Maison d'école

La maison d'école a été pendant tout le 19ème siècle une préoccupation du maire et de son conseil municipal de chaque commune, et particulièrement des petites. Il faut en effet trouver les ressources financières nécessaires et respecter les lois, règlements, les exigences gérant la maison d'école, et qui s'amplifient. Ensuite il faut entretenir l'école et réparer quand c'est nécessaire...

La solution peut être de louer une maison disponible sur le territoire de la commune et situé au bourg pour être accessible  au plus grand nombre d'enfants de la commune.


Mais les maires sont fortement incités à installer l'école dans un bâtiment communal, soit en achetant une maison et en l'adaptant à sa nouvelle fonction, soit en construisant un bâtiment neuf.

Le maire avec son conseil municipal doit soumettre les plans qui sont acceptés ou modifiés ou refusés, car le préfet veille à ce que les règles  de sécurité et de salubrité soient respectées.

Les archives départementales ont conservé les documents de quelques communes concernant leur maison d'école, qui éclairent les difficultés rencontrées suivant la situation particulière de chaque municipalité...

Saint-Felix
En 1833 le conseil municipal examine la question de l'établissement d'une école, selon la loi du 28 juin 1833. Mais le conseil considère que
la commune ne possède aucun bâtiment susceptible de loger un instituteur, que toutes les maisons grandes ou petites sont occupées(...) qu'il n'existe  aucune propriété communale que l'on puisse affermer ou vendre(...) qu'il n'existe aucune maison à louer
Faute de moyens mais à regret le conseil municipal à l'unanimité déclare qu'il lui est impossible de fonder une école et
laisse au gouvernement le soin de régler les mesures ultérieures pour la réunion de son école primaire à celle de la commune de Magnet avec laquelle elle a plus de relations en supportant son contingent des frais nécessaires.
En 1842 le sous-préfet relance la question de la maison d'école, et le conseil municipal observe de nouveau que la commune
ne possède aucun local ni emplacement disponible pour établir une école primaire. Elle est réunie pour le spirituel à la commune de Magnet à laquelle elle a été jointe par un ordonnance de monsieur le préfet pour l'instruction des  enfants qui se rendent chez mesdames les Soeurs de la Providence...

Bellenaves
En 1838 un devis descriptif de 27 pages est établi, pour la construction d'une maison d'école. Sur l'emplacement choisi il faut encore démolir de vieux bâtiments à l'angle de la Grande rue du château et la rue conduisant à la Grande place de Bellenaves (en longeant l'église à droite du proche qui sera également démoli).

ecole Bellenaves 1


ecole Bellenaves 2


Il s'agit d'un bâtiment sur 4 niveaux, qui regroupe les 2 écoles, les 2 logements et 2 salles pour la mairie:
  • rez de chaussée  avec la classe des filles et la classe des garçons (plus vaste que celle des filles)
  • au 1er étage la salle de la mairie  et le logement de l'institutrice
  • au 2eme étage la salle des élections et le logement de l'instituteur (plus spacieux que celui de l'institutrice)
  • au sous-sol la cave de l'instituteur.
Tout n'est pas réglé pour autant. Le sous-préfet veut apporter des modifications:en construisant sur la route départementale
  • il réaliserait  sans nuire au nouveau bâtiment une économie de 1144 francs nécessaires pour le terrassement
  • l'école serait beaucoup plus en vue
  • elle serait beaucoup mieux placée
  • le voisinage du champ de foire permettrait aux enfants d'aller y prendre leurs récréations
  • l'école serait au bon air
  • l'accès à l'école serait facile et propre aux expériences nécessaires aux enfants

Le sous-préfet rappelle que les administrations qui construisent doivent penser à l'avenir et pas seulement satisfaire les exigences du moment. Or d'autres projets dans la commune sont envisagés:le cimetière doit être transféré incessamment et remplacé par un jardin destiné au curé, et le presbytère pourrait être construit à proximité, dans un endroit retiré et tranquille.

De plus

si le bourg de Bellenaves doit s'agrandir ce sera nécessairement  aux abords de la route départementale, il faut donc que l'école s'y trouve afin que les enfants puissent facilement y arriver.

Le sous-préfet demande donc au maire  de soumettre son avis au conseil municipal...

