Pierre Bardot
Pierre Bardot est le troisième enfant vivant après Catherine (1805) et Quintien (1807) de Gilbert et Jeanne Lafaye, locataires métayers. Il naît le 30/10/1810, au Bouchereaud (Vendat). Ils y sont puis s'installent vers 1820, à Mique, dans la même commune.
Leurs voisins sont Pierre Neury, Magdeleine Michelle,qui meurt à 48 ans le 19/04/1828 à son domicile. La soeur de Pierre, Catherine, âgée de 23 ans, épouse le veuf, deux mois après le décès de l'épouse.
Décès du père et de la mère
Gilbert Bardot, le père, décède le 25/10/1828, ce qui occasionne la séparation familiale : Pierre et Quentien se placent comme domestiques...... et Jeanne Lafaye rejoint sa fille Catherine et Pierre Neury qui sont laboureurs au Chambon de Saint-Remy en Rollat, C'est auprès d'eux qu'elle meurt le 20/09/1830 âgée de 63 ans.
Pierre domestique à Marcenat 1828-1833
Pierre a 20 ans en 1830 et Quintien les a eus en 1827, âge prévu pour le service militaire qui durait 8 ans à l'époque (entre 1824 et 1832), or ni l'un ni l'autre n'a quitté la région. Le tirage au sort leur a donc été favorable.
Pierre devient domestique à Vilaine (Marcenat) et Quentien à Vendat, en attendant un mariage. C'est Quentien qui se marie le premier, il épouse, à 24 ans, le 9 aout 1831 Jeanne Neury à Vendat, fille du mari de Catherine Bardot. Quintien devient donc le gendre de sa soeur.... Quentien et Jeanne sont alors métayers à Vendat. Mais Jeanne meurt à son domicile le 11 novembre 1832.
Pierre métayer avec domestiques 1833-1836 la Charmette (Saint Remy)
C'est ensuite le tour de Pierre de se marier : le 24/09/1833 à Saint-Remy, il épouse à 23 ans sa patronne Françoise Vincent, de 6 ans son aînée, de la locaterie de la Charmette, qui dépend du château de Gerbe. Françoise est veuve de Jacques Dubessay (né à Vilaine le 1 Fructidor an IX), qu'elle avait épousé dans la commune le 27/11/1823. Ils ont un fils, Pierre. Jacques est mort le 14/11/1832- à 31 ans, à Saint-Remy. Anne naît, le 29/03/1833, enfant posthume. Françoise se remarie un an après la mort de son mari, sa fille Anne a 6 mois.
Le contrat de mariage est établi devant maître Morand 4 mois avant la célébration du mariage. Pierre ne possède rien, Françoise apporte un mobilier estimé à 1400 francs provenant de la communauté avec son mari décédé: 700 francs en biens propres et 700 francs qui reviennent à ses deux enfants mineurs et qui leur sera remis à leur majorité.
Lors du recensement de 1836 de Saint-Remy Pierre est déclaré « locataire » de 28 ans vivant avec sa femme Françoise de 31 ans, avec les 2 enfants de Françoise, Pierre et Anne, et Françoise âgée de 2 ans. Ils emploient 2 domestiques : Quintien de 31 ans, le frère de Pierre, encore veuf, et Marie Villlard 16 ans.
Françoise Vincent décède le 16/05/1837. Une semaine après, devant le juge de paix du canton d'Escurolles, sont réunis 2 conseils de famille, suite aux 2 mariages de Françoise.
Selon l'inventaire fait par Françoise elle se trouvait débitrice de ses enfants de la somme de 700 francs, que Pierre est prêt à remettre au tuteur. Quant à la communauté qui existait entre Françoise et Pierre une estimation des meubles et effets mobiliers a été faite entre eux. Il est convenu entre eux que Pierre payera au tuteur la somme de 200 francs pour ce qui revient aux 2 enfants de la succession mobilière de leur mère, non compris la récolte pendante.
Pierre Bardot accepte de garder chez lui Pierre Dubessay, âgé de 10 ans, et il ne demande pas de rétribution. En effet, à cet âge Pierre peut rendre des services à la ferme. Par contre Anne est en bas âge (4 ans), c'est Pierre Vincent, son grand oncle qui la prend en charge, en étant indemnisé par le tuteur.
Pour Françoise, la fille de Pierre c'est Pierre Vincent qui est désigné le subrogé-tuteur.
Pierre, veuf de Françoise Vincent, reste cultivateur à la Charmette, le bail n'a donc pas été annulé.... Il se remarie dans la commune, très rapidement, (un mois après la mort de sa première épouse), Il épouse le 27/06/1837 Quintienne Bardin née au Mayet d'Ecole le 21/02/1812. Pour l'instant pas de traces d'un contrat de mariage....Quintienne est également domiciliée dans la commune- et pour que le mariage soit décidé aussi rapidement il est vraisemblable que Quentienne ait été employée comme domestique chez Pierre..
