Les relations familiales, conflits et solidarité
conflits familiaux - solidarité familiale
Conflits familiaux
Cohabitation ne signifie pas entente.
Les parents sont d'abord les chefs d la communauté, par la suite ce sont les enfants qui prennent la direction, quand ils n'éloignent pas les parents très âgés...
En cas de mésentente le notaire est consulté pour modifier contrats, testaments ou autre accord, mais dans les cas plus graves, c'est le juge de paix qui règele le litige. tribunal
Les parts dans la communauté de travail
Au moment de la création d'une société de travail sont associés en général les parents et l'aîné des enfants à son mariage. Les autres enfants, encore mineurs travaillent dans la société s'ils demeurent auprès des parents, en échange de leur entretien, dès qu'ils peuvent participer au travail en fonction de leur âge.
Pour les successions les enfants, depuis l'application du code civil, sont placés à égalité, mais dans le travail de cultivateur il existe une sorte de hiérarchie dans les tâches. Une société nécessite un chef, qui décide et coordonne les travaux, et traite avec le bailleur. C'est le père qui dirige, sauf quand il n'en est plus capable.
Les fils comme d'ailleurs les domestiques sont classés en fonction de l'âge, qui correspond en général aux capacités professionnelles, qui s'acquièrent avec l'expérience. Dans les listes de recensement les fils sont toujours listés par âge, en commençant par l'ainé, les filles venant souvent après les fils.
Mais au fur et à mesure du temps qui passe dans la famille, les fils plus jeunes vieillissent, et se marient...; alors il faut réajuster les conditions de la collaboration, mais c'est souvent suite aux plaintes des frères plus jeunes ...
Jacques Bezut veuf de Marie Petetot, laboureur au domaine Guillot à Langy a 4 fils: Antoine, Jean Baptiste, André, Jean.
Traditionnellement l'aîné Antoine s'est marié le premier, avec Marie Berthomier, le 20/11/1831, puis Jean Baptiste avec Louise Dubreuil le 11/05/1834, puis André avec Marie Barjot. Jean est encore célibataire en 1840.
La société crée en 1831 prévoyait 2/3 pour Jacques et ses 3 enfants plus jeunes et 1/3 pour Antoine. Elle s'est continuée par portions inégales entre Antoine et ses frères;
Cet état de chose et cette inégalité entre les 4 frères donnent lieu à des plaintes et à de justes sujets de mécontentement de la part des 3 frères d'Antoine.
En effet, quoique moins avancés que lui dans la communauté y travaillent aussi fort et avec la même assiduité
Le père et les 4 fils désirant vivre et travailler ensemble en bonne harmonie et bonne intelligence, ils décident d'être communs pour la culture par égalité et chacun pour un quart (car sans le plus jeune, Jean).
Cependant la société par 4 quarts ne commencera que pour la récolte sur terre. Antoine prélèvera dans le courant de la présente année 300 francs.
Quant au plus jeune frère, Jean, encore célibataire, il continuera à travailler dans la communauté, il sera nourri et gagé, il travaillera donc comme domestique. Il n'a pas encore droit à la société- peut-être lorsqu'il se mariera...
La dot des filles
L'établissement d'un contrat de mariage peut occasionner des frictions dans la famille....
- Lors de l'établissement du contrat de mariage de Gilberte Sarrazin avec Antoine Favier chez Maître Grand à Billy le 04/04/1864, Gilbert Pilet marié depuis 1860 avec Marie, sœur de Gilberte, déclare que par erreur la constitution faite par les père et mère Sarrazin à Marie par son contrat le 10/07/1860 a été estimé 90 francs au lieu de l'être de 140 francs comme celle de Gilberte la future épouse. En conséquence comme les effets mobiliers sont de même nature l'estimation doit être la même. Il obtient satisfaction.
