulins

hopital St Joseph a Moulins
 

  • Gilbert Persignat, journalier de 82 ans et venant du dépôt de mendicité meurt à l'hôpital Saint-Joseph. Comme il est né à Saint-Pourçain son extrait de décès est transmis à la mairie de Saint-Pourçain.
  • Jean Chesne, âgé de 19 ans, jardinier de Saint Felix est hospitalisé en 1827 à Moulins, où il décède le 26/11/1827.


Hospice d'Ebreuil

hopital eglise maison ste Marie Ebreuil

 En 1866 8 malades âgés de 14 à 83 ans y sont recensés.

Hospice de Vichy

hopital Vichy
 

En 1842 l'hospice recense 40 décès de personnes de tous âges, et venant d'Espinasse, de Vendat, de Chatel-Montagne, de Busset, de Saint Germain de Salles, de Brugheat, la plupart sont cultivateurs.


Hospice de Gannat

Gannat hopital

Gannat hôpital

Les malades hospitalisés qui décèdent en 1853, en dehors des vieillards, sont en général originaires d'autres régions, comme Antoine Boyer maçon de 28 ans  du Puy de Dôme ou Jean Dupalet ouvrier chartier de 32 ans de Romeuf.

 

La prise en charge des handicapés

 

Il faut remarquer que les handicapés, qui sont jugés impropres au service militaire, peuvent en général travailler comme cultivateurs, si le handicap n'est pas trop invalidant.

Pour les cultivateurs, ce sont évidemment les handicaps dans les mouvements, pied bot, paralysie  même partielle  et la cécité qui sont les plus difficiles à gérer. Les  aliénés non dangereux, les sourds, les boiteux  peuvent être employés dans l'agriculture...

 

Les femmes handicapées exercent parfois des professions compatibles à leur état, par exemple Marguerite Query âgée de 22 ans en 1866 travaille comme couturière à Saint Gérand le Puy. Elle a auprès d'elle sa fille de 6 mois..

Par la famille
La prise en charge est faite en général par la famille, car il n'existe pas de structures adaptées à chaque type de handicaps.
Les frères ou soeurs prennent souvent le relai  à la mort des parents pour veiller sur un frère ou une soeur handicapé.

  • Quand François Gueret rend les comptes de tutelle à la majorité de ses 2 enfants, il précise bien qu'il a gardé auprès de lui son fils Claude, sourd depuis l'âge de 8 ans : vu son état il lui aurait été difficile de travailler chez des étrangers. Quand le père et le gendre mettent fin à leur société de collaboration, Claude reste auprès de sa sœur et de son beau-frère. Il travaille comme ouvrier agricole.
  • Marc Michel aveugle vit à 58 ans chez sa jeune soeur de 38 ans mariée à Claude Pothier, cultivateur locataire, en 1866 à Billy.
  • Jean Delarse âgé de 35 ans en 1846 à Saint Gerand de Vaux sourd et muet de naissance vit auprès de sa famille, composée de 11 personnes, dont sa soeur et son beau-frère. Il travaille comme laboureur.
  • Marie Chargueraud "sourde et muette depuis l'âge de 4 ans", âgée de 57 ans en 1876 est considérée comme indigente. elle vit auprès de sa soeur Anne, veuve, qui travaille comme journalière.
  • Antoine Dion, journalier et Marie Lomet ont auprès d'eux à Bayet en 1851 leurs 4 enfants: le dernier, Claude, âgé de 11 ans  est paralytique.
  • Jeanne Soupizet, 57 ans, veuve Danière, journalière, et sa fille Magdeleine Danière veuve Morvan, également journalière, à Bayet en 1851 élèvent leurs enfants, et entretiennent également Jeanne Danière 6 ans paralytique des 2 jambes, fille de Jeanne, qui aurait l'âge de travailler, sans son handicap...
  • Catherine Cailleton, âgée de 28 ans en 1851 à Billy demeure avec un pied bot auprès de sa famille, car elle reste sans profession donc dépendante de l'aide qu'on peut lui apporter.

