L'enfance
Très peu de documents renseignent sur cette période de la vie.
Les recensements, surtout dans la première moitié du 19ème siècle sont lacunaires en particulier concernant les enfants.
Les enfants sont élevés par leurs père et mère en général.
Rarement ils sont confiés à leurs grands parents ou leurs tantes, quand les parents sont dans l'impossibilité de le faire, c'est le cas des domestiques dans les maisons bourgeoises, et des enfants naturels.
Ainsi Françoise Saulnier enfant naturelle née à Billy en 1865 dont la mère s'éloigne et disparait, est élevée par sa tante et son oncle, qui, n'ayant eux-mêmes pas d'enfant, la considèrent comme leur fille. Elle fréquente l'école, et peut donc signer très correctement l'acte de son mariage- ainsi que son mari....
Cependant certains sont placés « en nourrice »
Habituellement il ne s'agit pas d'enfants de cultivateurs mais de parents qui ne peuvent pas s'en occuper pour des raisons professionnelles.
Il peut aussi s'agir d'enfants confiés à un hospice qui les fait élever par des familles de cultivateurs..
Ce sont souvent des femmes de cultivateurs plus que d'artisans qui prennent en charge un nourrisson, et souvent l'élèvent en même temps que le leur. Elles reçoivent de cette manière un supplément de revenu. Mais ce n'est pas très fréquent...
le cerceau
les échasses
Pour jouer les enfants n'ont pas besoin de jouets :
enfants jouant à saute-mouton
Les animaux familiers peuvent être des compagnons de jeux :
Ils peuvent aussi jouer dans la rue avec d'autres enfants:
enfants de Saint Gerand le Puy
Ils restent auprès de leur mère quand ils sont très jeunes et la suivent dans ses activités, comme par exemple lors de la lessive au bord de la rivière...
La scolarité
Aller à l'école pour apprendre à lire, écrire et compter ne va pas de soi pour l'ensemble des enfants du 19ème siècle, jusqu'aux lois scolaires de Jules Ferry de 1881 à 1886.
Envoyer les enfants à l'école demandent aux parents cultivateurs un effort financier, alors lorsque la situation économique se détériore il n'est plus question d'école....
Jean Gaumin et Jeanne Lartigaud , métayers envoient à l'école leurs fils François (né en 1808) Joseph (1815) qui apprennent à lire et à écrire, mais pas les filles. Le père décède en 1824 à Fleuriel Nomont. A ce moment là le troisième fils, François, né en 1819 n'a que 5 ans. Il ne fréquentera pas l'école...
Certains savent lire mais pas écrire...Au 19ème siècle lire et écrire ne sont pas enseignés simultanément. On commence par la lecture, vient ensuite l'apprentissage de l'écriture. Or certains enfants sont scolarisés trop peu de temps pour aborder la calligraphie.
La lecture est enseignée à un grand nombre d'enfants, l'écriture demande un travail plus individuel....par manque d'exercice beaucoup d'enfants peu scolarisés gardent une grande maladresse pour écire: C'est ainsi que l'adjoint au maire de Montoldre en 1865, Garde, faisant fonction de maire en l'absence de celui-ci et devant signer à sa place les actes d'état civil sur les registres, écrit son nom, d'une écriture d'enfant....
La situation scolaire dans le Bourbonnais comme dans tout le pays évolue pendant tout le 19ème siècle, avec des changements importants dans les mentalités de la population et dans la politique.
On peut distinguer 2 périodes pour aborder le sujet de l'enseignement primaire à cette époque:
-
de Napoléon I à Napoléon III
-
La 3ème République
Certes pendant tout le siècle les régimes politiques se sont succédés et avec eux les lois, décrets, réformes concernant en particulier « l'instruction publique ». La vision de l'école a changé entre ces 2 périodes :
- une école non obligatoire, payante, qui base son enseignement en priorité sur la morale et la religion et seulement sur les 3 apprentissages, lire, écrire et compter, et qui néglige la scolarité des filles.
- une école obligatoire, gratuite et laique, qui enseigne les notions fondamentales, mais aussi l'histoire, la géographie, la géométrie, l'arpentage, à égalité entre les filles et les garçons, et sans la religion.
Et entre les deux périodes une transition, autour de 1870.
L'école facultative, payante et religieuse privilégiant les garçons
- L'école n' est pas obligatoire
D'une part les communes ne sont pas tenues au début du siècle d'entretenir une école communale. Le budget des communes étant très limité et les ressources très modestes, les petites communes ne disposent pas d'école, et même si la situation s'améliore peu à peu, les conseils municipaux hésitent devant la dépense et privilégient éventuellement d'autres dépenses jugées essentielles comme la réfection des chemins, la réparation de l'église, ou le remplacement de la cloche…
Dans le cas d'absence d'école, les familles aisées peuvent alors envoyer leurs enfants en pension dans une ville pourvue d'un établissement scolaire, mais les cultivateurs ne sont pas en général en mesure financièrement d'assurer ce genre de dépense...
D'autre part les parents décident ou non d'envoyer leurs enfants à l'école si elle existe…
Les enfants de cultivateurs, fermiers ou métayers, sont considérés plus utiles dans le cadre de la ferme. Ils peuvent être employés à des tâches adaptées à leur âge, comme la surveillance des animaux ou certains travaux domestiques etc. Globalement les connaissance livresques sont fréquemment considérées comme inutiles ou superflues…
D'autre part les écoles sont situées au bourg, or les exploitations sont souvent éloignées, soit isolées soit regroupées en hameaux, la distance jusqu'à l'école peut être grande pour des enfants.. De plus les cultivateurs non propriétaires sont amenés à changer de domicile en fonction du bail qu'ils obtiennent parfois pour une courte durée.
Un rapport sur la situation de l'instruction publique pour l'année 1846-1847 souligne que les écoles dans les communes bourbonnaises sont très peu fréquentées.
Les Archives de l'Allier à Moulins ont en leur possession 5 courriers envoyés par l'instituteur de Bellenaves au maire et au conseil municipal de la commune en 1849 et 1850 particulièrement intéressants. Il souhaite en effet faire connaître les problèmes scolaires:
- En décembre 1849
l'instituteur remarque les progrès des élèves en général, mais aussi le mécontentement exprimé par certains parents "sous un prétexte ou un autre". Aucun enfant n'a été porté sur le registre de correction (des punitions) alors que 5 ont été inscrit au registre d'honneur. Deux des enfants "gratuits" ont cessé de venir, les parents considérant qu'ils n'apprenaient pas assez vite.
- En février 1850
l'instituteur constate une baisse de l'effectif à cause de la concurrence illégale qui est faite à l'école de la commune. Monsieur Château a en effet ouvert une école "illégale", c'est à dire sans les prescriptions légales, elle aussi payante, mais moins chère que l'école communale. Il s'agit d' Antoine Chateau, âgé de 63 ans en 1851 et qui figure dans les recensements en 1841, 1846, 1851 comme "ancien huissier"...
D'autre part l'attitude des parents est critiquée par l'instituteur. En effet, certains apportent parfois un obstacle aux leçons en décourageant les enfants par des propos irréfléchis et en leur refusant encore les objets et le temps nécessaires- or les élèves ont des leçons à apprendre... Cependant ils envoient plus régulièrement leurs enfants.
- Au mois de mai 1850
les choses se gâtent. Les absences se font plus fréquentes, à cause des travaux des champs, et en juillet la situation empire, c'est le temps de la moisson...
- L'école est payante
L'école est payante, la commune entretient le local mais ne verse qu'un salaire réduit à l'enseignant. Les parents versent une participation comme complément. Ils doivent en plus payer pour les livres. Le paiement peut être un frein pour les parents. Les cultivateurs disposent de peu de liquidité, les comptes avec les bailleurs se font une fois par an, et les revenus des cultivateurs, journaliers, oumétayers sont très limités.
Dans les familles très nombreuses, souvent un seul enfant est envoyé à l'école et souvent pour peu d'années.
Ainsi dans la famille Mousset-Peraud où naissent plusieurs filles en 1856, 1858, 1861, 1866 etc. seule la troisième est indiquée lors du recensement de 1872 comme sachant lire. Pourquoi elle et pas ses autres sœurs a fréquenté l'école? Pour qu'une acquière le minimum nécessaire ? La famille vit à Bayet jusqu'en 1866 puis à Rongères. Les deux communes possèdent une école de filles, alors elles auraient pu être scolarisées?....Toutefois elle ne signera, étant adulte aucun document....
Cependant les enfants de familles indigentes peuvent solliciter la gratuité, qui leur est accordée par le maire et le curé, mais le nombre d'élèves jouissant de la gratuité est limité. D'autre part le fait de limiter la scolarité gratuite à 3 ans explique que certains enfants savent lire mais n'ont pas eu le temps d'apprendre à écrire...
La loi du 28 juin 1833 précise dans son article 14 les conditions de l'établissement de la liste des enfants jouissant de la gratuité. Nony, l'instituteur de Bellenaves, en rappelle les modalités au conseil municipal en 1849. A Bellenaves 4 garçons obtiennent la gratuité chaque année, pour 3 ans, ce qui fait 12 enfants chaque année qui ne paient pas les frais de scolarité.
La loi du 15 mars 1850 sur l'enseignement modifie les modalités de l'aide à accorder. La loi est exécutoire à partir du 1er septembre 1850. L'instituteur de Bellenaves, Gabriel Duclaux, qui succède à monsieur Nony, s'adresse le 12 août 1850 au maire de la commune pour lui rappeler les termes de la nouvelle loi : en particulier il signale que la gratuité accordée doit être examinée chaque année, ce qui n'était pas le cas jusqu'alors.