- Quand Jean Valette fait une donation partage entre ses 4 enfants, moyennant une pension viagère, il fait 4 lots équivalents entre les 4 enfants, 2 filles et 2 fils. Mais lors de leur mariage en 1826 Anne et Marie avaient reçu de leur père un trousseau évalué à 110 francs, alors que Charles et Alexandre n'avaient rien reçu. Il est donc décidé lors de la donation que lors du décès du père Anne versera à Charles et Marie à Alexandre, 50 francs..
Les prêts d'argent
- Jean Prioux
domestique à Contigny il a prêté en 1829 68 francs à sa mère, remariée à Bransat avec Antoine Raynaud, or celui-ci s'est servi de la somme pour ses propres affaires. D'après Jean c'est à cause de l'ascendant qu'il exerce sur sa femme.... et en 1832 Jean n'a toujours pas récupéré son argent.
Le 18/02/1832 la mère et le fils se retrouvent donc devant le juge de paix de Saint-Pourçain. La mère reconnait les faits mais engage son fils à patienter encore quelques temps.
Selon le juge l'épouse a agi par solidarité conjugale car l'époux a utilisé la somme pour la communauté.
Antoine Raynaud est donc condamné à payer; conjointement et solidairement avec son épouse, la somme avec intérêts à dater le jour de la demande, aux dépens et au coût de l'enregistrement.
- Marie Bouvard
veuve et propriétaire à Cindré elle a loué à son gendre Antoine Billy une locaterie à Montaigu. Elle le fait comparaître devant le juge de paix de Varennes sur Allier en 1856 pour lui réclamer 145 francs qu'il reste sur les 2 années de loyer échu ainsi que les intérêts de cette somme. Elle réclame aussi 42 francs pour poires, pommes, chanvre, et haricots qu'elle prétend lui avoir remis à différentes époques.
Antoine Billy de son côté prétend avoir payé les 145 francs, il nie devoir 42 francs pour des biens qu'il n'a jamais reçus et demande 55 francs valeur de toile pour chemises promises par Marie Bouvard à sa petite fille, dont Billy est le père. Marie Bouvard nie avoir jamais promis cette toile.
Le juge estime que pour la prochaine audience :
- Billy doit prouver "par tous les moyens" qu'il a bien payé les 145 francs, et qu'il est créancier de Marie Bouvard de 55 francs
- Marie Bouvard doit prouver qu'elle est créancière de Billy de 42 francs pour livraison de denrées
- sauf pour chaque cas la preuve contraire
Visiblement gendre et belle-mère ne s'entendent pas!!!! C'est le gendre qui est en état de faiblesse financière. Marie Bouvard es recensée comme métayère à Cindré demeurant avec son fils, sa belle-fille et 3 enfants de 15 ans à 4 mois. Ils emploient 4 domestiques.
Antoine Billy, lui, est cultivateur à Montaigu, avec sa femme et leur fils de 10 ans, sans domestique. La fille dont il est question au sujet de la toile de chemise ne vit pas avec ses parents, elle est sans doute placée comme domestique...
- Anne Perret
sans profession, demeurant à Creuzier le neuf elle a 2 nièces Anne-Reine et Françoise-Reine. En 1833 le mari de Françoise Reine, Pierre Balayer, a emprunté à Anne Perret devant notaire une somme d'argent. En 1837 il reste encore 200 francs à verser, soit le reliquat et les intérêts.
Pour un motif non expliqué Anne Perret décide de faire donation à titre gratuit et irrévocablement des 200 francs à sa nièce Anne-Reine. Mais devant le notaire Liandon de Saint Germain des Fossés elle n'est pas en mesure de désigner clairement sa nièce car elle ne connait ps le nom de son mari!!!!!! Elle peut seulement préciser qu'elle est la soeur de Françoise-Reine épouse de Pierre Balayer.
Certes Anne Perret ne sait pas signer mais comment peut elle ignorer le nom de sa nièce préférée???? car l'affaire montre bien une opposition entre les 2 soeurs- existante ou provoquée par la tante. Anne-Reine n'était pas présente chez le notaire au moment de la signature de l'acte de donation...