    Quand le handicap, comme la cécité ou la surdité apparait avec la vieillesse, ce sont les enfants qui prennent en charge leur père ou mère ne pouvant plus vivre d'une manière autonome.

    Que ce soit pour cause de handicap, de maladie, ou de faiblesse, le parent est recueilli par le fils ou la fille:

    comme par exemple pour Jean Moraud laboureur au domaine des Guillons à Saint Gerand de Vaux, veuf, âgé de 71 ans. il est devenu aveugle depuis 1841, et il vit en 1846 avec ses fils, belle-fille gendre, fille.

     

     Les personnes atteintes d'un lourd handicap de naissance ou depuis l'enfance restent célibataires, en particulier les sourds-muets, les paralytiques, les aveugles, les aliénés ou idiots, et ceux qui ont un pied bot. Même lorsque leur condition physique leur permet de travailler ils ne se marient pas...

    • Marie Chargueraud "sourde et muette depuis l'âge de 4 ans" est restée célibataire.
    • Jean Delarse âgé de 35 ans en 1846 à Saint Gerand de Vaux sourd et muet de naissance vit auprès de sa famille, composée de 11 personnes, il travaille comme laboureur et reste célibataire.
    •  Claude Gueret sourd depuis l'âge de 8 ans travaille chez son père puis chez sa soeur et son beau-frère  en restant célibataire.
    • Catherine Cailleton, âgée de 28 ans en 1851 à Billy , avec un pied bot ne se marie pas non plus
    • Gilbert Papon 70 ans demeurant à Billy en 1851 présente un peid bot.Indigent et sans profession, sans soutien familial, il ne lui reste que la bienfaisance publique ou la mendicité....

       

    Cependant un cas exceptionnel d'intégration réussie de handicapés concerne la famille Fayollet:

    Joseph Fayollet, vigneron et Rose Boissonnet se marient à Chantelle le 24/06/1823. Ils ont 6 enfants nés entre 1824 et 1835, dont Pierre le 02/03/1829 et Joseph le 02/03/1835.

    Tous deux, aveugles de naissance, deviennent sonneurs musiciens. Aucun renseignement précis n'a été trouvé sur la formation des 2 musiciens, mais il faut remarquer qu'ils demeurent à Chantelle, que le père étant vigneron cultivateur propriétaire ne fait pas partie des plus pauvres.

    Mais où ont-ils été formés? Ce n'est qu'en 1853 que des bénédictines achètent l'ancien prieuré qui avait été vendu en 1794 et y fondent une communauté, donc l'abbaye n'est guère envisageable? Ont-ils été envoyé dans une centre pour musiciens? à Jenzat par exemple?

    En tout cas les 2 garçons ont pu apprendre le métier de ménétrier/sonneur/musicien, et ainsi obtenir les moyens de subvenir à leurs besoins et de mener une existence quasi-normale....

    Ils se marient, comme leurs autres frères, qui eux sont voyants:

    Pierre épouse Françoise Martin, sans profession le 12/01/1854, sans faire de contrat de mariage, et le couple vit auprès de la famille de Françoise, cultivateurs vignerons.

    Joseph épouse Marie Soulier, domestique, le 30/04/1856, également sans faire de contrat de mariage.

    Joseph a 4 enfants, Pierre aucun. La famille reste soudée, les frères étant témoins pour les uns et les autres.Ils restent tous à Chantelle.

    Pierre décède le 15/10/1896 à l'âge de 69 ans, déclaré sans profession

    Joseph décède le 10/01/1899 à l'âge de 65 ans, et encore déclaré  "sonneur"

     

    Dans quelle mesure les "aliénés" peuvent-ils subvenir à leurs besoins?

     

    • comme domestique

     

    Les aliénés « légers » ou en tout cas non dangereux peuvent travailler comme domestique. C'est le cas de Elisabeth Cornillon âgée de 65 ans qui est domestique dans sa famille.