De ce fait l'instituteur veut savoir si les élèves accueillis les années précédentes à titre gratuit pourront dès le 1er septembre 1850 continuer à venir de même. Il ne s'agit que des garçons car les documents concernant les filles et leur institutrice Marie Justine Dupoyer n'ont pas été conservés. L'instituteur envoie donc les noms des 13 élèves de l'année précédente et la profession des parents:
- 2 cultivateurs
- 1 propriétaire journalier
- 1 propriétaire cultivateur
- 2 marchandes
- 2 maçons
- 1 propriétaire boucher
- 1 propriétaire serrurier
- 1 cantonnier
- 1 journalière
- 1 perruquier
Les listes des élèves pour l'année 1851, gratuits et payants permet de comparer avec celle de 1850:
- 27 au lieu de 13 ont la gratuité.
- Le pourcentage de fils d'agriculteurs est plus élevé dans la liste de gratuité en 1851.
- 8 des 13 restent admis gratuitement, 2 doivent payer : François Gournillat fils de Jacques, perruquier au bourg et Simon Mauzat fils du boucher, propriétaire. Pour la famille Panier, Louis âgé de 13 ans doit payer mais son frère, Panier « jeune », c'est à dire Etienne, âgé de 11 ans est placé sur la liste de gratuité. Pour les familles nombreuses la gratuité n'est accordée en général qu'à un enfant à la fois, alors les autres doivent payer le tarif habituel…
- 2 ne fréquentent plus l'école.
Le conseil municipal de Saint-Felix doit répondre en décembre 1852 au Préfet au sujet de la liste des enfants admis en gratuité, or La liste ne peut être dressée attendu qu'aucun parent n'est venu demander l'inscription.
Il précise que la commune est entièrement rurale et que les habitants sont tous cultivateurs. Cela pourrait montrer que les familles de cultivateurs manifestent moins d'intérêt pour l'école que les autres familles?....
Lors du recensement de 1851 de Saint-Felix on trouve (hommes et femmes):
- 42 propriétaires
- 2 fermiers
- 10 fermiers propriétaires
- 48 colons
- 60 journaliers
29 enfants de 7 à 12 ans soit 13 garçons et 16 filles sont en âge d'être scolarisés.
Les ressources de cette petite commune ne lui permettent pas d'entretenir une école mais la commune voisine de Magnet dispose d'une école tenue par trois religieuses déjà présentes en 1836.
Les enfants de Saint-Felix qui le souhaitent peuvent y être admis mais très peu d'enfants de Saint Felix sont scolarisés, et uniquement dans les familles non indigentes..
En août le conseil municipal de Billy approuve la liste établie par le maire et le curé pour l'admission gratuitede 12 enfants dans l'école primaire publique pendant l'année 1865. Le même nombre avait été admis gratuitement en 1864.
A Bayet en 1865 12 enfants sont admis de la même façon. Les tarifs pour les élèves qui paient n'ont pas changé. Ils sont fixés par le Conseil départemental de l'instruction publique.
Les 28 élèves payants à Bayet en 1869 sont enfants de 9 propriétaires, 12 fermiers, 3 métayers, 1 journalier, 1 domestique, 1 charron, 1 épicier.
D'après le conseil municipal de Billy en 1867 considérant que la perception particulière pour achat de livres a produit d'heureux effets, que le budget communal ne contient pas de ressources ordinaires suffisantes pour faire face aux dépenses de l'instruction primaire, qu'il y a lieu des lors de recourir à l'imposition des centimes additionnels.
La cotisation pour les livres est de 10 centimes par mois et par élève.
- L'enseignement tourne autour de la morale et la religion.
A cet égard le règlement de l'école primaire de Neuilly le Real, établi par le Conseil municipal, conservé aux Archives départementales, est très intéressant. Il est sans date, mais on peut supposer qu'il date des années 1850 car il est très proche du règlement type du 27 août 1850… Il renseigne sur les horaires scolaires et l'organisation de l'enseignement.
L'ouverture des classes a lieu chaque année au 1er novembre, le jour des vacances est fixé par le Comité. L'horaire varie suivant les saisons: en hiver de 8h1/2 à 11h et de 1h1/2 à 4h et en été de 8h à 11h et de 1h à 4h. Chaque classe est annoncée par le son de la cloche.
Le rôle de l'instituteur ne se limite pas à l'enseignement de la lecture, écriture et calcul, d'ailleurs non énumérés dans le règlement. Il veille en particulier sur l'éducation religieuse de ses élèves:
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chaque classe commence et finit par les petites prières
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l'instituteur doit surveiller les enfants en classe mais aussi à l'Eglise
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Il doit les accompagner 4 fois par an à confesse
-
Il les conduira tous les dimanches et fêtes à la messe et à vêpres: il fera en sorte qu'ils aient toujours un livre ou un chapelet pour s'occuper pendant les offices.
Il doit aussi contrôler la propreté: aucun enfant ne doit se présenter à l'école avec des vêtements "en désordre, dégoutants ou déchirés". De plus il doit contrôler chaque jour "la propreté des mains, de la figure, des livres et papiers".
La discipline doit être sévère: chaque fois que les enfants doivent se rendre à l'Eglise,
ils en recevront l'avertissement comme pour les classes au son de la cloche et ils ne manqueront point d'aller prendre le maître d'école qui les fera mettre en rang pour marcher avec ordre et en silence.
Cependant les châtiments corporels sont exclus: le maître doit corriger l'enfant avec douceur, mais en aucun cas le maltraiter ou le battre; il doit avertir le Comité si malgré les "paternels avertissements" l'enfant persévère dans la mauvaise voie.
L'instituteur est autorisé à infliger les "pénitences ordinaires" à l'enfant paresseux, négligent dans ses devoirs.
Le comportement et les résultats scolaires sont contrôlés par le comité:
Les notes sur la conduite et les progrès des élèves doivent être communiquées chaque trimestre au comité puis aux parents.
A la fin de l'année scolaire, avant les vacances, une distribution publique et solennelle de récompenses, fournies par la municipalité sera organisée pour les 2 écoles, pour l'encouragement des enfants..
L'école n'apporte que des rudiments, l'éducation religieuse étant la matière dominante.
En 1836 l'instituteur de Bayet, monsieur Rion, reçoit de la sous-préfecture 42 volumes de livres scolaires; il s'agit de livres à prêter aux élèves indigents et qui renseignent sur les matières enseignées:
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catéchisme historique (5)
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arithmétique (5)
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alphabet (15)
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instruction morale et religieuse (5)
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minéralogie populaire (4)
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les soirées du dimanche (4)
Les effectifs de chaque classe étant en général très élevé (50 élèves ou plus !!!) et les niveaux et les âges divers, l'apprentissage ne peut guère être intensif…
A l'école de garçons de Bellenaves en septembre 1850, la classe de 30 élèves est partagée par matières en 5 divisions. Les matières enseignées sont:
- l'instruction religieuse: tous
- la lecture: tous
- l'arithmétique: tous
- l'écriture: tous
- la grammaire: seulement la 1ère et la 2ème divisions soit 6 et 11 enfants
- le dessin linéaire: seulement la 1ère division soit 6 élèves (les plus âgés?)
L'instituteur précise qu'en octobre 1850 27 élèves savent lire couramment et écrivent sur le papier, ce qui signifie que 3, sans doute les plus jeunes se situent au début des acquisitions fondamentales, lecture, écriture, arithmétique.
On commence par la lecture… Le tarif scolaire jusqu'à moins de 9 ans est moins élevé que après 9 ans.
On estime donc que la lecture revient moins cher à enseigner…. Vient ensuite l'écriture, puis le calcul.
L'histoire, les sciences naturelles, le chant, la gymnastique, le dessin, ne sont que matières facultatives et à Bellenaves sont absentes de l'enseignement (sauf le dessin).
C'est ainsi qu'à Magnet les sœurs de la Providence dirigent l'école communale : elles accueillent les garçons et les filles mais séparément : les garçons viennent le matin, les filles le soir… C'est l'évêque qui les désigne et elles dépendent hiérarchiquement de lui.
Les écoles privées existent également et dispensent parfois les municipalités d'entretenir une école publique, comme c'est le cas à Saint Remy en Rollat pour l'école de filles dirigée par Aline Clet dit Condelle, en 1866 et 1872.
La loi Falloux du 15 mars 1850 augmente la dépendance de l'enseignement à l'église. Le curé conjointement avec le maire surveille l'enseignement, la discipline et l'instituteur. Le recteur est dominé par l'évêque, la lettre d'obédience signée de l'évêque suffit aux congréganistes pour enseigner, ils n'ont pas besoin de posséder un titre (l'obtention du brevet).
- L'école privilégie les garçons
L'instruction scolaire des femmes est négligée, car souvent jugée inutile…
Dans beaucoup de familles les garçons sont privilégiés par rapport aux filles: ainsi lors du décès de Charles Desgouttes en 1900 les 4 enfants, 2 filles et 2 fils, sont réunis devant le notaire. Les 2 fils signent l'accord, les 2 filles déclarent « ne savoir écrire ni signer ». Les 2 fils ont être scolarisés, pas les filles.…
Jusqu'en 1830 les écoles publiques de filles n'existent pas encore. Des pensionnats ou des institutrices congréganistes reçoivent des filles et leur enseignent les notions élémentaires. Il s'agit des filles de milieu aisé, ou des orphelines placées dans des institutions religieuses..
Une ordonnance de 1836 précise que la loi de 1833 doit être appliquée aux écoles de filles.
En 1851 les municipalités bourbonnaises disposant d'une école de filles en plus de l'école de garçons sont rares, et même des communes importantes comme Brout-Vernet avec 1760 habitants etc... n'en ont pas. A Bellenaves commune qui dépasse les 2000 habitants une institutrice n'apparaît sur le recensement qu'à partir de 1846, il s'agit de Marie Justine Dupoyer 37 ans célibataire- sans plus de renseignements...
Bayet ne dispose d'une classe de filles qu'à partir de 1856, grâce à la nomination de 2 religieuses qui resteront jusqu'en 1886…
A Neuilly le Real deux institutrices religieuses, Soeur Marie es Anges et Soeur Euphrasine sont institutrices et elles reçoivent en plus 3 pensionnaires, des filles de 7 à 15 ans.