L'histoire ne s'arrête pas là. Douze jours après Anne Perret, de nouveau chez le notaire, révoque sa donation, qui n'a pas été acceptée...
L'achat d'un remplacant au service militaire
Lorsque Antoinette Meunier dicte son testament au notaire maître Chabanon le 14/01/1855, elle rencontre des difficultés, à tel point qu'elle revient chez le notaire 3 jours plus tard pour le refaire.
Le fils aîné François a été libéré du service militaire par une somme importante de 2500 francs, dont la moitié provient de la communauté conjugale entre Antoinette et son mari. Antoinette tient absolument à ce que cette somme de 1250 francs ne soit pas retenue sur la part qui reviendra à François.
Comme elle craint que certains des autres enfants s'y opposent, elle prévoit dans le premier testament de donner et léguer par préciput et hors part le quart de tous les biens qu'elle laissera à son décès à tous ceux de ses enfants qui consentiront à sa décision, voulant ainsi priver du quart de la succession ceux qui n'accepteront pas.
Cette décision a dû créé des troubles dans la famille car dans le deuxième testament tout en ayant gardé le même but elle exprime son souhait différemment : elle dispense François de rapporter à sa succession la somme de 1250 francs et ajoute
« dans le cas où cette disposition serait attaquée par un ou plusieurs de mes enfants j'entends alors léguer par préciput le quart des biens meubles et immeubles que je laisserai à mon décès à celui de mes enfants contre lequel serait dirigée toute action à ce sujet ainsi qu'à ceux qui ne s'y associeraient pas « ..
tensions entre belle-famille et veuf ou veuve
Lorsque un gendre participe à la succession comme tuteur de son enfant les rapports peuvent être méfiants...
François Gaulmin, métayer à Fleuriel en association avec ses frères et sa mère veuve s'est marié avec Marguerite Melin dont les 3 frères et le père veuf sont cultivateurs en association à Monestier.
Le couple a une fille Rose née à Fleuriel en 1835. Marguerite Melin meurt en 1839, François est le tuteur de sa fille et son beau-frère, Pierre Mellin le subrogé tuteur. François se remarie en 1844.
Antoine Melin meurt le 01/03/1846 à 4 heures du soir. Sont héritiers les 3 fils et la fille décédée représentée par sa fille Rose, mineure et dont les intérêts sont défendus par son tuteur et par son subrogé-tuteur. Mais visiblement le père et tuteur n'a pas une pleine confiance dans ses beaux-frères, dont l'aîné est subrogé-tuteur...
Dès le lendemain du décès, François Gaulmin se rend chez le juge de paix de Chantelle et lui demande d'apposer immédiatement des scellés sur les effets mobiliers dépendant de la succession. Antoine Melin n'est pas encore enterré, il se trouve dans une bière placée dans la cuisine...
Le juge de paix fait placer 9 scellés sur 7 armoires 2 coffres. Pour le grenier le greffier a pris la clé pour ne pas avoir à placer de scellé.
Sur invitation de toutes les parties le juge a fait ôté le premier scellé qui renfermait des objets de consommation journalière et indispensable aux personnes qui continuent à habiter dans la maison. En effet les 3 frères Melin sont mariés et ont des enfants, et emploient 3 domestiques, soit 13 personnes.
Les 3 frères Melin et leurs épouses ainsi que les 3 domestiques assurent sous serment qu'ils n'ont rien pris ni détourné de la succession.
Mais l'ambiance doit être assez tendue car les 3 frères déclarent pour terminer que plusieurs des objets mis sous scellés ne dépendent pas de la succession dont il s'agit, ils se réservent de donner à cet égard toutes explications lors de l'inventaire qui sera fait ultérieurement.
La levée des scellés a lieu le 10 mars devant le juge de paix, et c'est Maître Chanier, notaire à Chantelle qui fait l'inventaire après la prisée de l'expert...
Les soins aux parents âgés
En général un accord devant notaire pour l'accueil du parent âgé est trouvé, mais parfois la situation est réglée devant le juge de paix....