Serbannes
Le 15 avril 1849 le maire  réunit son conseil municipal pour s'occuper de la maison d'école. A l'unanimité le conseil décide à l'unanimité
que la maison d'école devrait être placée au hameau du petit Serbannes, lieu dans lequel est situé l'église et qui est le point intermédiaire  entre le hameau du Jaunet et celui du Grand Serbannes."
La commune est en effet  divisée en plusieurs villages, c'est celui du Jaunet qui est le plus peuplé mais qui n'est pas central...
Pour construire l'école près de l'église l'emplacement a paru trop réduit, mais Felix Challeton, conseiller municipal fait don à la commune d'environ 31 ares qui se trouve à 200 mètres de l'église  sur le chemin public allant  de la grande route romaine d'Effiat à Vichy.
A l'unanimité le conseil accepte cette solution et autorise le maire à accepter cette donation.

Saint-Remy
En 1854 la municipalité loue par bail une maison située au bourg servant  de maison d'école pour 80 francs appartenant à Jean Joseph Beylot, actuellement soldat au 70ème de ligne

Chezelle
En 1852 le conseil municipal autorise le maire à acquérir de monsieur Dardan une maison moyennant le prix de 2800 francs. Le plan des lieux et le devis des réparations nécessaires est envoyé par l'intermédiaire du sous-préfet au préfet.
Il s'agit d'un bâtiment d'habitation avec chambre au rez de chaussée, cave et grenier, une écurie, un jardin avec droit d'usage à un puits existant dans un des murs de clôture, donnant au midi sur la place publique.

En 1854 le conseil de la Préfecture  étudie la situation au vu des documents fournis

  • la commune ne possède pas de bâtiment pour la maison d'école
  • ceux proposés conviennent parfaitement pour leur situation  et pour leurs dispositions intérieures
  • le projet n'a rencontré aucune opposition de la part des habitants
  • la commune justifie de ressources suffisantes pour couvrir les frais d'acquisition
et donne son accord pour la réalisation du projet.
Le bâtiment sera financé par:
  • produit des 3 centimes
  • legs de monsieur Raynaud (il doit s'agir de Jean Baptiste Raynaud, âgé de 80 ans en 1851 et recensé comme propriétaire rentier)
  • subvention  du département et de l'Etat

Bayet
La commune de Bayet a acquis une maison d'école  qui doit être adaptée à sa nouvelle fonction. Un devis et un cahier des charges est donc rédigé en 1857 par l'architecte voyer de Saint-Pourçain pour être envoyés par le maire au Préfet pour accord.
Le bâtiment sera divisé en 2 parties bien séparées:
  • l'école des garçons
logement de l'instituteur
classe "pour le sexe masculin"
cabinet d'aisance
jardin
  •  l'école des filles
logement des religieuses institutrices
classe "pour le sexe féminin"

jardin
cabinet d'aisance
l'entrée de la classe sera placée à l'ouest

La cour sera divisée en deux parties par un mur en maçonnerie de 2,50m de hauteur, et la cave par une cloison en plancher, les 2 jardins par une palissade en bois
Le devis estimatif s'élève à 1700 francs.
Le Préfet approuve le plan et le devis le 15/12/1859.

Le 06/05/1860 a lieu l'adjudication des travaux communaux pour la maison d'école devant le maire Jean Baptiste Aymard, 2 délégués du conseil municipal, le receveur municipal, l'agent voyeur à Saint Pourçain.
Les entrepreneurs sont invités à déposer leurs soumissions. Un seul paquet a été déposé. Il s'agit de celui de Julien Velluet maître maçon à Bayet qui justifie de sa capacité et de sa solvabilité, âgé de 42 ans, propriétaire et maçon demeurant aux Roches de Bayet.
Il propose un rabais de 2 centimes par franc, et est déclaré définitivement adjudicataire des ouvrages à exécuter. La somme sera payée en 5 ans avec production d'intérêts au taux légal à partir de la réception définitive des travaux. Les travaux devront être terminés ans le délai de 3 mois à partir de la notification.
Le préfet approuve l'adjudication le 19/05/1860.

Le 10/05/1861 le maire avec 2 membres du conseil municipal,  l'architecte voyeur à Saint Pourçain et Julien Velluet ont procédé contradictoirement  à la réception  des travaux.
La commission reconnait que les travaux ont été exécutés selon les règles de l'art et prescriptions du devis, ils sont donc reçus définitivement..