     

    • dans une société familiale

    Antoine Deverne, placé dans son enfance domestique dans une ferme, comme ses frères aînés, est déclaré « idiot »lors du conseil de révision et réformé pour cette raison.

    A partir de ce moment là, ayant atteint l'âge adulte, il est pris en charge par son frère aîné. Antoine vit et travaille auprès de son frère, non pas en qualité de « domestique » mais comme « associé » A la mort de l'aîné Antoine reste auprès de son neveu.

    • vie familiale

    Nanette Bel 47 ans considérée comme "aliénée non dangereuse" vit avec ses deux neveux locataires à Taxat-Senat, mariés, âgés de 29 et 27 ans. .Mais rien n'indique le degré "d'aliénation"  de Nanette: est -elle entretenue par ses neveux, ou au contraire veille-t-elle sur eux depuis le décès de leur père et frère de Nanette, Etienne, le 07/10/1825 et de sa femme, Jeanne Chesseret  le 21/02/1833?????

    Dans la même commune Anne Belle, sans doute une cousine, plus ou moins éloignée,également considérée comme "aliénée non dangereuse" par le recenseur en 1846.

    Or Anne âgée de 22 ans se marie le 14/02/1846 avec Sebastien Pacaud. Le couple vit auprès des parents  de Sebastien, métayers à Senat (Taxat-Senat) et au moins 3 enfants naissent de cette union...

    D'après quels critères le recenseur détermine-t-il le degré d'aliénation de la population?

    Gabriel Terret, propriétaire, et Marie Grandjean ont 3 enfants nés à Billy :Jacques le 06/06/1810- qui meurt le 02/07/1823, Rozalie le 04/11/1811 et Simon le 25/05/1815.

     

    Les 2 survivants considérés comme « idiots » vivent auprès de leur père, qui, veuf en 1841, se remarie avec Marguerite Laplanche, qui a le même âge que ses beaux-enfants.
    A la mort de Gabriel Terret c'est Pierre, le demi-frère de Rozalie et Simon,  qui est leur tuteur (car ils sont déclarés « majeurs interdits » ). Ils continuent à vivre avec leur belle-mère mais en 1873 elle décide de renoncer à l'usufruit pour se remarier. C'est alors Pierre le demi-frère et tuteur qui prend Simon et Rozalie chez lui auprès de sa femme et de ses enfants..

    • dispositions testamentaires des parents

     

    Dans les familles de cultivateurs propriétaires l'enfant atteint "d'idiotisme" peut plus facilement rester en famille, le problème se pose après le décès des parents...

    C'est le cas de Gilbert Bardot, l'aîné de 5 enfants. Les parents s'inquiètent pour l'avenir de cet enfant après leurs décès. Ils font donc devant le  notaire Mazuray le 9 juillet 1855, le partage anticipé de leurs terres, entre les 4 enfants  et prévoient une pension pour eux et leur fils aîné.

    Si leur fils leur survit ils dispensent le frère ou la soeur de payer la pension s'ils prennent Gilbert en leur domicille.

    Les parents Gilbert Bardot et Marie Guillermin savent qu'ils agissent contrairement à la loi, qui impose un partage entre tous les enfants, mais expliquent très clairement que leur fils aîné, totalement incapable de gérer  ses biens, ne pourrait pas tirer profit de sa part.

    • disposition testamentaire de la soeur

    Marguerite Huguet, domestique demeurant à Jenzat tombe malade en 1820 et fait venir maître Pracros pour lui dicter ses dernières volontés. Son frère Antoine, demeure avec elle, or il a l'esprit en partie aliéné.Elle désire témoigner sa reconnaissance à son maître Joseph Fournier pour

    les bons traitements et services qu'il m'a rendus pendant tout le temps que j'ai resté chez lui

    Mais en fait  le testament est surtout prévu pour garantir l'avenir de son frère plus que pour remercier son maître.. En effet elle lègue à Joseph Fournier tous ses biens sans exception ni réserve, mais sous des conditions importantes:

     - que Joseph Fournier logera, nourrira  et entretiendra comme il convient mon frère d'après son état, soignera tant en santé  qu'en maladie pendant sa vie

    - si Antoine Huguet quitte Joseph Fournier ou si celui-ci décède, Fournier ou ses héritiers, il recevra une pension annuelle de
    18 doubles décalitres de froment
    1 hl ou 1/4 de vin rouge
    1hl ou 1/4 de boisson
    7 kg et 1/2 d'huile
    2kg et 1/2 de beurre
    250 fagots

    cette pension sera payée par moitié 6 mois à l'avance pendant toute la vie
     - Antoine jouira de plus de la maison et du jardin de la testatrice, situés terroir du cimetière à Jenzat.

    • l'asile
       

    La loi du 30 juin 1838 fait obligation à chaque département de se doter d'un asile d'aliénés. Leur nombre s'accroit progressivement. Certains asiles privés font fonction d'asiles publics.
    Mais à l'époque il s'agit surtout de préserver l'ordre public en enfermant les aliénés qui peuvent occasionner des troubles, sans oublier les traitements "médicaux"  prônés par les aliénistes.

    Marie Hervier, célibataire de 43 ans, épileptique, est considérée comme aliénée et placée "au dépôt de Moulins" en 1846.
    L'asile départemental d'aliénés Sainte Catherine situé à Yzeure-Moulins accueille les aliénés hommes et femmes du département. Il est édifié en 1850 pour 200 patients, il est agrandi en 1900. En 1858 c'est monsieur Reignier qui est le médecin-directeur de l'établissement, secondé par des infirmiers. En 1870 il s'agit de monsieur Chasseloup de Châtillon.

    asile Sainte Catherine Moulins

     

    Anne Pionat, 36 ans, journalière, considérée comme aliénée dangereuse, est placée en « traitement » à l'hospice Sainte-Catherine à Moulins en 1856. Pourtant lors du recensement de 1851 elle élevait ses 2 enfants, Marguerite 5 ans et Michelle 4 ans, elle était veuve depuis 1847 de Jacques Perton. En 1856 les 2 filles vivent avec leur grand'mère Marguerite Pionat, mendiante de 73 ans, « secourue ». Que s'est-il donc passé pour qu'elle devienne « aliénée dangereuse »??????.

     

    L'hospitalisation peut y être  provisoire, on dit alors que les malades ont été "déposés", comme c'est le cas en 1858 de  Jean Gaby âgé de 40 ans, célibataire cultivateur à Etroussat ou Procule Gobert, 42 ans femme de Joseph Taupiat cultivateur à Etroussat.

    La personne déclarée incapable et admise à l'hospice perd pratiquement tous ses droits.  Ainsi lors du réglement de la succession en 1850 de Jacques Meunier 3 des 4 enfants se partagent la jouissance de la succession  car leur soeur Jeanne "idiote et incapable", admise à l'hospice de Gannat  n'est pas en mesure de jouir elle -même des biens qui lui reviendraient.  En attendant de pouvoir régler le partage des biens (à la mort de Jeanne) ils s'en partagent la jouissance, et n'en donneront sa part à Jeanne que si  des ayants droit venaient à réclamer....

    S'ils sont jugés dangereux, l'hospitalisation est de longue durée, ou définitive....

    Le décès d'un malade est transmis par le préfet au maire de la commune d'origine.

     

    Les alinénés "malfaisants" échappent parfois à l'enfermement, comme  Gilbert Brosse, âgé de 22 ans en 1861 : il vit auprès de sa mère, journalière, à Perigny...

    la mort du cultivateur

     

    Les causes de la mort

    • au domicile

    Lorsque la mort a lieu au domicile la cause n'est pas indiquée sur l'acte de décès.

    • suite à un accident

    Par contre lors d'un accident au domicile ou à l'extérieur la déclaration s'accompagne souvent du récit des événements.