- Jacques Gausse
La veille de son remariage 10/02/1850 âgé de 29 ans il établit devant maître Dheriat, notaire à Vendat un accord avec ses parents Jean et Marie Gaume, déjà très âgés. Lors du recensement de 1851 ils vivent en effet ensemble à Saint-Remy en Rollat. Marie Gaume y meurt le 05/10/1852.
En 1853 Jean Gausse, domicilié à Vendat fait comparaître son fils devant le juge de paix. Il reproche à son fils de l'avoir renvoyé de chez lui en gardant les effets qu'il avait apportés. Il demande la restitution de ces objets et une pension alimentaire.
Le fils reconnaît qu'il s'est engagé à loger, nourrir et entretenir son père. Il est prêt à le faire, mais il remarque que c'est son père qui avait voulu le quitter.
Il précise de plus qu'il est loin d'être dans l'aisance et qu'il lui est impossible de verser une pension alimentaire à son père, il peut à peine suffire aux besoins de sa famille.
En effet une fille est née en 1850 et il travaille seul, comme locataire.... Le juge de paix donne raison au fils..
Cela ne signifie pas que Jean et Jacques se réconcilient...
Lors du recensement de 1856 Jean demeure, seul, à Vendat, déclaré comme indigent. Jacques, à Saint-Remy, emploie désormais un domestique.
Le beau-père de Jacques, propriétaire à Saint-Remy ancien militaire en retraite, meurt en 1857.
Lors du recensement de 1861 Jean demeure à Saint-Remy, au bourg, comme Jacques, mais pas dans le même maison... Jacques dispose-t-il de la maison de son beau-père ? En tout cas il est déclaré propriétaire cultivateur....
Jean meurt le 28/06/1862.... au domicile de Jacques.....
- Blaise Baumet
Il réclame à ses enfants une pension de 150 francs, alors que les 3 enfants pensent lui verser 20 francs. Le père fait donc appeler ses 3 enfants devant le juge de paix d'Escurolles le 14/12/1886.
Le juge estime qu'une pension de 90 francs suffira aux besoins actuels du demandeur. Les enfants sont donc condamnés à lui verser une aide, mais pas identique.
Chacun des 2 fils versera 25 francs, les époux Adnet 40 francs.
En effet, Antoine Adnet, le gendre, est cultivateur aux Rifs avec sa femme et son fils de 18 ans. Lors du recensement de 1886 le père Blaise Baumet était déclaré demeurer avec eux, ainsi que la mère de Antoine Adnet. Mais en décembre il est domicilié à Saint-Remy à l'Etang Bonnet- sans doute suite à une dispute...
Louis Baumet 46 ans vit seul avec sa fille Marie âgée de 13 ans à Charroux dans le quartier de la halle. Il est cultivateur.
Autre Louis Baumet 34 ans demeure à Barberier les Bouchards avec sa femme, son fils de 5 ans et sa belle-mère.
La situation du couple Adnet plus prospère que celle des 2 fils justifie cette différence, selon le principe du code civil, que les enfants sont tenus de secourir leurs parents dans les proportions des besoins de celui qui les réclame et de la fortune de celui qui les doit.
- Famille Prophete
Quand le père ou la mère vit chez un des enfants, des discussions peuvent se produire dans la fratrie au moment du décès.
Au moment de l'accord entre Joseph Prophète et son fils François en 1886 ils prévoient que si cette combinaison venait à être critiquée par les enfants ou héritiers de Jacques Prophète, François se réserve de demander aux dits héritiers de prendre part et supporter la portion à leur charge des frais et dépenses de nourriture et soin qu'il aurait pris pour leur père commun...