Billy
En 1862 la maison d'école de Billy  est en mauvais état. L'instituteur à plusieurs reprises  a demandé diverses réparations  qui sont en effet indispensables. C'est pourquoi le maire monsieur Duverger a adressé  en octobre une demande de secours au préfet. Or ces demandes doivent faire l'objet d'un vote du conseil municipal. qui est donc réuni le 9 novembre.
Le conseil inspecte les lieux et il en ressort:
  • le logement de l'instituteur n'est pas convenable
  • le matériel de l'école exige des réparations  et est insuffisant pour les besoins de la classe
  • la commune a déjà fait de grands sacrifices  pour les réparations antérieures, elle mérite donc  qu'on lui vienne en aide.

Le devis des travaux de réparations nécessaires s'élève à  319,16 francs. Le conseil municipal demande donc au préfet de lui allouer cette somme sur les fonds mis à sa disposition par le gouvernement . C'est la première fois que Billy sollicite une aide du département....

En ??? le maire monsieur Duverger (maire à Billy jusqu'en septembre 1870) charge monsieur Malochet, architecte à Lapalisse de dresser le plan avec devis pour la construction de la maison d'école. Il présente ensuite le projet au conseil municipal  pour examen.

Le conseil à l'unanimité trouve que le plan proposé offre tous les avantages désirables et n'y trouve rien à changer. Il l'approuve donc et vote la somme nécessaire à l'exécution du projet.


Escurolles
En 1867 Escurolles dispose de 2 salles d'école:
  • la salle de classe des garçons
 est nettement insuffisante,  et pour cette raison il est impossible d'accueillir davantage d'enfants à titre gratuit.
Mais une nouvelle salle est prévue, le conseil municipal a déjà voté un impôt extraordinaire.
  • la salle de classe des filles
elle est assez vaste et dans de bonnes conditions d'aération; le nombre d'élèves gratuites peut donc passer de 11 à 14.
 
En 1868 la construction  de la nouvelle salle de classe des garçons se précise. Elle va occuper la plus grande partie du jardin de l'école, la partie restante ne pourra servir qu'à faire une cour de récréation. Le jardin de l'école de filles ne peut servir aussi que de cour de récréation.
Le maire propose donc  de créer un nouveau jardin  dont 1/4 serait destiné à l'instituteur, 1/4 à l'institutrice et la moitié serait destinée à l'établissement  d'une pépinière et à des cultures perfectionnées:

Les soins de conduite et de direction seraient confiés à l'instituteur qui donnerait les premières notions d'horticulture à ses élèves et qui pourrait se faire aider au besoin par un jardinier ou par ses collègues du voisinage


Le conseil approuve le projet  en principe....

La question de l' école de filles apparait quand monsieur Meynial, le propriétaire désire le vendre le bâtiment qui abrite la salle de classe et le logement de l'institutrice et que la mairie loue pour un loyer de 114 francs.
 Si la mairie ne l'achète pas, il sera vendu à d'autres, la mairie devra trouver un autre local , or la maison de Meynial est déjà adaptée à une école et dans la commune les maisons disponibles sont très rares.
Le conseil  vote donc l'achat  en tenant compte de l'aide que la commune est en droit de solliciter.
Mais le ministre de l'instruction publique n'approuve pas le projet, d'après un courrier du sous préfet :
l'acquisition envisagée
serait intéressante au point de vue financier, mais elle ne remplit pas les conditions désirables pour une installation convenable de service scolaire. La salle de classe est de 30 à 35 mètres et le logement de l'institutrice est insuffisant.

Le conseil municipal s'entête.....
Après vérification le conseil observe que
  • la surface de la classe est de 49 ou 50 mètres, suffisante pour longtemps encore puisqu'il n'y a actuellement que 40 élèves
  • le logement de l'institutrice se compose de 3 pièces qui peuvent être mieux appropriées en divisant la pièce principale on augmenterait l'une des autres pièces.
  • il est facile de disposer les lieux d'aisance d'une manière plus convenable et à peu de frais

La municipalité est donc obligée de louer une autre maison, celle de mademoiselle Roche, les impôts se trouvent à la charge de la commune.

En 1875 le maire demande au conseil l'autorisation d'acquérir pour la somme de 6800 francs - prix fixé par l'expert nommé -un immeuble à Escurolles appartenant à monsieur Gauthier d'Hauteserve et destiné à la construction de l'école de filles. Le conseil accepte.Et les démarches recommencent!

En juin 1876 le sous préfet transmet au maire les avis de l'inspecteur d'académie sur le projet qui ne réunit pas toutes les conditions nécessaires à l'installation d'une école de filles. Il y a lieu d'en présenter un autre...
Le conseil délibère et décide  de faire dresser rapidement un autre plan.