    Dans le cadre du travail les risques d'accident sont nombreux et variés:

    • accident de André Adam

    ainsi le 25/07/ 1814 à Billy,  André Adam âgé de 7 ou 8 ans vivant avec ses parents dans une locaterie garde une vache à la laisse qu'il a attaché  à son bras.

    La vache soit  piquée par les mouches soit parce qu'elle avait un veau à son étable, s'est emportée et a entrainé avec elle parmi les pierres  et les rochers le dit enfant  et l'a entrainé jusqu'à son étable où on a trouvé l'enfant ainsi attaché  sans aucun signe de  vie

    "Le cri public" avertit le maire qui se rend à la locaterie avec Jean Baptiste Lavigne maître en chirurgie qui examine le cadavre et fait son rapport en décrivant les contusions et fractures constatées.

    • accident par intoxication

    Claude Charles propriétaire à Saint Pourçain , lui, a

    été trouvé mort le 23 vendémiaire an 13 à 7heures du soir dans un cuvage peu spacieux où il y avait du vin en fermentation ainsi qu'il appert par le procès verbal du sieur Hastier Harpeux premier suppléant faisant fonction.

    Il est présumé décédé dans la matinée du dimanche 22 par suite
    d'une suffocation occasionnée par l'évaporation de l'acide carbonique.
     

    • accident  de voiture qui a versé

    Le 13 septembre 1841 le maire de Loriges inscrit sur le registre des décès que deux journaliers de Loriges, Pierre Braud, et Jean Brêle lui ont déclaré ce jour que

    Antoine Rougier âgé de soixante un ans journalier demeurant  en la commune de Saint Didier village d'Ambon (….) est décédé sur le chemin de Loriges à Saint Pourçain pour avoir versé en conduisant du gravier sur le dit chemin ainsi que nous nous sommes assurés conjointement avec Monsieur le juge de paix de Saint-Pourçain ..

    • les noyades

    Les noyades sont assez fréquentes, surtout suite à des passages à gué hasardeux,  comme c'est le cas  le 21 aout 1813; une fille inconnue d'environ 20 ans s'est noyée en passant l'Allier à gué, ce qui a été vu par plusieurs personnes. Son cadavre a été retrouvé sur la rive gauche, à Saint-Remy en Rollat. Les témoins et les autorités considèrent que l'imprudence est cause de la mort...

     

    La mort par noyade peut poser le problème de la recherche du cadavre.

    A Saint-Pourçain le 22 brumaire an 14 deux laboureurs de Bayet, Pierre Seramy 35 ans et Barthelemy Hyvet 33 ans sur un char attelé de 4 boeufs, tendant de passer la Sioule dans un endroit navigable au lieu appelé la Carmone se sont noyés.

    Le juge de paix est prévenu  et se rend sur le lieu accompagné du maréchal des logis commandant la gendarmerie, d'un autre gendarme et de 2 personnes connaissant bien les détours de la rivière du fait qu'ils ont l'habitude de pécher et qui se sont offerts généreusement de faire la recherche des 2 noyés. Les 2 pécheurs sondent inutilement plusieurs endroits où les corps pouvaient être présumés, et la nuit arrivant, les recherches sont stoppées.

    Le lendemain de nouveau sur les lieux les nouvelles tentatives permettent  de retirer les 2 cadavres, que les nombreuses personnes sur le rivage examinent, en particulier Blaise Giraud laboureur à Percenat et René Bournat à Bayet, qui les reconnaissent, étant leurs beaux-frères. Ils se chargent donc  du soin de leurs sépultures, et le juge de paix se retire et rédige le procès-verbal que les pécheurs signent.

    Ce procès verbal est adressé au magistrat de sûreté et une copie à l'officier de l'état civil de Saint-Pourçain pour qu'elle soit transcrite à la suite des actes d'inhumation.