Les maires sont incités par le ministère à améliorer ou construire deux écoles en respectant un certain nombre de règles de sécurité, salubrité etc...mais les conseils municipaux ne disposent pas facilement de ressources leur permettant la construction d'une école...
La période de transition
Elle commence avec les lois de Victor Duruy , ministre de l'instruction publique de 1863 à 1869.
Le nombre d'écoles augmente significativement. Les projets de travaux sont surveillés par le ministère représenté par le préfet et les sous-préfets...
L'enseignement pour les filles est encouragé. Les filles, certes sont accueillies dans les écoles de garçons mais le développement des écoles spéciales de filles facilite leur scolarité. Ainsi à Espinasse Vozelle en 1876 12 filles passent de l'école de garçons à la nouvelle école de filles, dirigée par l'épouse de l'instituteur, celle-ci a alors 28 élèves dans sa classe. En 1879 la classe de garçons reçoit 45 élèves, celle des filles 30...
En 1872 le ministère de l'Instruction publique dresse à partir d'enquêtes auprès des inspecteurs et des instituteurs l'état de l'enseignement primaire. Sans doute dans ce sens plusieurs communes dans l'Allier lors du recensement de 1872 décident de consigner sur le registre de recensement dans la colonne «observations », en plus des mentions habituelles comme indigent, aveugle, idiot, enfant trouvé, le niveau scolaire, en distinguant : sait lire, sait lire et écrire, sait lire, écrire et compter.
Dommage que toutes n'aient par fait cette enquête… Sur 40 communes de la zone d'étude seules 2 se sont intéressées à la question : Rongères avec 587 habitants et Billy avec 1013 habitants, puis en 1876 Escurolles. Il ne peut donc pas être question d'établir des généralisations sur la région.
A Rongères, en ne prenant en compte que les familles recensées comme « cultivateurs » on constate :
ont quelques connaissances:
- 3 filles et 11 garçons de 8 à 12 ans
- 4 filles et 11 garçons de 13 à 19 ans
- 10 adultes de 24 à 45 ans (dont une seule femme)
- 1 adulte de 61 ans
1/4 sait lire, 1/2 sait lire et écrire, 1/4 sait lire, écrire et compter
On peut supposer que ceux qui ne savent que lire ont fréquenté l'école 2 ou 3 ans, les 3 compétences n'étant pas enseignées simultanément à cette époque mais l'une après l'autre.
Gilbert Randoing cultivateur au Gausse et sachant lire et écrire, n'envoie pas sa fille de 10 ans et son fils de 12 ans à l'école. Mais il faut préciser qu'il n'est que le gendre du chef de famille...
Chez la famille Rouby à Barnier, Denis 74 ans et son frère 59 ans n'ont aucune connaissance scolaire mais Etienne 38 ans et sa femme 34 ans ainsi que les 5 enfants âgés de 16 à 8 ans savent lire, écrire et compter.
Le seul qui sait lire et écrire peut être le domestique comme c'est le cas dans la communauté familiale Perrot-Mousset aux Trouvat : Jean Laforet, domestique de 19 ans et Antoinette Chanet de 20 ans sont les seuls du groupe à savoir lire et écrire….
Les filles sont défavorisées : quand elles ont été scolarisées rarement elles sont allées jusqu'aux 3 compétences : ainsi dans la famille David aux Ormes Jacques 14 ans sait lire, écrire compter alors que sa sœur Marie, de 17 ans, sait seulement lire.
L'inégalité peut exister également entre frères :
ainsi chez Jean Foucaut au Pont des fonds Benoit 15 ans sait lire, Blaise 10 ans sait lire et écrire, et chez Jean Letait Auguste 14 ans et Jean 11 ans savent lire et écrire mais pas François de 10 ans.
Très peu ont acquis les 3 compétences :
-
Jean Pommier 11 ans, dont les parents et les grands parents sont illettrés.
-
Jean David 14 ans des Ormes (son père ne sait que lire) et son cousin Jacques, 14 ans également
-
Les 5 enfants Rouby et leurs parents ou oncle et tante à Barnier dont il a déjà été question
-
Claude Martin domestique de 13 ans chez Louis Cussinet à Meage
Donc en tenant compte des âges on remarque une évolution favorable dans la scolarisation des cultivateurs, même s'il reste encore beaucoup à faire...
A Billy la distinction n'a été faite qu'entre lire et écrire ou lire.
La commune dispose d'un bourg important, habité en majorité par des artisans et autres professions en dehors de cultivateurs.
Sur l'ensemble de la population ont été dénombrées parmi les cultivateurs : 19 familles de journaliers, 69 de colons, 12 de fermiers, 13 de cultivateurs propriétaires. Les 137 familles non dédiées à la culture sont donc absentes de l'étude portant sur les connaissances scolaires.
Dans au moins la moitié des familles une personne ou plus sait lire et écrire. Chez les fermiers la situation est plus favorable :
- Chez Jean Perrin fermier à Saint-Esprit sa femme, et ses 3 enfants âgés de 16, 13 et 10 ans savent lire et écrire- mais pas le chef de famille.
- Gibert Deverne, fermier au bourg, veuf, a 3 enfants, tous scolarisés : Martial 18 ans, autre Martial 11 et Marie 13 ans
- Chez Martial Lafleur, fermier à la Paroisse la fille de 12 ans et le fils de 14 ans savent lire et écrire mais pas les 2 aînés Marie de 18 ans et André de 25 ans.
- Joseph Grand fermier à la Paroisse emploie 4 domestiques dont 3 savent lire (âgés de 13 à 17 ans), en plus de son fils de 9 ans – mais pas le fils aîné Louis âgé de 29 ans.
- Le seul fermier chef sachant lire et écrire est Gaspard Compagnon âgé de 43 ans. Son fils âgé de 14 ans a été scolarisé, sa fille Marie n'a encore que 4 ans...
Le plus âgé sachant lire et écrire est Martial Sarrasin âgé de 71 ans, vivant chez sa fille et son gendre. Il est suivi par un chef colon et un chef propriétaire cultivateur de 56 et 58 ans.
7 hommes et 5 femmes adultes entre 21 et 43 ans parmi les colons, les fermiers et les propriétaires cultivateurs savent lire et écrire.
Par contre pour les jeunes la proportion entre garçons et filles est très différente :
- chez les journaliers sur 14 enfants 5 filles soit 1/3
- chez les colons sur 51: 11 filles soit 1/5
- chez les fermiers sur 19 : 5 filles soit 1/4
- chez les propriétaires sur 13 : 3 filles soit 1/4
- chez les domestiques sur 8 : 2 filles soit 1/4
Sauf des propriétaires cultivateurs, qui travaillent sur leurs terres, les autres cultivateurs sont amenés à changer de domicile, en fonction du bail, surtout les colons. On ne peut donc pas tirer de conclusion sur les connaissances scolaires des habitants de Billy par rapport à l'école de Billy : les jeunes de plus de 12 ans peuvent avoir été scolarisés dans une autre commune.
Par contre les 33 garçons et les 6 filles de moins de 12 ans fréquentent l'école de Billy en 1872. Sont exclus de l'école 14 filles âgées de 8 à 13 ans et 7 garçons de 7 à 14 ans issus en majorité de familles de colons demeurant au bourg, à Chalus, à Armandière, à Chassagne, à Roc, à Dayalot, au Grand Poenat, à Tremblay, à Mamonière…
En 1872 à Billy vivent des enfants de 6 ans et moins, pour eux la question de la scolarité n'a pas encore été décidée...
L'exemple de la commune de Billy en 1872 montre qu'à cette date le monde des cultivateurs prend conscience de l'importance de la scolarité…
La municipalité d'Escurolles, commune de 1150 habitants, profite du recensement de 1876 pour établir le relevé du niveau de connaissances de la population. Elle utilise le même code que lors des conseils de révision : 0 pour aucune connaissance, 1 pour savoir lire, 2 pour savoir écrire.
Les chiffres éloquents montrent très clairement les progrès accomplis dans les écoles.
En ne prenant en compte que les familles de cultivateurs propriétaires, on remarque une grande différence en fonction de l'âge des individus, plus que selon la catégorie sociale: journaliers, métayers, fermiers ...
les personnes de plus de 47 ans (nées avant 1829)
- 29 hommes savent lire et écrire et 94 sont notés 0
- 8 femmes savent lire et écrire et 74 non mais en plus 13 savent lire:vraisemblablement leur scolarité a été écourtée.
les personnes âgées entre 22 et 46 ans
- 71 hommes savent lire et écrire, 56 sont notés 0, 1 sait seulement lire
- 33 femmes savent lire et écrire et 75 sont notées 0 mais 21 savent lire.
les personnes de 14 à 21 ans
Le pourcentage de ceux qui sont notés 1-2 est beaucoup plus élevé:
- 50 garçons sur 56
- 34 filles sur 41
les personnes de 6 à 13 ans
Il s'agit d'enfants en âge scolaire. Cependant une incertitude plane sur ce groupe : certains enfants de 6 et 7 ans sont notés 1 ce qui parait bien précoce, d'autres au contraire 0 mais cela peut signifier qu'ils ne fréquentent pas l'école, ou pas encore, ou même qu'ils n'ont pas encore acquis les connaissances mais sont scolarisés.
Sur les 116 enfants de 6 à 13 ans:
- 43 garçons et 43 filles savent lire et écrire
- seulement 7 garçons et 14 filles ne savent pas.
Non seulement le taux d'analphabétisme a baissé notablement, mais de plus les filles ont presque atteint le niveau des garçons...