En juillet 1877 le conseil municipal délibère sur la lettre reçue du sous-préfet, qui réclame une nouvelle réunion du conseil..Le maire s'étonne car en
1875 6 délibérations, 3 en 1877 et une en février 1877 se sont occupés du problème de l'école de filles...
L'inspecteur des écoles primaires a donné son agrément  sur le projet, et le conseil général a voté une subvention.
Il y a urgence à ce que le projet  reçoive une prompte exécution, car monsieur Gauthier a mis la commune en demeure  de réaliser la vente d'ici au 15 aout. De plus le local actuel est loué à l'année il serait impossible de trouver un autre local convenable  si l'immeuble était vendu ou loué ce qui peut arriver incessamment...
Après délibération le conseil décise à l'unanimité  qu'il maintient sans rien y changer ses délibérations  antérieures et demande à ce que les démarches nécessaires soient faites pour acheter la maison Gauthier d'Hauteserve pour l'école de filles.

Nouveau problème!!!!!
Quand le préfet décide de soumettre au ministre le projet d'acquisition  de la maison d'école, il  constate  d'après le plan joint au dossier que les immeubles à acquérir se trouveraient près du cimetière. Or les instructions du ministre recommandent de ne placer les écoles qu'à une distance de 30 ou 40 mètres au moins des cimetières, d'où une impossibilité!:
La demande de la commune d'Escurolles n'auraient de chances  d'être acceptée d'autant que le cimetière qui entoure l'église aurait été transféré sur un autre point  ou que l'administration municipale voterait la translation préalablement à l'acquisition.

Le conseil exprime à l'unanimité le regret de ne pas avoir connu plus tôt les instructions du ministre, ce qui lui a fait perdre 2 années à poursuivre un projet irréalisable, et qui a entrainé la commune dans des dépenses  de plans, devis et projets inutiles...Le maire propose de chercher un terrain  convenable, et le conseil décide qu'il y a lieu de se renseigner  sur les propriétaires possédant des terrains qui pourraient convenir...

En 1880 Le maire expose que le dossier concernant le projet de construction d'une école de filles a été adressé depuis longtemps au ministre de l'Instruction publique avec avis favorable et qu'il n'a encore été pris aucune décision. Or
  • le dossier a été bien établi
  • la propriété acquise par le commune convient sous tous rapports
  • le local servant actuellement  d'école  n'est pas la propriété de la commune et le bail expire le 24 juin:  si la construction n'est pas autorisée rapidement il résultera un préjudice considérable car les classes seraient suspendues par manque de local.
  • la propriétaire  est sur le point de quitter  la commune , et a manifesté l'intention de se désister dans le cas où la vente  ne serait pas autorisée avant son départ.
La délibération sera donc transmise au ministre par l'intermédiaire du préfet pour accélérer la prise de décision.
Il semble que ce soit enfin le bon projet!!!!!!!

Montoldre
En 1882 le projet de construction de l'école prend forme. Après un état estimatif le conseil municipal étudie le devis. Or un parquet pour la salle de classe apparait sur le devis, alors qu'il n'était pas prévu. Il faut donc que le supplément soit supporté entièrement par la commune. L'entrepreneur a accordé un rabais qui est entièrement absorbé par des divers travaux imprévus; une imposition extraordinaire de 550 francs est donc votée, elle sera payée en 1883
.

En 1884 l'école de garçons est complètement terminée et le maire en avertit donc l'inspecteur primaire de Lapalisse. Il en profite pour  le prier de presser la nomination d'une institutrice pour l'école de filles. Mais l'inspecteur  n'est pas d'accord car le local actuel de l'école de filles est défectueux, il est urgent de l'agrandir et de l'approprier avant d'y installer une école de filles.
L'architecte consulté considère qu'il est impossible d'agrandir le local à moins de 8000 à 10000 francs. Or il faudrait recourir à une nouvelle imposition extraordinaire, et les contribuables n'y sont pas prêts. Le conseil municipal propose  des réparations  pour 400 francs qui seraient prélevés sur le fonds des dépenses imprévues.


A la réception  provisoire  de la nouvelle maison d'école l'entrepreneur serait tenu de refaire les volets et les joints de la maçonnerie de briques, mais il préfère subir une diminution sur ses volets que de les refaire, les joints seront refaits et l'entrepreneur subira une nouvelle diminution à la réception définitive.