    • décès sans témoins

    Lorsque le décès a eu lieu sans témoins le maire fait examiner le cadavre pour déterminer les causes du décès. Ainsi lorsqu'en 1807, le 27 décembre, Jean Griffet, journalier célibataire vivant seul à Billy est trouvé mort dans son lit par son neveu, l'adjoint au maire prévient le maire, qui fait venir Jean Delavigne, chirurgien. Celui-ci examine le cadavre, et déclare que la mort remonte à 3 jours et qu'elle a été causée par

    un dépôt d'humeur qui s'est porté sur sa poitrine étant asmatique
    Le vocabulaire médical du début du 19ème siècle diffère quelque peu  du vocabulaire  du 21ème siècle...

     

    • maladies contagieuses

    Il arrive que dans une famille plusieurs décès aient lieu à quelques jours d'intervalle, on pense à une maladie contagieuse, mais rien ne le précise.

    Ainsi Françoise Bouchet épouse Rougier et demeurant à Ambon et son frère Jean Bouchet demeurant à Saint Didier décèdent à 6 jours d'intervalle, elle le 19/04/1864 et lui 25/04/1864. Or les deux familles sont en contact et c'est le fils de Françoise qui dé lare le décès de son oncle...

    La petite Gilberte, fille de Catherine Bardot, meurt à 3 mois le 18/05/1843, 3 semaines après son cousin Jacques, âgé d'un an et décédé le 07/04/1843. Tous deux cohabitaient. Il ne peut s'agir de hasard, mais plutôt de maladie enfantine contagieuse...

    Claude Chesne et Marie Sarrazin, laboureurs au domaine Billet à Saint Felix,  perdent 2 de leurs enfants  en bas âge, à 2 semaines d'intervalle : Catherine meurt le 14/09/1832 à 4 ans et Louis le 30/09/1832 à 2 ans.

     

    Le maire adjoint de Vendat tente d'alerter la population et les autorités sur les ravages des épidémies (en 1858-1859 et en 1860), dues selon lui au manque d'eau et à un approvisionnement difficile à la seule source d'eau de la commune qui a poussé la population à utiliser de l'eau non potable..

    le lieu du décès
     

    Dans la majorité des cas le  décès a lieu au domicile, du moins pour ceux qui vivent en famille, et en particulier les enfants encore chez leurs parents.

    Parfois, cependant, le décès a lieu à l'hospice.

    • Ainsi Gilberte Marmion âgée de 12 ans, dont les parents sont cultivateurs, meurt à l'hospice de Saint-Pourçain le 26/01/1827.
    • André Deverne tombe malade. Il est hospitalisé à l'hospice de Gayette à Montoldre et y meurt le 03/12/1866, âgé de 55 ans. L'économe de l'hospice prévient le maire de Montoldre qui  vient sur place pour vérifier le décès d'André. Deux témoins, Jean Tissier et Claude Peronnet, âgés de 83 et 80 ans, tous deux « vieillards à vie à l'hospice » confirment le décès. Mais le problème de santé reste inconnu...
    • Louise Rollin 38 ans, épouse de François Siret cultivateur, meurt  le 04/11/1824 à l'hospice de Saint-Pourçain. C'est le mari qui déclare le décès auprès du maire.
    • Anne Michalet 48 ans, meurt à l'hospice de Gayette le 10/01/1852 pour cause de "maladie" non spécifiée. Elle demeure à Crechy avec son mari locataire et a 3 enfants de 21 à 8 ans.

     

    Les jeunes célibataires sans parents n'ont guère le choix, comme Solange Blanzat, 36 ans, domestique non mariée âgée de 36 ans: elle meurt à l'hospice de Saint-Pourçain le 31/03/1827, comme Antoine Gaby, cultivateur de 18 ans également célibataire, le 18/05/1827.

    Sans doute sont-ils tombés malades chez leurs maîtres, qui les ont confiés à l'hospice....

    Meurent également à l'hospice ceux qui y sont domiciliés comme "vieillards à vie", en tant que pensionnaires...comme Marien Gournillat qui décède à 86 ans à l'hôpital de Saint Pourçain en 1911.