Il faut remarquer cependant que l'intérêt ne porte que sur l'acquisition de la lecture et l'écriture. Les matières facultatives sont peu enseignées. Ainsi à Espinasse Vozelle l'instituteur en 1870 dans sa classe mixte n'a enseigné l'arithmétique appliquée qu'à 12 garçons et 6 filles, et l'histoire et la géographie à 5 garçons et 2 filles, l'agriculture et l'horticulture à 26 garçons mais pas aux filles, et 12 filles ont été exercées aux travaux d'aiguilles. L'effectif total étant de 44 garçons et 18 filles de 7 à 13 ans...
L'école primaire gratuite, obligatoire, laique pour tous (lois de Jules Ferry 1881 à 1886)
- L'école est gratuite
L'école primaire est gratuite - ce qui n'est pas le cas des lycées, réservés à la population aisée (avec cependant des bourses pour les plus pauvres…)
- L'école est obligatoire
Du fait de la gratuité elle peut être également obligatoire, pour filles et garçons de 6 à 13 ans, étant entendu que ceux qui réussissent au certificat d'études primaires (CEP) à partir de l'âge de 11 ans sont alors libérés de leurs obligations scolaires. Le CEP créé en 1882 se passe vers 11 ou 12 ans.
Cependant certains enfants vivant éloignés du bourg peuvent encore échapper à l'obligation scolaire…
- L'école reçoit les filles et les garçons
Les communes disposent de 2 classes, une pour les filles, une pour les garçons. Les effectifs peuvent conduire à employer un instituteur adjoint et une institutrice adjointe, dans les communes plus importantes, comme à Brout-Vernet et à Escurolles dès 1881, à Saint-Remy dès 1886...
- L'école est laique
Il n'est plus question de religion à l'école publique- la loi du 22 mars 1882 prône la neutralité scolaire et la liberté de conscience, l'interdiction de tout office religieux ou toute occupation commerciale. Mais il existe des écoles privées, religieuses ou non, comme à Escurolles en 1901 : Philomène Brousse âgée de 40 ans y est recensée comme chef de la communauté, elle dirige l'école libre avec le concours de Marie Bellot âgée de 26 ans.
Le personnel enseignant des écoles publiques est laique : les institutrices religieuses cèdent donc leur place progressivement à des institutrices laiques, comme à Bayet: en 1886 Marie Perre, religieuse, qui est institutrice dans la commune depuis 1851, exerce encore avec une autre religieuse, à côté de Claude Hebrard, instituteur public. Mais en 1891 Hortense Marchal célibataire âgée de 24 ans est recensée comme institutrice publique...
- Les matières enseignées se sont développées.
Les maisons d'école sont améliorées soit par une rénovation soit par une construction nouvelle.
Les effectifs par classe baissent, par le dédoublement de la classe: à Espinasse Vozelle en 1870 la classe mixte comptait 65 élèves...
Les maîtres sont mieux formés, en particulier ceux qui sortent de l'école normale.
Les matières enseignées sont variées et avec elles le matériel pédagogique:
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L’instruction morale et civique ;
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La lecture et l’écriture ;
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La langue et les éléments de la littérature française ;
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calcul et système métrique
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La géographie, particulièrement celle de la France
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L’histoire, particulièrement celle de la France jusqu’à nos jours
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Quelques leçons usuelles de droit et d’économie politique
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Les éléments des sciences naturelles physiques et mathématiques, leurs applications à l’agriculture, à l’hygiène, aux arts industriels, travaux manuels et usage des outils des principaux métiers
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Les éléments du dessin, du modelage et de la musique
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La gymnastique
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Pour les garçons, les exercices militaires
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Pour les filles, les travaux à l’aiguille.
- globe terrestre, mappemonde, cartes murales
- tableau mural sur le corps humain et antialcoolisme
- mesures en étain, en bois, en fer blanc,
- poids en fonte, en cuivre, décimètre cube en fer blanc,
- casier mobile de 100 centimètres cubes,
- casier de 10 centimètres cubes,
- cube creux d'un centimètre de coté,
- chaîne d'arpenteur,
- tableau des poids et mesure,
- tableaux de géométrie montés sur toile,
- seau,
- arrosoir
- fusils scolaires
L'obtention du certificat d'études pour ceux qui réussissent les épreuves, prouve qu'ils ont acquis le niveau souhaité. Le succès est source de fierté dans les familles concernées. Il met fin aux études, et signifie l'entrée dans la vie active pour la majorité, ou au contraire permet la poursuite d'études ...
L'enseignement religieux crée également un diplôme qui lui est propre pour rivaliser avec le Certificat d'études.
l'enseignement après la scolarité primaire
Enseignement primaire supérieur
.....
demande de bourses
En 1876 trois pères sollicitent une bourse de l'Etat pour leurs fils qui se propose de concourir pour être admis à l'école des Arts et Métiers. Ils prient le conseil municipal d'appuyer la demande.
- Jean Laurent, fermier à Escurolles sollicite une demi-bourse: il a une nombreuse famille et ne possède que peu de fortune
- Joseph Agaud, marchand, souhaite une bourse entière: il a une nombreuse famille et est sans fortune
- Justin Guyot, cafetier, n'a d'autres ressources que le produit de son état de cafetier.
Le fils de Jean Laurent est bien rentré à l'école des Arts et Métiers, en 1877 il est en 2éme année. Mais le père a éprouvé des pertes considérables occasionnées par la grêle qui a détruit la plus grande partie de ses récoltes. Il sollicite du ministre de l'Agriculture une remise sur le 2ème semestre de la pension de son fils.
En 1881 c'est madame Louleblanc institutrice à Escurolles qui sollicite une bourse en faveur de son fils à l'école nationale des Arts et Métiers.
Cours complémentaires
En 1881 le bulletin de l'instruction public donne des instructions concernant l'organisation de cours complémentaires et d'écoles primaires supérieures de 2 ans.
La commune d'Escurolles ne peut faire aucun sacrifice pour la création de ces cours. Ces cours existent déjà depuis près de 2 ans, et toutes les matières du programme sauf la chimie y sont enseignées. La commune n'est pas en mesure de remplir toutes les conditions de l'article 4 du décret du 15 janvier 1881.
Cours du soir
Ils dépendent des possibilités de l'instituteur...
En 1866 le maire d'Escurolles rappelle au conseil municipal que le ministre de l'instruction publique engage les conseils municipaux à voter des fonds pour encourager les classes d'adultes. Il pense lui aussi que
il est important pour les familles que les jeunes gens qui ont fréquenté les écoles jusqu'à l'âge de 12 ou 13 ans complètent autant que possible leur instruction d'une manière fructueuse. Qu'il est certain qu'un assez grand nombre de jeunes gens cessant de travailler à leur instruction oublient ce qu'ils ont appris.
Le conseil vote donc une somme de 100 francs pour le cours d'adultes, cette somme sera inscrite aux chapitres additionnels de l'exercice de 1866:
- 40 francs pour le chauffage et l'éclairage
- 60 francs pour l'indemnité accordée à l'instituteur.
Mais en fait le cours d'adultes doit être gratuit et doit durer 4 mois. Pour se conformer à la circulaire du ministre le conseil suivant vote une somme de 50 francs de plus:
- 100 francs comme indemnité à l'instituteur
- 50 francs pour le chauffage et l'éclairage de la classe
A Billy l'instituteur monsieur Chareyre assure un cours d'adultes gratuit suivi par 50 élèves. En novembre 1866 le conseil municipal vote une indemnité de 150 francs pour les 4 mois d'activité.
En 1871 à Espinasse Vozelle, l'instituteur monsieur Poty, fatigué, n'en a pas organisé. Il faut dire qu'il exerce de plus la fonction de secrétaire de mairie et de receveur buraliste. Il meurt en 1872 et son remplaçant, un jeune instituteur sorti en 1870 de l'école normale, ouvre un cours du soir le 15 novembre 1873 5 jours par semaine de 7h du soir à 8h 3/4. 42 élèves sont présents en novembre et 48 en décembre.
Bibliothèque scolaire
Ce n'est qu'après le développement de l'école que la lecture est encouragée par le Ministère de l'instruction publique: une bibliothèque de prêt est constituée dans les écoles primaires, l'instituteur gère l'emprunt des livres par les habitants de la commune. Les autorités souhaite développer l'éducation, la formation politique (en faveur de la république), le patriotisme en même temps que les distractions saines et morales, comme la collection "Nouvelle bibliothèque d'éducation et de récréation "de Hachette (1852)
La circulaire du ministre de l'instruction publique Rouland du 31 mai 1860 souhaite doter les populations laborieuses d'un fonds d'ouvrages intéressants et utiles et pour cela organiser des bibliothèques communales. L'idée est encouragée par Duruy : selon l'arrêté du 1er juin 1862, une bibliothèque est à établir dans chaque école primaire.
Le conseil municipal de Saint-Remy en Rollat, considérant qu'une bibliothèque à l'école serait dans l'intérêt de tous autorise le maire à faire l'acquisition d'une bibliothèque-armoire et de la payer avec les fonds votés aux chapitres additionnels au budget de 1862.
Ainsi, en 1871 l'école d'Espinasse-Vozelle possède une bibliothèque scolaire de 90 livres donnés par le Ministre, mais sur l'année seuls 12 prêts ont été relevés...
En prenant l'exemple de Chezelle à partir de 1882 : la population peut lire une soixantaine de livres grâce à la bibliothèque scolaire:
des romans "paysans"
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Erkmann-Chatrian
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George Sand
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etc...
des romans et récits d'aventure:
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Jules Verne
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Walter Scott
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J.L.Dutreuil de Rhins:"le royaume d'Annam et les Annamites, journal de voyage" (Plon 1879)
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Mayne Reid: "les robinsons de terre ferme " (1852)
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Les récits de Christophe Colomb
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Mes ascensions (s'agit-il de "Récit de quarante voyages aériens" de Gaston Tissandier?????)