Après le mariage les salariés employés sont son frère Quintien, et aussi Marie Bardin, la sœur de Quentienne.
Pierre Bardot déclaré « propriétaire », en fait ne l'est que par sa femme Quintienne Bardin, qui possède des droits encore en indivision avec ses cousins de la part qui vient de son père décédé ...
Association avec le couple de son frère 1839-1843 Ambon (Loriges)C'est ensuite le tour de Quentien de se remarier: il épouse à Saint-Remy le 09/04/1839 Françoise Peronnet, née à Marcenat le 11/10/1811 et également salariée à la Charmette. Il n'est pas question de contrat de mariage. Elle a sans doute remplacé Marie Bardin comme domestique..
Pour Pierre ce mariage lui apporte enfin la possibilité de travailler en société, système qu'il pratiquera toute sa vie….Les deux couples deviennent métayers en communauté, au village d' Ambon. Malheureusement ce bail de métayage n'a pas été retrouvé, sans doute était-il verbal...
Pierre et Quintien déclarent, comme père ou comme oncle, plusieurs naissances à Loriges dont dépend Ambon: le 16/06/1840 Pierre fils de Quintien et le 24/08/1840 Pierre fils de Pierre mais l'enfant meurt à 8 mois le 24/04/1841.
Lors du recensement de 1841 les couples des 2 frères élèvent 3 enfants. Ils emploient 2 domestiques, Jean Trebuchet et Françoise Dubessay (en 1841 les âges ne sont pas indiqués)
Les naissances se poursuivent chez les 2 frères : le 29/03/1842 à 4 heures du soir Jacques, fils de Quintien, et le 09/05/1842 à 8 heures du matin Marie, fille de Pierre.
Association avec son frère 1843-1847 aux Baux (Saint-Didier en Rollat)
On retrouve en 1843 Pierre et Quintien métayers ensemble aux Baux, domaine isolé et loin du centre de Saint-Didier. Le bail de métayage n'a pas été retrouvé.
Les
catastrophes
familiales
s'abattent
sur
Pierre
en
1843.
D'abord
Catherine,
sa
soeur
aînée,
(née
le
19
ventôse
XIII),
veuve
depuis
1840,
domestique,
vient
accoucher
chez
ses
frères
d'une
fille
naturelle
Gilberte
Bardot
le
25/02/1843.
Puis
Jacques,
le
fils
de
Quentien,
meurt
le
27/04/1843,
âgé
d'un
an.
Trois
semaines
après,
le
18/05,
c'est
la
fille
de
Catherine,
Gilberte,
qui
meurt
à
3
mois.
Puis Pierre déclare le décès de Quintien survenu le 17/09/1843. Un fils posthume de Quentien, Antoine, naît le 15/01/1844. Françoise Peronnet,restée auprès de son beau-frère aux Baux meurt elle-même 5 jours après l'accouchement. Finalement l'enfant orphelin âgé de 8 mois et domicilié chez Pierre meurt 15/09/1844. Antoine fils de Pierre naît le 07/07/1845 mais décède à un mois et demi le 20/08/1845.
Arrive enfin un fils viable : Pierre le 28/11/1846.
Pierre n'ayant plus d'associé emploie 4 domestiques : Joseph Peronnet 16 ans, Marie Passerat 18 ans, Gilbert Sourit 17 ans Pierre Dubessay 19 ans. En général les domestiques employés sont des jeunes à partir de 13 ans et les plus âgés sont sur le point d'effectuer (ou non) le service militaire. Ils restent donc au maximum 6 ans dans la même place mais souvent ils commencent comme jeune domestique et ensuite une fois acquis les savoir-faire ainsi que la taille adulte changent d'emploi pour obtenir des gages supérieurs.
métayer à Saint Gilbert seul avec des domestiques 1847-1855
Pierre quitte en 1847 les Baux, assez isolé dans Saint-Didier, pour le domaine des Chênes situé à Saint-Gilbert et appartenant à Claude Grangier avec d'autres domaines situés à Saint Gilbert.
Pierre accepte un bail de culture de 3 ans, à moitié fruits, à partir du 11 novembre 1847. Claude Grangier exige de ses preneurs de collaborer pour des travaux importants. Les travaux de charrois nécessaires au bailleur doivent être faits ensemble avec les autres métayers.
Le bail rédigé le 7 février 1847 détaille très minutieusement les obligations qui incombent à Pierre Bardot, les cultures à produire, le cheptel à élever, le matériel fourni, les semences.
Trois hommes valides doivent continuellement travailler sur le domaine, ainsi que les bergers nécessaires. Or en 1847 Pierre ne dispose pas dans sa famille d'hommes en âge de travailler, Il lui faut donc faire appel à des salariés, en attendant de pouvoir travailler avec des membres de sa famille...