    De même Marie Debeaumont, célibataire indigente de 90 ans, meurt le 03/05/1825 à son domicile, rue de la Maison Dieu, or l'hospice est situé à cette adresse, on peut donc supposer qu'elle meurt à l'hospice comme résidente.

    Ceux qui partent en voyage meurent alors dans un hôpital et l'acte de décès est alors transmis à la mairie de leur ancien domicile, comme c'est le cas de Joseph Bourgeon, époux de Catherine Bardot.

    Il meurt à 58 ans le 03/04/1856  à 10 heures du soir à Lyon 2ème, à l'Hôtel-Dieu, ce qui peut surprendre, car il est journalier. Mais lors du recensement de l'année il est déclaré « en voyage ». Le décès est déclaré le lendemain par 2 employés de l'hôpital, Jean-Baptiste Simon et Jean-Pierre Astain. Il est dit veuf de Marie Carton et de Marie Forestier, mais pas de Catherine Bardot. (N'a-t-il pas tous ses papiers sur lui?) Le maire de Paray reçoit la copie de l'acte de décès car Joseph Bourgeon est déclaré  « journalier à Paray sous Briailles ».

    Pour les décès qui ont lieu à l'asile d'aliénés d'Yzeure, ce sont les infirmiers de l'établissement qui assistent le Directeur pour la déclaration de décès d'un pensionnaire, le maire d'Yzeure se rend à l'asile pour les constatations, comme c'est le cas pour Procule Gobert, âgée de 42 ans,  épouse de Joseph Taupiat cultivateur à Etroussat le 25/02/1858..

    Le décès des enfants

    Les enfants en bas âge meurent en grand nombre, souvent au moment de la naissance ou dans les deux premières années d'existence.

    Pour l'année 1827 à Saint-Pourçain sur 130 décès ont été relevés
    11 garçons et 19 filles  de moins d'un an
    4 garçons  et 10 filles de 1 à 2 ans.

    Le taux de mortalité diminue  nettement ensuite:
    10 garçons et 7 filles de 2 à 18 ans
    Le décès d'enfants adolescents est plus rare mais pas inexistant :

    • Jeanne, la fille de Catherine Bardot meurt à  14 ans  le 16/11/1843 chez sa mère.
    • Marie Deverne fille de Gilbert à 9 ans  le 02/05/1865
    • Marie Sarrazin, fille de Gilbert à 19 ans le 17/04/1872. Marie a été malade longtemps, car le 05/02/1872, déclarée « malade de corps mais saine d'esprit, mémoire, jugement et entendement » a dicté son testament au notaire Maître Pierre Grand.
    • Pierre Dubessay le beau-fils de Pierre Bardot à 21 ans le 09/04/1848 au Russon, chez son oncle Pierre Dubessay alors qu'il est domestique chez Pierre Bardot, à proximité.

    l'âge au décès

    D'après les déclarations certains meurent à 80 ans, 87, 90 et même 98 ans, mais l'âge est une notion assez imprécise surtout au début du siècle, et d'ailleurs varie souvent au gré des actes, ainsi que dans les recensements.

    Se préparer à mourir

    Les maladies peuvent être longues, il est alors temps de faire son testament.... (voir clan familial/ testaments;héritages;successions)

    La cérémonie funéraire
     

    Le corps de la personne décédée est exposé dans une pièce importante de la famille.

    Ainsi quand Antoine Melin meurt chez lui à Monestier/Moncelat le 01/03/1846  le juge de paix vient le lendemain apposer les scellés sur les armoires et répertorier les objets de la succession, et il décrit la présence du cadavre dans une bière dans la cuisine.

    Dans d'autres familles le cadavre se trouve encore sur le lit au moment de l'inventaire...

    veillee mortuaire

    veillée mortuaire

    Les quelques renseignements trouvés sont indirects, en particulier dans la liste des dépenses figurant dans les inventaires de fins de communautés.