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Livinstone (médecin missionnaire protestant écossais, mort en Zambie en 1873)
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"Voyage au Bresil"
de la poésie
- les Orientales de Victor Hugo
des récits historiques:
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François 1er et Charles-Quint
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Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer (1852) de Charles Mullié,
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La jeunesse des hommes célèbres d'Eugène Mullié (1867)
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Histoire de la Prusse
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Le siège de Bitche (A J Dalsème)
des ouvrages scientifiques
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Utilité des oiseaux
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histoire naturelle des animaux
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l'astronomie
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géologie
ouvrages sur la littérature
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Histoire de la littérature française de Nicolas Geruzez
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Morceaux choisis
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Classiques français
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Prosateurs français
Formation militaire
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"Pour la France"
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"Les chants du soldat"
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"Entre deux campagnes" (???)
Qui sont les lecteurs emprunteurs?
En 1882 sur une population de 476 habitants seulement 15 personnes empruntent un ou plusieurs livres, à commencer par l'instituteur Louis Moreau, et sa femme, également institutrice. Les lecteurs sont jeunes, sortis de l'école depuis peu. Ils appartiennent à des familles de cultivateurs et une famille de charron. 5 demeurent au bourg, les autres dans les villages autour. Chezelle n'est pas une commune très étendue. Un lecteur vient de Mont, qui fait partie de Taxat-Senat...
L'emprunt de livres ne prend de l'ampleur qu'à partir de 1885, avec 72 emprunts, et 1886 avec 97 emprunts. En effet plusieurs élèves quittent alors l'école et deviennent des lecteurs.
Comme la collection contient 60 livres, cela signifie que plusieurs personnes d'une même famille ou la même personne lit un même livre plusieurs fois!!!!
Le travail des enfants
L'enfance dure peu pour les enfants des cultivateurs.
En général l'avenir professionnel des enfants de cultivateurs est fixé d'avance: la même activité que les parents.
Quand ils restent auprès de leurs parents ils accomplissent rapidement des tâches en fonction de leur âge et de leurs capacités, comme s'occuper de la basse-cour, garder les bêtes....Si les conditions le permettent ils effectuent chez leurs parents, le travail qu'accomplit un domestique suivant son âge.
En 1838 Louis Tachard à 7 ans mène pacager 4 boeufs dans un bois appartenant à Jacques Challeton, et il est surpris par le garde champêtre qui a dressé procès verbal. Bien sûr c'est le père de Louis, Pierre Tachard, propriétaire à Brugheat qui doit répondre de la faute de son fils. Mais 7 ans, c'est bien jeune pour accomplir cette tâche....
S'ils ne peuvent pas rester en famille ils sont placés comme domestiques auprès de voisins ou même parfois dans un domaine assez éloigné de la famille. Si la famille est très pauvre l'enfant peut être placé très jeune, à partir de 10 ans, ou même avant.
Les domestiques sont embauchés traditionnellement le 24 juin, à la Saint-Jean. Le contrat est verbal, et habituellement pour une durée d'un an. Dans certaines communes une "loue" aux domestiques est établie par arrêté municipal- le 24 juin - au chef-lieu de la commune.
Le salaire, «les gages», dépend des capacités, de l'âge, de la force physique et de l'expérience du garçon, ou de la fille. Le garçon passe par plusieurs «niveaux» de compétence et en général change de maître lorsqu'il peut atteindre un niveau supérieur.
Le garçon peut être bouvier, berger, etc, la fille bergère.
A 18 ans le garçon est considéré comme adulte en ce qui concerne les tâches qu'il a à accomplir.
Par exemple Gilbert Chemel fils de Martin cultivateur métayer à Brout-Vernet a été loué à 13 ans à Etienne Vigier, cultivateur à Barberier en 1891. Vigier emploie 3 domestiques : Joseph Massenet 20 ans, Julien Bœuf 16 ans et Gilbert Chemel 13 ans, ce qui correspond aux 3 étapes de domestiques de ferme.
En 1896 Etienne Vigier emploie encore Gilbert, âgé de 18 ans, ainsi que François Bonnet 15 ans et Marie Louise Bonnet 13 ans. Gilbert est donc monté dans la hiérarchie des domestiques. Le fils de la maison âgé de 16 ans participe également aux travaux alors qu'en 1891 il était «écolier».
Tant que les champs ne sont pas clôturés ils sont gardés dans les prairies en général par des enfants bergers (éventuellement par la femme du cultivateur). Ils n'ont pas tâche facile: disputes avec d'autres jeunes, distractions, animaux peu dociles....
Le 16/08/1853 Louise Meunier 10 ans et Gilberte Beraud 9 ans gardent ensemble chacune un cochon, mais pendant qu'elles étaient occupées à autre chose les 2 cochons sont entrés dans un champ appartenant à Antoine Mesple, où se trouvaient des meules de blé. Elles sont condamnées chacune à une amende à 1,50 franc.
Pour les bergères, il peut être tentant de garder leurs bêtes à plusieurs.
C'est ce que font 9 jeunes filles le 30 /10/38 à Brugheat. Malheureusement pour elles le garde-champêtre de la commune surprend le troupeau de moutons dans un champ ensemencé en seigle. Il reconnaît parmi les 9 filles Jeanne Marie Geneste fille de Pierre Geneste et Marie Verille fille de Nicolas Verille, tous deux propriétaires cultivateurs au lieu des Bancheraux à Brugheat.
Le garde champêtre établit un procès-verbal le jour même.
Les 2 pères sont donc convoqués au tribunal par citation d'huissier et déclarent que leurs filles, de peur d'être grondées, n'ont rien dit. Ils n'entendent pas contester le procès verbal, mais ils précisent qu'ils ont chacun 5 brebis qui se trouvaient dans le troupeau du village. Ils concluent donc à ce que l'amende et les frais soient répartis entre tous les propriétaires du troupeau trouvé en contravention.
Pierre Geneste et Nicolas Verille sont condamnés à l'amende de 6 francs chacun au profit de la commune de Brugheat, aux dépens 9,15 francs et aux frais de jugement. Ils peuvent se pourvoir contre les propriétaires dont les troupeaux ont été trouvés avec les leurs....
Comme le jeune domestique est mineur, s'il est appelé à témoigner il n'a pas à prêter serment. Ainsi Jean Renoux domestique à Bellenaves âgé de 15 ans en 1897 raconte, sans avoir à prêter serment, que pendant 2 ans il a été bouvier chez monsieur Tabutin et il n'a jamais eu à passer les récoltes sur le passage mitoyen, cause du conflit entre monsieur Tabutin et monsieur Peronnet....
Le père comme tuteur naturel et légal de son fils est partie prenante dans le contrat d'embauche. Par la suite c'est lui qui poursuit le maître s'il estime que les intérêts de son fils ont été mis à mal.
Les documents trouvés à ce sujet datent de 1897 et concernent 2 cas.
- Charles Mounin âgé de 19 ans a été loué par son père, cultivateur à Charroux à Antoine Coulon métayer à Saint-Germain de Salles le 24/06/1897, pour 400 francs de gage pour l'année. Mais le 30 aout Charles Mounin quitte son poste.
Les versions divergent quant au motif de la mésentente. Le père Mounin dit que Antoine Coulon a proposé à son fils une réduction de gages parce qu'il n'avait plus besoin de lui, les travaux de la moisson étant terminés, alors que Antoine Coulon dit ne pas avoir renvoyé Charles, il lui aurait seulement baissé ses gages parce qu'il ne correspondait pas à ce qu'on attend d'un domestique « fort » à 400 francs. De plus il ne savait pas labourer et ne pouvait pas le suivre dans son travail
Antoine Coulon est condamné à payer à Charles 72 francs pour gages courus jusqu'au 30 aout et comme dédommagement pour perte de salaire une somme de 8,80 francs correspondant à 8 jours.
- En 1897, le 22 octobre, Etienne Vigier a congédié son domestique Gilbert Chemel (déjà cité) après ses grands travaux, et d'après le père sans motif plausible. C'est pourquoi il réclame réparation pour son fils.
Paul Binon, juge de paix du canton de Chantelle fait donc une enquête. Il en ressort que Etienne Vigier n'a pas renvoyé Gilbert parce qu'il n'avait plus besoin de lui, au contraire. Mais le travail du domestique n'a plus été le même à partir du moment où il a été obligé de se séparer d'une jeune domestique, il savait que Gilbert songeait à le quitter. Les témoins confirment que le jeune Chemel pensait quitter la maison de Vigier.
Après l'audition des témoins Chemel a prétendu que les témoins n'étaient pas fiables, car tous liés à Vigier, mais ces remarques ayant été faites après l'audition ne peuvent pas être prises en compte. Vigier est donc condamné à verser 148 francs de gage, mais pas d'indemnités.
En 1901, âgé de 23 ans Gilbert Chemel travaille chez son père toujours métayer, alors que le fils aîné Jean Baptiste âgé de 25 ans travaille comme journalier chez divers cultivateurs....
La formation professionnelle du jeune cultivateur se fait donc par la pratique.
La formation théorique est réservée à très peu de jeunes, elle est très peu développée: il s'agit de la ferme-école qui reçoit un nombre très limité d'élèves, qui paient leurs études, qui sont internes car éloignés de leur domicile, et qui évidemment doivent avoir été scolarisés auparavant.
Quant aux études plus poussées dans l'école régionale agricole elle est réservée aux familles encore plus aisées...
Pour qu'un fils de cultivateur prenne une autre voie professionnelle, il faut qu'il effectue un apprentissage auprès d'un maître, par exemple un menuisier, un sabotier ou un charron. L'apprentissage dure entre un an et deux ans, et est payant, ce qui bien sûr est un grand frein. Si le jeune n'a pas pu fréquenter l'école il ne risque pas de faire un apprentissage....
Auguste Vaisson fils d'une journalière veuve, entre chez Jean Baptiste Talabard maître menuisier à Billy en 1878 pour 2 ans.
il lui fera cet enseignement progressivement et complètement de manière à lui donner les moyens de devenir un bon ouvrier; il se conduira envers lui en bon père de famille, surveillera sa conduite et ses moeurs et avertira sa mère des fautes graves qu'il pourrait commettre; il ne l'emploiera qu'aux travaux se rattachant au métier de menuisier et dans la limite de ses forces, le tout conformément aux usages.