Pierre n'est plus isolé, à Saint Gilbert se trouvent plusieurs domaines plus ou moins grands. Le domaine des Chênes est le plus important. Les voisins les plus proches occupent la locaterie du Russon et le domaine du Russon. La petite locaterie est occupée par Gilbert Glachet et Anne Gournillat. Le domaine du Russon est occupé par Pierre Dubessay, l'oncle des enfants de la première femme de Pierre.
Pierre
perd
sa
deuxième
femme,
Quentienne
Bardin,
le
01/06/1849.
Pierre
de
nouveau
veuf
a
maintenant
3
enfants :
Françoise,
fille
de
Françoise
et
Marie
et
Pierre
enfants
de
Quentienne.
Pierre se remarie 6 mois après le décès de Quentienne, le 20/11/1849 à Paray sous Briailles. Il épouse Anne Dubost, célibataire âgée de 35 ans, qui y est domiciliée. Anne vient vivre au domaine des chênes.
Les baux de métayage en général sont de 3 ans, à partir de la Saint-Martin (le 11 novembre), renouvelables, souvent par accord tacite: Pierre reste au domaine des Chênes depuis 1847.
Une nouvelle fille naît chez Pierre à Saint-Gilbert le 16/11/1850 : encore une Françoise !
Pierre avec Anne Dubost garde auprès de lui ses 4 enfants Françoise 17 ans, Marie 9 ans, Pierre 4 ans, Françoise 8 mois. Aucun ne quitte la famille pour se placer. Avec la famille de Gilbert Glachet et Anne Gournillat avec leurs 2 enfants du même âge que les plus jeunes Bardot, Pierre entretient de relations de voisinage, de collègues et rapidement d'amis.
Le domaine des Chenes d'environ 30 hectares de terres nécessite la main d'oeuvre d'au moins 3 ou 4 hommes. Ils emploient 2 domestiques: Jean Mazois 20 ans et Jean Passerat 14 ans.
Un autre fils naît chez Pierre, encore un Pierre, mais meurt le même jour, le 28/10/1853.
Association avec son premier gendre 1855-1872 domaine des ChenesPierre marie sa fille aînée, Françoise, âgée de 21 ans : le 27/11/1855 elle épouse Gilbert Cour âgé de 30 ans (né le 01/05/1825 à Mazerier), fils de feu Jean et de Charlotte Bouyarel propriétaire à Bayet. Gilbert est domestique à Paray chez Claude Bardin.
Un contrat de mariage sous le régime de la communauté réduite aux acquêts est signé devant Maître Cherieux, notaire à Saint-Pourçain le 18/11/1855. Le futur apporte en dot comme provenant de ses économies une somme de 300 francs en argent. De plus il pourra prétendre à la succession de sa mère ...
En vue du mariage le père de la future lui constitue en dot un trousseau mobilier composé d'un bois de lit, une paillasse, un lit en plume un traversin une couverture de laine une courte pointe des rideaux en cotonne, 6 draps, 4 nappes, 6 serviettes, une armoire en noyer, le tout estimé à la somme de 200 francs, et une somme de 500 francs à imputer sur les droits de la future dans la succession de sa mère que Pierre Bardot s'oblige à payer en numéraire devant le notaire d'ici un mois.
Une société de travail et d'industrie pour l'exploitation de tous les biens qu'ils feront valoir ensemble comme colons ou comme fermiers est établie entre les futurs époux et Pierre Bardot et sa sa femme en deuxièmes noces (en fait en troisièmes noces). Pour former le fonds social de cette société les parties confondent, les père et mère tous les harnais, instruments de culture en leur possession ainsi que les récoltes pendantes leur appartenant, et les futurs époux la somme de 150 francs prise sur celle de 300 francs, montant de la constitution dotale.
Le problème dans les associations entre parents et couple d'un enfant c'est la place à donner aux autres enfants plus jeunes. Ainsi si Marie et Françoise Bardot, les sœurs de Françoise se marient avant la dissolution de la société et confondent dans cette société leurs travaux et leurs gages, la société leur fournira lors de leur mariage à chacune un trousseau mobilier d'une valeur de 200 francs. Ce n'est pas encore pour bientôt, car Marie est âgée de 13 ans en 1855 et Françoise, la plus jeune, 5 ans...., mais cela prouve que Pierre souhaite garder ses enfants auprès de lui et d'autre part qu'il pense que l'association sera de longue durée...
Dans les gains et bénéfices comme dans les pertes et dette il sera retiré ou supporté 2/3 pour les époux Pierre Bardot et 1/3 pour les futurs époux.