Les ruptures
Certaines situations conflictuelles conduisent à une rupture totale. Ainsi Marie Valette décide en 1873 de refaire son testament qu'elle avait dicté au notaire en 1870 pour effacer son neveu et sa nièce de sa succession:
« comme condition expresse j'entends que Marie Valette ma nièce, épouse Dufour, de Cusset et Jean-Baptiste Valette de Varennes, mes neveux et nièces ni leurs enfants ne prennent aucune part à ma succession, c'est à dire que pour régler m succession ils devront être considérés eux et les leurs comme n'ayant jamais existé. »
Que s'est-il passé d'une part entre Marie Valette et son neveu, Jean Baptiste, marchand de grains à Varennes, marié à Pierrette Valet et leurs 2 filles, Marguerite et autre Marguerite âgées de 15 et 6 ans ? D'autre part entre Marie Valette et sa nièce Françoise Valette, mariée à Blaise Dufour, conducteur d'omnibus en 1872 à Cusset et leur fils Claude, chaudronnier ?
Marie Valette ne donne aucune explication sur son testament...
La mésentente peut conduire au tribunal....pour régler les litiges.
Solidarité familiale
Les conflits familiaux n'empêchent pas la solidarité familiale, pour régler des problèmes....
Naissance d'enfants naturels
Agathe Saulnier accouche en 1885 de sa fille naturelle chez son père et la laisse aux soins de sa soeur.
Soins au frère handicapé (idiot/sourd etc....)
Claude Gueret devenu sourd à 8 ans en 1864 reste toute sa vie d'adulte auprès de sa soeur et travaille comme ouvrier agricole chez son beau-frère.
Garde des neveux et nièces
Pierre Chassaing et Gilberte Saulnier élèvent la nièce de celle-ci jusqu'à son mariage en 1885 et ensuite forment une société de collaboration avec le nouveau couple.
Paiement d'un remplaçant au service militaire
- Charles Garachon
de la classe 1849 a tiré le numéro 24 au tirage du canton de Varennes sur Allier. Il est le plus jeune enfant de Anne Ratinier, veuve. Ils demeurent avec les 2 aînés, Charles, cultivateur à Montaigut le Blin et Marie célibataire. La mère et la soeur sont déclarées " sans profession".
Ils s'engagent tous solidairement pour payer un remplaçant pour le jeune Charles. Le remplaçant trouvé est Pierre dit Cabouton, enfant naturel, tailleur d'habits à Jaligny, qui accepte la somme de 800 francs, qui sera payée dans un an à partir de l'accord, avec intérêts à 5%. Pour garantie la somme les 4 membres Garachon ont hypothéqué bâtiments d'habitation et d'exploitation situés à Montaigut le Blin.
Toute la famille est donc liée par cette dette. Charles le jeune semble être particulièrement choyé, il est le seul à signer, il a donc été scolarisé...
- Georges Forest
Dans certaines familles tout est prévu à l'avance pour éviter le départ au service militaire du fils et pour lui payer un remplaçant s'il tire un mauvais numéro.
Ainsi lorsque Georges Forest et Marie Bouvard cultivateurs à Langy marient leur fils aîné Paul en 1851 ils pensent déjà au départ éventuel de Georges, alors âgé de 18 ans. Ils prévoient dans le contrat de mariage une société de culture en 3 parts:
- les parents Forest
- le nouveau couple Paul et sa femme
- Georges
Et ils précisent:
si Georges Forest est appelé par le sort à servir sous les drapeaux il sera remplacé au service militaire aux frais de la société
Ils ne négligent pas pour autant leur fille Anna, alors âgée de 16 ans puisque la société
fournira aussi à Anne Forest lorsqu'elle se mariera un trousseau conforme à sa position
Cependant il faut remarquer que le tarif d'un remplaçant est nettement plus élevé que la valeur d'un trousseau habituel de mariage...
Témoins lors des déclarations d'état civil
Lors des déclarations d'état civil de naissance et de décès un frère, un oncle, un grand-père accompagne le déclarant à la mairie. Dans les sociétés de travail la cohabitation facilite la situation.