L'apprenti sera nourri à la table du maitre, même les jours de fête, mais la mère sera chargée du logement et de l'entretien, et devra payer au maître menuisier 165 francs, soit 100 francs le 03/01/1879 et le reste le 03/07/1879.(Maître Grand 18/07/1878)
En 1824 Pierre Grandjean tonnelier à Billy s'accorde devant notaire avec Antoine Guiton menuisier à Charroux, pour l'apprentissage de son fils Gilbert âgé de 19 ans. La formation doit durer 18 mois;L'apprenti sera logé, nourri, chauffé, éclairé. Il s'engage de son côté à obéir à son maître
dans tout ce qu'il lui commandera de licite concernant le métier, d'éviter de lui causer ou occasionner aucun dommage et de bien employer son temps sans pouvoir s'absenter ni aller travailler ailleurs.
Le brevet d'apprentissage est convenu moyennant la somme de 100 francs, soit 50 francs le jour de Noel 1825 et le reste le 01/01/1826.(Maître Morand 18/07/1824)
Pierre Vincent, garçon majeur, décide en 1828 d'apprendre le métier de charron, il entre en apprentissage pour un an auprès de Antoine Seramy charron à Saint-Gérand de Vaux, moyennant la somme de 55 francs payée d'avance. Ni l'apprenti ni le maître ne peuvent signer. Comme Pierre Vincent est majeur, son père n'est pas cité sur le brevet. (Maître Droiteau 13/07/1828)
Les orphelins et leur tutelle
Les enfants posthumes
Certains enfants sont orphelins de père dès la naissance...
Quintien Bardot, cultivateur aux Baux (Saint-Didier) en association avec son frère Pierre, meurt le 17/09/1843. Sa femme Françoise Peronnet accouche le 15/01/1844 d'un fils posthume Antoine, chez Pierre son beau-frère. Mais elle meurt 5 jours après la naissance. L'orphelin reste auprès de son oncle, mais meurt le 15/09/1844, à 8 mois....
Blaise Neury cultivateur à Saint-Pourçain meurt le 01/11/1863, à son domicile. Sa femme Elisabeth James est sur le point d'accoucher. Leur fille Marguerite naît le 21/12/1863 mais ne vit que 15 jours.
C'est pourquoi certaines veuves enceintes cherchent à protéger les intérêts de l'enfant à naître dans le cas de leur propre décès au moment de l'accouchement, en faisant nommer un « curateur au ventre » conformément à l'article 393 du code Napoléon.A la naissance la mère deviendra tutrice et le curateur en sera de plein droit le subrogé tuteur.
Cependant les exemples sont rares, ce sont des familles de propriétaires...
- Anne Courtinat, veuve de Gervais Giron, maréchal-ferrant à Saint-Pourçain et décédé le 17/07/1855...
- Marie Breluru demeurant à Vendat, veuve de Jean Defougère (décédé le 05/02/1850) et mère d'un fils âgé de 15 mois est enceinte. Elle réunit en 1850 un conseil de famille pour faire nommer un subrogé-tuteur à son fils Gilbert né le 18/11/1848 et dont elle est la tutrice légale, et un curateur à celui dont elle est enceinte. Le curateur au ventre sera le subrogé-tuteur de l'enfant quand il sera né. Jean Defougère naît en effet le 22/08/1850, soit 6 mois après le décès de son père. Une seule personne est désignée pour les 2 enfants, vivant, et à naître, il s'agit de Gilbert Defougère, oncle des enfants.
le rôle du juge de paix
C'est le juge de paix du canton qui veille à l'intérêt de l'orphelin. Il préside le conseil de famille formé de 6 membres, 3 issus de chaque branche, chaque membre ayant une voix au vote, ce qui fait 7 avec celle du juge. Ce sont grand-père, oncle, oncle par alliance, frère majeur, beau-frère, cousin ou même en cas de besoin, ami du père ou de la mère, car les participants doivent demeurer à proximité.
Habituellement les femmes sont absentes du conseil de famille, sauf la mère veuve. Parfois la grand-mère participe. Ainsi le conseil de famille que Nicolas Sarrassat réclame pour faire nommer le subrogé-tuteur de sa fille Louise Sarrassat est composé
pour la branche paternelle (tous cultivateurs à Charroux) de
- Pierre Sarrassat grand-père
- Jeanne Masseret son épouse, grand'mère
- Gilbert Sarrassat, oncle
pour la branche maternelle de
- Pierre Coulon, oncle, cultivateur à Charroux
- Antoine Favier, grand oncle, tailleur d'habits
- Jean Rougier grand oncle par alliance, boucher à Charroux
Curieusement le père ne fait pas partie du conseil, mais la tutelle lui est garantie.
Le juge de paix est appelé à intervenir ou il agit de lui-même.
Ainsi après le décès le 19/05/1829, de Michel Deverne, tisserand, veuf et père de 4 enfants mineurs, à Varennes les Bottines, François Despoux, le juge de paix du canton de Varennes, apprend «par la voie publique» le décès du père, après l'enterrement. Il se rend sur les lieux le 25/05/1829 à 6 heures du matin avec le greffier Jean Baptiste Roussel.
Ils trouvent la porte fermée à clef et la maison inhabitée. Un voisin indique que c'est André Devernes, maçon demeurant également aux Bottines, le frère de Michel, qui est en possession de la clé.
André arrive donc rapidement et explique la situation, les 4 enfants ont été répartis dans la famille et la maison est fermée, la famille attendant qu'un conseil de famille nomme tuteur et subrogé-tuteur pour les orphelins.
Le groupe entre dans la maison et décide de faire un état descriptif du mobilier, jugé modique. André Desvernes est chargé de garder la maison et le mobilier, et le procès verbal est établi à 9 heures du matin.
Le juge de paix n'en a pas terminé pour autant. Un conseil de famille est réuni à la requête d'André Devernes devant le juge de paix le jour même, et les tuteurs et subrogés tuteurs sont choisis pour les enfants issus des 2 mariages de Michel Deverne.
Le rôle du conseil de famille
Sa première mission est d'établir les valeurs mobilières de la succession, par un inventaire.
Le peu d'importance d'une succession dispense de faire procéder à un inventaire « régulier ». Ainsi au décès de Rose Beguin en 1885 le veuf, tuteur des 4 enfants mineurs, et le subrogé-tuteur se contentent de déclarer :
- récoltes engrangées, bénéfices et instruments aratoires 4500 francs
- mobiliers meubles meublants linges ustensiles ayant composé le ménage 500 francs
- Le total de la communauté et succession s'élève à 5000 francs
Le conseil désigne par vote le tuteur et le subrogé-tuteur.
Pour les enfants qui perdent un des parents le père survivant est d'office le tuteur, la mère survivante doit demander au conseil de famille à être tutrice.
Le subrogé-tuteur est désigné, issu de la branche du parent décédé.
Si la mère veuve nommée tutrice se remarie, elle perd la tutelle ou si elle la retrouve son mari devient le co-tuteur et participe avec elle aux décisions à prendre.
Cependant si elle meurt à son tour le veuf n'a plus de lien légal avec l'enfant. C'est le cas de Pierre Bardot, en 1837, au décès de sa femme Françoise Vincent, mais il reste en contact avec la fille de celle-ci et la suit comme « ami », il est en particulier témoin à son mariage...
Mais son mauvais état de santé ne lui permet pas de continuer la tutelle; le conseil de famille est réuni de nouveau le 24/04/1842 et c'est Rose Boisset, remariée à François Ray qui est nommée tutrice de ses 3 enfants et son mari co-tuteur. Le 28/08/1842 Pierre Pinot rend à la tutrice et au co-tuteur les comptes de tutelle depuis 1840.
Pour les enfants qui deviennent orphelins de père et mère le conseil de famille désigne tuteur et subrogé tuteur, issus de chaque branche.
Ainsi à la mort de Thomas Brun en 1836 à Biozat, Jean Richard, propriétaire cultivateur à Biozat, a été nommé tuteur de Antoine Brun, né en 1834. La mère veuve, Marie Richard, a gardé auprès d'elle ses enfants et s'est remariée avec Jean Denotte. Elle a des enfants de son deuxième mariage, 2 filles nées en 1840 et en 1845.
Mais en 1847 il est question que le tuteur prenne Antoine chez lui (la raison de ce changement n'est pas connu...) Il veut savoir quelle somme lui serait allouée pour l'entretien, d'où un vote du conseil de famille.
Le tuteur d'Anne Rigaudiat précise ce qui motive sa proposition:
Ce mariage paraissant convenir à sa nièce et lui présentant tous les avantages qu'elle peut espérer....
Après délibération le conseil déclare à l'unanimité qu'il autorise le mariage et qu'il désigne Cesar Martin pour assister Anne Rigaudiat devant le notaire et devant l'officier d'état civil.
Le mariage est célébré le 27/06/1848 à Saint-Pont.
En 1847 Jean Pimfort, propriétaire vigneron à Saint Pont expose devant le juge de paix que son neveu orphelin Michel Vouanier âgé de vingt à vingt un ans se trouvant seul désire se marier avec Jeanne Degoutte dont les parents sont propriétaires à Espinasse Vozelle.
considérant que la position du dit Michel Vouanier demande qu'il se marie, que le mariage proposé est souhaitable
Michel Mesple, oncle du mineur (de la branche maternelle) est désigné pour l' assister.
Le mariage a bien lieu, à Espinasse-Vozellele 23/11/1847....
Les motivations des 2 mariages différent quelque peu!!!! pour Anne Rigaudiat le projet présente tous les avantages, pour Michel Vouanier ce qui compte c'est qu'il ne soit plus seul!....