    Les frais consistent dans l'achat du cercueil, les frais religieux versés au sacristain et au prêtre, l'achat des cierges, parfois l'appel à une « plieuse » et également des frais de bouche.

    La "plieuse" ou "ensevelisseuse" est en effet chargée de la mise en cercueil et de tous les préparatifs qui précèdent le transport du corps. Il s'agit d'une dépense importante que peu  décident de faire....

    Pour le décès de Jean Papon en 1825 à Saint Gérand de Vaux son fils aîné achète

    • pour le deuil de la famille du ruban de soie et des mouchoirs pour 10 francs.
    • pour l'offrande lors de l'enterrement 5 francs
    • au sacristain 5 francs
    • à l'ensevelisseuse 3 francs
    • pour le curé 14 francs

    Il omet dans l'inventaire l'achat du cercueil???

    En 1832 les frais mortuaires pour Claudine Guillot s'élèvent à 50 francs empruntés à Pierre Bardonnet, 17 francs payés au curé et au menuisier et 21 francs pour la réunion de la famille.

    En 1856 pour Pierre Chesne et Madeleine Rocher, 50 francs au curé de Magnet pour les frais funéraires, 9,50 francs pour les remèdes, 9 francs pour le médecin de Saint Gerand le Puy.

    En 1867 pour le décès d'André Moreau (de Crechy), 10 francs au médecin de Varennes, 5 francs au pharmacien, 5 francs pour le cercueil, 12 francs pour la plieuse.
     
    A cause de l'omission de l'acte de décès de son mari à Crechy en 1845 Anne Gauthier doit obtenir du tribunal la rectification. Les témoins entendus, voisins cultivateurs, racontent, l'un qu'il a aidé à porter Ignace Richer en terre, l'autre qu'il l'a vu porter en terre, un autre qu'il a vu la cérémonie devant la porte....

     

    La sépulture a lieu en général  dans le cimetière de la commune où demeurait le décédé. Dans le cas d'un décès à l'extétrieur de la commune de résidence, la famille du décédé peut prendre d'autres dispositions:

    en 1873 les familles de 3 personnes décédées à Gannat, mais originaires de Saulzet, Montmarault et Bayet, ont déclaré leur intention de transporter le corps pour l'inhumation dans le cimetière de leurs communes...

    l'intervention de la famille pour le travail en cours

    En fonction du moment de l'année le décès du cultivateur pose un problème plus ou moins grave concernant le travail à effectuer. Les semailles et surtout la fauchaison, les récoltes ne peuvent pas être reportées à plus tard. Il faut donc faire intervenir des journaliers pour accomplir les tâches urgentes indispensables. Les journaliers ne reçoivent leur salaire que plus tard quand la succession  est ouverte et les comptes effectués.

    Ce sont les associés, la veuve, ou des membres de la famille travaillant ailleurs qui doivent embaucher la main d'oeuvre nécessaire.

     

    Jean Chadrin, métayer à Saint Gérand de Vaux au domaine des Chalots décède le 26/09/1824. Il travaillait avec son frère Henry. Marie Tantot sa  veuve décède le 11/03/1825. Ils laissent 3 enfants mineurs. Henry est nommé tuteur des mineurs et Gilbert Tantot subrogé tuteur lors du conseil de famille du 20/03/1825.

    Ce n'est que les 20 et 21/11/1825 que l'inventaire vente est effectué mais entretemps Henry Chadrin s'est occupé des dépenses indispensables, frais de maladie et de sépulture et salaire des journaliers. Les divers journaliers ont remplacé le père décédé, ils sont donc rémunérés par la succession des mineurs, au total 33,23 francs pour culture et fauchaison. 

    Pour le maréchal ferrand qui a soigné une jument, les frais sont partagés entre Henry et la part des mineurs.

     

    La mort inattendue perturbe particulièrement la société de culture, il faut réagir rapidement, et selon les relations familiales ou de voisinage, la situation peut être gérée ou conduit à la catastrophe économique...