Prise en charge des personnes âgées dans l'entente et la "tendresse"
Surtout au moment du décès du père ou de la mère se pose la question de l'entretien du survivant âgé et qui n'est plus en état de travailler. La solution est trouvée est établit en général devant un notaire, qui rédige les termes de l'accord avec son vocabulaire technique. Mais parfois l'affection, la reconnaissance entre parents et enfants surgit parmi les termes juridiques..
Ainsi, André Richer, propriétaire cultivateur à Seuillet, précise devant notaire à ses enfants que sa situation financière dans la communauté d'entre lui et sa femme Catherine Planche décédée depuis quelques temps n'est pas florissante mais que les emprunts avaient été payés des produits de la communauté.
Catherine Planche avait apporté en dot 300 francs en numéraire.
André Richer veut bien partager avec ses enfants en donnant 75 francs à chacun. Mais il avait payé pour frais de maladie et d'inhumation 50 francs que sa position malheureuse ne lui permettait pas d'acquitter seul. Il prie donc ses enfants de participer pour chacun d'un quart.
Les enfants répondent qu'ils ne sont pas dans l'intention de gêner leur père, qu'ils voulaient nullement le déranger ni dans sa jouissance ni dans ce qui pouvait lui revenir de la succession de leur mère.
Le père,"connaissant parfaitement les bonnes intentions de ses enfants à son égard, ne voulant pas abuser de leur bonté"
a versé à sa fille et son gendre 62 francs en espèces métalliques; quant à la même somme qui revient à son fils, André Richet s'engage à lui payer en espèces en un an avec un intérêt de 5%.
La fille et le fils ont renoncé à ne jamais inquiéter leur père pour ce qui pourrait leur revenir dans la succession de leur mère. Ils se règleront après le décès de leur père.
Pierre Pelleton, laboureur à Sanssat, devenu vieux et infirme, partage en 1841 ses biens entre ses 3 fils avec lesquels il demeure; il leur abandonne son 1/3 de la société d'agriculture et sa moitié d'une créance de 1000 francs dont l'autre moitié appartient aux 3 enfants comme héritiers de leur mère.
L'écrit du notaire insiste sur les bons rapports existant entre le père et les fils:
Les enfants pleins de respects et d'attentions pour leur père ont accepté ses propositions
Le père et les enfants habitent actuellement ensemble(....) en parfait accord et union
La pension alimentaire de 90 francs ne sera versée à Pierre Pelleton que dans le cas où il se retirerait "en son particulier" ou avec l'un d'entre eux. S'il reste avec les 3 la nourriture, le logement et les soins qui lui seront donnés compenseront le montant prévu de la pension.
Marie Saulnier, de Marcenat, veuve deux fois, a perdu ses enfants sauf Gilbert. Agée et infirme elle n'est plus en état pour participer aux travaux dans la société qui existait entre elle, son fils et son gendre (veuf de sa fille et remarié), qui vient de décéder en 1839. Elle se retire de la société en 1840, et
elle se recommandait néanmoins à la tendresse et à l'amitié de ses enfants
en fait, son fils et son épouse et ses petits-enfants....
Et son fils Gilbert
plein de respect pour sa mère de tristesse pour sa triste position lui a assuré que tant que sa famille le lui permettrait il lui donnerait tous les soins possibles et aurait pour elle les égards convenables
Parfois la situation des enfants se détériore et l'accord ancien est alors trop lourd, et le parent aidé en tient compte.....
Ainsi Françoise Vignal avait fait le partage de ses biens le 8 novembre 1827 entre ses deux fils, Saturnin et Jean, en échange d'une pension et rente annuelle par égale portion entre eux de 300 francs. Elle réduit le 21 septembre 1832 la pension à 150 francs, car Saturnin est décédé sans postérité et la position de Jean est peu aisée.
Gilberte Gaume, veuve de Antoine Roux, vit en communauté avec les couples de ses deux fils, Joseph et Antoine, alors que Catherine, Gilberte et Marie demeurent avec leurs maris dans les environs.
La communauté familiale n'est pas florissante, elle a des dettes. Gilberte Gaume décide donc en 1853 pour condescendre au désirs de ses enfants de renoncer à la communauté et à tous ses droits d'usufruit.