A la mort d'un des parents le survivant doit faire exécuter un inventaire à cause de la communauté qui a existé entre lui et son conjoint, comme donataire en usufruit comme survivant et comme tuteur des enfants mineurs.
L'intérêt des enfants mineurs est représenté par le subrogé-tuteur, qui appartient à la branche familiale de la personne décédée.
L'inventaire est effectué avec plus ou moins de soin, en fonction de l'importance des biens laissés. Dans le as d'une succession réduite, le survivant peut en être dispensé...
Le survivant promet de représenter tous les objets, sans en prendre ou détourner aucun des biens dépendant de la communauté. Les objets sont prisés par le notaire, par un greffier de la justice de paix, ou à l'amiable entre le tuteur et le subrogé-tuteur.
Certaines mère veuves, peu au courant des lois négligent toute démarche, tout inventaire et même omettent de réunir un conseil de famille....
Quand Jean Sarrazin, cultivateur vigneron à Dayalau de Billy perd sa femme en 1848 à la naissance de leur fille Anne, il ne fait pas non plus les démarches nécessaires et habituelles, pourtant il n'est pas ignorant, il sait lire et écrire et même possède des livres. Il ne se remarie pas et élève sa fille avec la domestique et garde tous les vêtements et objets de sa femme. Est-il abattu par le chagrin?????
Pour l'inventaire du 21/11/1853, suite au décès d'Anne Moutet, épouse décédée de André Pilet, locataire à Crechy, c'est le greffier Michel Chapelle qui fait l'évaluation, il promet de faire cette prisée« à juste valeur et sans crue et en ayant égard au cours du temps actuel »
L'inventaire a été fait en 3 heures. Il s'élève à 1081 francs.
Le tuteur a prêté serment ensuite devant le notaire de n'avoir rien pris ni détourné. Tous les biens sont laissés en sa garde et possession.
Antoine Dubessay laboureur métayer au domaine de la Petite Forêt à Vilaine a été nommé tuteur de sa fille. Catherine âgée de 7 ans, à la mort de sa femme Marie Charcot le 21/06/1824.
Il fait dresser un état estimatif de l'actif et du passif de la communauté générale par un expert qui a déclaré la valeur à 1000 francs.
La portion appartenant à la fille mineure est de 200 francs. En tant qu'administrateur et tuteur Antoine Dubessay s'en charge jusqu'à la majorité de sa fille. Il garde en nature les meubles et effets qui appartenaient en propre à la défunte estimés à 60 francs, pour les employer à l'usage et l'entretien de sa fille.
Dans le cas de familles de cultivateurs journaliers la succession se limite au mobilier, en général très succint, une évaluation en famille est possible si les 2 branches familiales n'entrent pas en conflit.
Ainsi au décès de Marie Chene en 1848, son beau-frère Pierre Vincent, cultivateur à Marcenat, fait en famille l'estimation du mobilier composant la succession paternelle et maternelle des 2 filles mineures, avant de réunir le conseil de famille devant le juge de paix d'Escurolles. Le mobilier est évalué à 267,75 francs. Pierre Vincent conserve en plus en nature pour l'usage des 2 mineures:
- 12 draps
- 18 chemises
- le lit en plume pesant 18,5 kg
- une couverture en laine
- 2 arches en sapin contenant les linges et hardes à l'usage des mineures
le rôle du tuteur
Pendant la minorité de l'orphelin il gère ses biens et veille à son entretien, sous la surveillance du subrogé-tuteur.
Au moment de l'inventaire, le tuteur et le subrogé-tuteur, parfois, ne pensent qu'à l'évaluation des biens revenant aux héritiers, et vendent les objets meubles et afferment les biens immobiliers pour obtenir des revenus. D'autres pensent à l'avenir des orphelins et ont le souci de leur conserver des objets:
- A la mort de son frère veuf Jean en 1851, Martial Sarasin conserve un lit en plume et des draps pour sa nièce et pupille Anne. Il lui remet au moment de son mariage le lit en plume, mais pas les draps, qui ont été utilisés entretemps pour son entretien....
- Les hardes, linges, lit, meubles et autres petits objets qui appartenaient à Jean Giard et ses soeurs au décès de leurs parents en 1818 ont été inventoriés le 8 et 9 décembre 1818. Le tuteur a été autorisé à les garder en nature pour l'utilité des mineurs. A leur majorité (ou émancipation) les 3 enfants se partagent les objets...
C'est le tuteur qui pendant tout le temps de la minorité du pupille, perçoit les loyers, fermages, ou autres revenus et réclame les successions.
C'est ce que fait en 1847 François Matillon, propriétaire cultivateur à Saint Bonnet de Rochefort. Veuf et tuteur de sa fille il réclame le partage de la communauté qui a existé entre les parents de sa femme décédée. Pour obtenir l'autorisation il doit réunir un conseil de famille présidé par le juge de paix.
le rôle du subrogé-tuteur
Le tuteur gère les biens et le subrogé-tuteur contrôle et vérifie. Comme ils sont choisis obligatoirement représentant chacune des 2 branches familiales ils ne défendent pas toujours les intérêts de l'orphelin du même point de vue et les conflits ou desaccords sont réglés devant le juge de paix....
En 1847 Fiacre Rosier propriétaire à Espinasse-Vozelle comparait devant le juge de paix d'Escurolles en qualité de subrogé tuteur de sa nièce Jeanne Rosier avec Louis Olivier, propriétaire à Escurolles, le beau-père et co-tuteur. Le père de Jeanne est décédé et sa mère s'est remariée à Louis Olivier, propriétaire à Escurolles.
Fiacre Rosier expose que la mère de sa pupille a touché plusieurs sommes pendant son veuvage provenant de la succession du père de Jeanne, et que depuis son mariage avec Louis Olivier ils ont fait le partage de la succession de la grand-mère paternelle de Jeanne, et qu'ils n'ont pas fait constater ce qu'ils ont touché appartenant à l'enfant.
Pour conserver les droits de sa pupille Fiacre Rosier il fait donner un avertissement à Louis Olivier comme co-tuteur à comparaitre pour constater les sommes qu'ils ont reçues pour le compte de Jeanne. Les cohéritiers de Jeanne sont présents et ont une parfaite connaissance des sommes et objets qui ont été remis à Louis Olivier comme ayant partagé avec eux.
Attendu que les effets mobiliers n'existent plus au moins en grande partie il en est fait une estimation, et il en résulte que la mère et le beau-père de Jeanne ont reçu pour le compte de Jeanne la somme de 230, 40 francs qu' ils promettent et s'obligent de lui tenir compte lors de la rédaction des comptes de tutelle...
En 1847 François Matillon, propriétaire cultivateur à Saint-Bonnet de Rochefort, veuf et tuteur de sa fille Gilberte veut obtenir pour sa fille le partage de la communauté qui existait entre Charles Paradis et défunte Marguerite Vallée, les grands-parents maternels, et la succession de Marie Paradis, sa mère. Le code civil a prévu cette situation: le tuteur doit obtenir l'autorisation du conseil de famille.
François Matillon fait donc venir devant le juge de paix de Gannat:
- 3 membres de la branche Matillon: le grand-père et 2 oncles
- 3 membres de la branche Paradis: le grand père et 2 oncles
François Matillon n'a pas assisté au conseil de famille présidé par le juge de paix mais, comme on peut s'y attendre, les représentants de la branche Matillon se sont prononcés favorables au partage, et ceux de la branche Paradis ont refusé l'autorisation au tuteur!!
le sort de l'orphelin
Les questions financières sont réglées par le conseil de famille, mais également la situation pratique de l'enfant, et en particulier, la désignation de la personne à qui il sera confié, et dans quelles conditions.
S'il est en bas âge l'enfant est confié soit au tuteur soit à une autre personne de l'entourage, une pension est alors versée pour l'entretien de l'orphelin, qui provient de ses revenus. Dans les familles de métayers ou de petits fermiers qui possèdent peu ou pas de terres les revenus sont très faibles...
Les conditions matérielles de l'enfant dépendent donc des ressources dont il dispose.... Ainsi il peut être question de scolarité en plus du logement de la nourriture et de l'entretien, dans des familles de cultivateurs propriétaires:
- Les grands parents paternels de Marguerite Corre qui sans être tuteur la prennent en charge avec indemnités doivent l'envoyer à l'école. Même si Joseph Corre le père décédé a laissé des dettes et si les comptes ne sont pas réglés avec les créanciers, il parait important aux membres du conseil de famille (qui savent presque tous signer) que Marguerite fréquente l'école, pourtant en 1846 la scolarité d'une fille n'allait pas de soi....
- Egalement en 1846 Jean Richard prend Antoine Brun, son pupille, chez lui et s'engage pour un revenu de 200 francs de le nourrir loger chauffer soigner entretenir et continuer son instruction primaire.
Les personnes les plus fréquemment chargées de l'enfant sont le tuteur, père, oncle ou une autre personne du cadre familial:
- En 1847 Jean Richard prend Antoine Brun, son pupille et neveu, chez lui et obtient du conseil de famille l'autorisation de dépenser la totalité des revenus soit 200 francs pour l'entretenir.
- A la mort de son frère veuf Jean en 1851, Martial Sarasin devient tuteur de sa nièce et la prend chez lui. Il conserve pour elle un lit en plume et des draps qui sont utilisés pour son entretien....
- Lorsque la mère veuve de Marguerite Corre se remarie en 1847, l'enfant reste chez ses grands parents paternels qui recevront les revenus de leur petite fille comme indemnités pour la nourrir et l'entretenir. Le grand-père tenant compte de son âge et de ses infirmités a refusé d'être le tuteur, il est remplacé par Vincent Brancher, propriétaire à Brugheat et cousin de l'enfant.