Le jeune couple s'installe donc à Saint-Gilbert selon les termes du contrat. Quand Marguerite Cour naît le 28/12/1855- un mois après le mariage de ses parents, c'est Pierre, le grand-père, qui déclare la naissance de sa première petite fille.
Pierre occupe toujours le domaine des Chênes, mais le propriétaire Claude Grangier décide de repréciser les conditions de travail des métayers et cette fois-ci regroupe 5 de ses métayers à l'étude de Maître Givois de Brout-Vernet, le 8 juin 1856 pour renouveler les baux à moitié fruits pour une année, à partir du le 11 novembre 1856. Il s'agit de
Pierre Bardot et son gendre Gilbert Court au domaine des Chênes
Antoine Faure domaine de l'Hôpital
Gilbert Bourdier et ses gendres domaine de la Chapelle (Brout-Vernet)
Claude Meunier et Jacques Pelletier domaine de Bournat (Brout-Vernet)
Gilbert Glachet dit Meliau locaterie Saint-Gilbert
Les 2 premiers domaines doivent occuper 4 hommes, les 2 autres 3, valides et de plus de 18 ans, ainsi que les femmes et les bergers nécessaires. Or Pierre ne dispose que de son gendre Gilbert , les enfants étant encore trop jeunes pour être considérés comme travailleurs.
Aucun domestique n'est nommé dans le recensement datant du 20/06/1856, or l'embauche des domestiques a lieu à la Saint Jean (le 24 juin)....Dans le bail de 1847 Pierre devait disposer de 3 hommes valides et non pas 4... qu'est ce qui justifie ce besoin accru de main d'oeuvre??????
Les ouvriers pour la vendange doivent être payés en argent à frais communs d'après l'usage établi. Les métayers doivent payer un loyer: 150 francs pour les 2 domaines les plus importants, ou 100 francs, ou 50 francs pour Glachet, qui occupe la locaterie.
Le bail détaille encore plus précisément qu'en 1847 les méthodes de culture et d'élevage et les travaux d'entretien, et répète que les métayers doivent travailler ensemble. Ils doivent utiliser des instruments perfectionnés, en particulier une charrue Dombal n°2 , une herse de forme carrée garnie de pointes de fer. Des sanctions financières sont prévues pour le métayer qui désobéit: par exemple il doit payer 12 francs chaque paire de boeufs pour un charroi non autorisé, ou 50 francs pour un hectare de luzernière défrichée sans autorisation …..
Pierre est de nouveau grand-père : Jean Court naît le 16/09/1860 à Saint-Didier.
La fille de Pierre, Marie, âgée de 22 ans et célibataire, accouche chez son père d'un enfant, Antoine, de père inconnu le 09/02/1864 qui décède le 22/02/1864, à 13 jours.
En 1866 Claude Grangier impose des changements dans les baux à moitié fruits. Il regroupe de nouveau plusieurs métayers le 13 avril 1866 à l'étude de Maître Givois à Brout-Vernet pour imposer ses conditions, cette fois-ci à tous les métayers de Saint-Gilbert:
Pierre et son gendre Gilbert Cour au Domaine des Chênes
Gilbert Glachet et son fils Antoine à la locaterie Saint-Gilbert
Marguerite Charveron veuve Faure et ses enfants au domaine de l'Hôpital
mais aussi Gabriel Jayat et son gendre Antoine Chassin au domaine du Russon
et Claude Gouny mariée à Rose Dupuis à la locaterie du Russon;
Il s'agit en fait de quelques changements apportés par Claude Grangier aux baux établis en 1855 ou 1856 suivant les cas. Les sanctions sont augmentées: 50 francs pour un charroi non autorisé, ou pour le glanage avant que les gerbes soient enlevées, 10 francs si les porcs sont trouvés dans les luzernières, 300 francs pour un hectare de luzernière défriché....La valeur des cheptels est augmentée: pour Pierre 4184 francs- mais la valeur du franc a sans doute changé depuis 1856....Certains avertissements font penser que les rapports entre bailleur et preneurs se sont durcis: »les métayers ne pourront se refuser à le faire ou s'y opposer... » et « il leur est enjoint expressément de faire garder leurs bêtes bovines par des personnes raisonnables ».....De mauvaises expériences ont sans doute rendu Claude Grangier prudent, mais qu'entend-il par « raisonnables » ? Ce sont souvent les enfants qui sont chargés de garder les bêtes...
Pierre Bardot déclare la naissance de son 3ème petit-enfant, Pierre Gervais Cour, le 19/06/1866 à Saint-Gilbert avec Claude Pelisson (qui a signé), personnage important à Saint Gilbert, puisqu'il est le régisseur depuis 1846 à Saint Gilbert au service de la famille Grangier. ...
Pierre le fils unique de Pierre, de la classe 1866, passe le conseil de révision à Escurolles le mardi 23/04/1867. Pierre est déclaré bon pour le service et est appelé le