Cependant son dévouement reste limité car cette décision lui permet de se décharger à leur égard du paiement des dettes de la communauté.
De plus elle se réserve la pleine propriété des meubles et objets mobiliers qu'elle a apportés au moment de son mariage : 12 draps de lit, une armoire, un coffre, 4 cuillers, 4 fourchettes et un foyer garni, en plus de « ses hardes, nippes, linge de corps ».
Gilbert Bardin à la mort de sa femme, Marie Beaumont, en 1823 a partagé entre ses enfants la succession de leur mère ainsi que son droit de communauté, qui s'est trouvée réduite à 3 personnes: Gilbert, son fils Pierre et sa bru Gilberte Margeridon.
Cependant son grand âge et ses infirmités ne lui permettent plus de travailler pour la société. Il est très sensible aux soins et aux attentions reçus de la part du jeune couple. C'est pourquoi il leur propose en 1825 la dissolution de la communauté afin de leur éviter toute tracasserie de la part de ses autres enfants après son décès.
Le partage de tout le mobilier et des objets immobiliers a déjà été fait en 1823, la société ne porte donc que sur leurs travaux journaliers et industrieux. Il renonce au droit qu'il pourrait avoir dans les cultures et récoltes de toute nature en considération de la cohabitation et des soins reçus.
De cet acte notarié on peut en conclure que les rapports de Gilbert avec Pierre et Gilberte Margeridon sont bien meilleurs qu'avec ses autres enfants
- Quintienne née en 1775
- Antoine né en 1776
- Gilbert né en 1779
- Mathieu né en 1787
Pierre, né en 1785, est l'avant-dernier....
Gilbert Bardin 80 ans, est en effet en mauvais état de santé puisqu'il meurt le mois suivant, le 27/04/1825. Le décès est déclaré par Pierre et Gilbert.
décide de leur abandonner les mobiliers et denrées qui sont en sa possession.
Le fils et les gendres acceptent cette donation et se chargent de soigner et nourrir Suzanne Query pendant le reste de sa vie.
Elle décède le 06/01/1845 âgée de 80 ans, à son domicile à Crechy/le Peux. Son fils aîné André, laboureur à Perigny et son gendre François Barnabé vigneron à Sanssat déclarent le décès.
Participation officielle dans le cadre familial
Pour protéger les intérêts de l'enfant mineur la branche paternelle et la branche maternelle doivent être également représentées, alors faute de grand-père, d'oncle ou de frère majeur on fait appel à un cousin ou au mari d'une soeur ou d'une tante...
Les oncles sont très sollicités : Jean Saulnier est le seul membre masculin qui reste à Françoise Saulnier pour former le conseil de famille en 1886.
Le 01/07/1838, pour désigner le subrogé tuteur des enfants mineurs de Jacques Lafaye tisserand à Vendat, la branche paternelle est constituée du père, de son cousin Pierre Bardot cultivateur à Saint-Remi en Rollat, âgé de 28 ans, et du mari de la fille aînée, émancipée par le mariage, Gilbert Fraisse, vigneron à Vendat.
La branche maternelle est représentée par un oncle et 2 cousins germains. C'est l'oncle maternel qui est choisi, puisque c'est la mère qui est décédée.
Les femmes, sauf les mères veuves, ne font partie d'un conseil de famille qu'exceptionnellement, puisque si elles sont mariées elles dépendent de leur mari.....
Le père est le tuteur légal, mais s'il est décédé il s'agit de l'oncle, ou du grand-père, parfois d'un cousin, de la branche paternelle.
La mère veuve peut obtenir la tutelle de ses enfants mineurs mais ce n'est pas automatique, elle doit en faire la demande. Si elle est remariée son mari est alors co-tuteur.
Si le tuteur appartient à la branche paternelle, le subrogé-tuteur est issu de la branche maternelle ou vice-versa, et il est élu par le conseil de famille.