- Au décès de Françoise Vincent en 1837 elle laisse 2 enfants de son premier mariage. Pierre Bardot, métayer à Saint-Remy, son deuxième mari qui était le co-tuteur, perd sa qualité de tuteur. Les 2 enfants sont âgés de 10 et 4 ans. Pierre Bardot accepte de garder Pierre Dubessay chez lui, sans rétribution. Anne, elle, est prise en charge par son grand'oncle, Pierre Vincent. Jusqu'aux 10 ans révolus le tuteur Guillaume Griffet remettra pour son entretien à Pierre Vincent les revenus de la fillette.
A la mort de leur mère veuve Jean Momont 16 ans et Anne Momont 12 ans sont encore mineurs. Le conseil de famille se réunit le 29/04/1850 pour régler leurs affaires. Joseph Mazuel oncle des orphelins est désigné tuteur, Benoit Momont le subrogé tuteur. Les meubles de la succession vont être vendus sauf ce que reçoivent les 2 enfants:
Jean: un lit en plume et 4 draps et les outils de son père (père et fils sont charrons)
Anne: le lit de ses père et mère, rideaux, couverture et 6 draps
Anne ira faire sa demeure chez Jaquet Momont son cousin cultivateur à Lyonne (Cognat). Le tuteur paiera 12 doubles décalitres de froment pour la nourriture d'Anne. Le dit Jaquet enverra la dite Anne Momont à l'école à Biozat à la charge par le tuteur de payer les mois d'école et de pourvoir à l'entretien de sa pupille.
Jacquet Momont aurait dit à Anne qu'il ne pouvait pas la garder et celle-ci, sans en avertir son tuteur s'est retirée chez son oncle subrogé-tuteur, tisserand à Cusset.
Il résulte de l'inventaire qui a été fait que Jean et Anne ont chacun 60 francs de revenu, que la succession est grévée de 30F de dettes.
Si aucun membre de la famille n'est en mesure de veiller sur l'orphelin il est confié à un orphelinat.
auraient besoin de quelque chose pour aider à leur entretien le tuteur est et demeure autorisé à leur donner chacune les sommes qu'il jugera nécessaires à leur entretien soit sur leurs revenus soit sur le prix de la vente du mobilier.
Les comptes de tutelle
Tant que les enfants sont mineurs le tuteur gère leurs biens, mais à leur majorité il doit leur présenter les comptes de tutelle devant le notaire qui les contrôle. L'orphelin majeur accepte- ou refuse alors les comptes.
S'il s'agit d'une orpheline et que celle-ci est mariée, c'est son mari qui défend ses intérêts....
En 1869 devant maître Grand notaire à Billy Martial Sarrazin rend à sa nièce et pupille Anne les comptes de tutelle.
Au moment du décès de Jean, père d'Anne en 1852 Martial avait vendu les biens et payé les dettes. Il restait 178, 49 francs.
Les recettes s'élèvent donc à 959,79 francs:
- 178,49 francs qui ont rapporté en 17 ans d'intérêts 151,30 francs
- le revenu de 2 parcelles de vigne situées à Seuillet 630 francs
avec 797,87 francs de dépenses:
- 50 francs par an de nourriture et entretien pendant 9ans (de 3 à 12 ans), jusqu'à ce que Anne soit placée comme domestique
- impôts pour la petite propriété 17,85 francs
- frais de mariage 127 francs
- fournitures 69 francs
- draps et chemises achetés pour Anne 140 francs
Il reste donc 161,94 francs ainsi que le lit de plume qu'il a remis à Anne. Martial, devenu aveugle entretemps remet les comptes à Jean Bonjean, le mari d'Anne, qui se réserve de les examiner dans le délai prévu par la loi. -Jean Bonjean sait lire et écrire-. Au bout de 2 semaines il approuve les comptes devant Maître Grand, notaire à Billy et reconnait avoir reçu la somme de 161,94 francs ainsi que le lit en plume.
Jean Lafaure, propriétaire cultivateur à Cognat rend le 07/01/1851 les comptes de tutelle à sa fille Procule, devant maître Jouanique. Procule a atteint sa majorité le 13 /11/1849, et elle est sur le point de se marier. (Le contrat sera établi le 17/01/1851). Elle est domestique à Gannat.
La succession d'Anne Laurençon la mère de Procule s'élevait 732,75 francs (moitié de l'actif de la communauté et valeur du trousseau) en 1838. Selon le contrat de mariage, Jean Lafaure a l'usufruit et la jouissance de la moitié des biens de son épouse. La valeur revenant aux filles est de 366,37 francs, soit 183,18 francs à chacune.
La situation est nette et sans conflit:
Procule reconnait et déclare que Jean Lafaure lui a tenu compte depuis qu'elle a atteint sa dix-huitième année de tous les revenus qu'il a perçu pour elle lui donnant à cet égard pleine et entière décharge.
C'est ainsi que Gilbert Deverne père cultivateur petit propriétaire et tuteur de ses 3 enfants vend en 1879 à André Vigne un champ situé à Billy de 66 ares, avec l'accord de sa fille Gilberte (autorisée par son mari) et son fils ainé Martial. Le bien provient de la succession de Catherine Sarrazin, la mère décédée des enfants.
Le fils cadet, autre Martial atteint sa majorité en 1881 ce qui lui permet de régler définitivement la succession de sa mère, décédée en 1871. Il approuve et ratifie la vente effectuée en 1879. Gilbert lui remet 420 francs, la même somme reçue par les 2 ainés.
Puis le père et les 3 enfants partagent l'ensemble des biens, car le père s'est remarié et les enfants veulent leur indépendance.
L'émancipation du mineur
L'orphelin mineur ne peut pas jouir de ses biens, il dépend de son tuteur qui gère ses biens. Il doit atteindre sa majorité pour devenir autonome. Cependant il peut atteindre son autonomie par émancipation.
Un conseil de famille présidé par le juge de paix du canton peuvent décider d'émanciper l'orphelin ayant atteint ses 18 ans. Souvent c'est un membre de la famille, le tuteur, qui juge la personne mineure assez raisonnable pour pouvoir gérer ses biens, avec l'aide d'un curateur.
- Le 09/02/1832 Antoine Saulnier, vigneron a Besson réunit un conseil de famille devant le juge de paix de Saint-Pourçain au sujet de sa soeur utérine, Louise Meusenier, âgée de 18 ans révolus, s'étant toujours bien comportée depuis qu'elle a l'age de raison. Devant le juge de paix le conseil de famille délibère mûrement et déclare à l'unanimité qu'ils sont d'avis qu'elle soit émancipée. Elle est en conséquence autorisée à gérer et administrer ses biens meubles et immeubles sans pouvoir toutefois aliéner ou hypothéquer aucune portion des immeubles. C'est son cousin germain Gilbert Meusenier, laboureur à Louchy-Monfand qui est nommé curateur, et qui accepte sa fonction.
- André André, un des 3 fils de André André et Anne Debousset décédés, a été émancipé le 13/09/1840, âgé de 18 ans révolus. Le 20/11/1840 il demande donc devant notaire et assisté de Joseph Deboucet son oncle et curateur, à son oncle Gilbert André, son tuteur, son compte de tutelle. Le tuteur rend son compte « sincère et véritable »...
- Jean Giard, domestique à Crechy, fils de Jean Giard et Claudine Saulnier, tous deux décédés, a atteint sa dix-huitième année. Antoine Giard, son tuteur est décédé. Son oncle, Antoine Saulnier, subrogé-tuteur reconnaît qu'il a les qualités nécessaires pour jouir et administrer ses biens. Le conseil e famille présidé par le juge de paix, monsieur Marnier, l'émancipe donc le 19/09/1824 et nomme son cousin germain Claude Giard son curateur. Jean Giard, émancipé, peut donc devant Maître Morand recevoir de la part de la veuve de son tuteur les comptes de tutelle et la somme qui lui revient.
Mais un mineur émancipé n'est pas jugé complètement autonome. Ainsi Marien Priaud cultivateur à Voussac, émancipé par son père et le conseil de famille le 15 janvier 1845 demande 2 jours après la nomination d'un curateur, indispensable, notamment pour qu'il puisse recevoir le compte de tutelle que lui doit son père. Les membres nommés sont:
- Louis Priaud, frère germain
- Pierre Priaud son grand-père
- Jean Guillaumin époux de sa soeur Marie
- Louis Chanier, oncle
- Etienne Chaumont oncle par alliance
- Marien Chaumont oncle par alliance
C'est Etienne Chaumont qui est élu avec 6 voix, car il n'a pas voté pour lui-même.
Le père n'a pas fait partie du conseil de famille...
le mariage de l'orphelin
Le mariage n'est possible qu'avec l'autorisation des parents. Pour les orphelins l'autorisation n'est accordée que par le conseil de famille qui se réunit en présence du juge de paix.
Lorsqu'en 1851 Joseph Peronnet, domestique à Boucé, mineur et orphelin, se présente devant le notaire Marconnot pour le contrat de mariage avec Gilberte Ray, il n'est assisté que de son parrain et tuteur Joseph Dravert, propriétaire cultivateur à la Jurrousse. Le notaire en rédigeant le contrat met en garde:
sans avoir demandé au conseil de famille de son pupille l'autorisation spéciale de consentir au mariage (....) conformément à l'article 160 du code civil, dont l'inobservance peut entacher de nullité les stipulations ci après faites, ainsi que le notaire soussigné l'a expliqué aux parties.
Il est précisé sur le contrat que le mariage doit être célébré le même jour. Pourquoi cette précipitation? le mariage est-il urgent? le tuteur veut -il économiser les frais et les dérangements du conseil de famille?
En tout cas le mariage a bien lieu le 4 novembre 1851, à 9heures du matin, devant le maire adjoint, le contrat de mariage ayant été rédigé au domicile des parents de la future juste avant!...Le parrain-tuteur-oncle et un autre oncle de Joseph sont témoins pour Joseph. Le maire adjoint ne remarque pas l'absence de l'autorisation du conseil de famille....
Et le premier enfant du couple, une fille, Jeanne Marie, nait à Boucé le 17 aout 1852, soit juste 9 mois après le mariage....